"C'est ça mon histoire."
Mes yeux toujours baissés. Je ne peux pas te regarder. Perdue dans mes pensées la main qui relève ma tête me fait sursauter, je n'avais pas remarqué que tu t'étais approché.
Je lève la tête et découvre ton regard. Tu es adoucis. Du moins tu en as l'air. Tu me fais un long bisou sur le front, je ferme les yeux et profite de cet instant de douceur avec la boule au ventre que se soit un au revoir.
"Je vais commander des pizzas"
Tu dis ça comme si de rien n'était. Tu es bizarre parfois, tu le sais ? Je reste là, surprise pendant que tu te rend sur Uber Eat. Quelques minutes interminables passent avant que tu me demande:
"Tu lui dois la vérité tu ne crois pas ?" J'hoche la tête, je sais qu'il a raison...
"Merci beaucoup pour ton honnêteté, vraiment. Je n'ose pas imaginer ce que c'est que de perdre un enfant."
Je met peut être 5 minutes avant d'oser prononcer le moindre mot.
"Je suis détruite. Perdue. Je fuis ma vie ici.. Tu me fais revivre.."
Je regrette instantanément ces mots, tu n'es pas un exutoire.. Je t'aime Charles. Je t'aime. Mais je n'oserais jamais te le dire. Ce moment est bien trop particulier, notre relation est bien trop particulière.
"Je te fais revivre ahah" tu dis ça d'un ton ironique et méchant. Je sent l'amertume en toi, comment t'en vouloir.
J'ai peur de toi, peur de ce que tu peux me dire, en deux mots me terrasser violement tu sais faire. Tu as deux visages je l'ai vu lors de la soirée de Pistache. Comment savoir, comment prévoir ce que tu vas me faire vivre.
"Tu m'as salement menti, j'y crois pas."
"Oui mais maintenant tu sais tout, tout de moi"
"Comment savoir si il n'y a pas encore des cadavres dans ton passé ?"
Waw, touché en plein cœur, comment tu oses parler ainsi de mon passé ? Je suis furieuse, vexée et prête à rugir. Mais je dois admettre une chose que tu ne tarde pas à me jeter à la figure:
"Vas y. Défends-toi. Pars. Tu vas aller où ?" Ton regard est d'un méchant... J'ai affaire au Charles noir et cruel, d'accord. Je garde mon sang froid. Tu as raison, où tu veux que j'aille ?
J'ai envie de me cacher, de pleurer toutes les larmes de mon corps mais ton regard pèse lourd sur mes épaules je n'ose pas bouger.
Tu vas dans ta chambre et j'entend un bruit que je n'avais jamais entendu depuis que je suis ici, le bruit d'une clé. Tu t'es enfermé dans ta chambre ? On est tombé bien bas... De retour seule dans ce salon je me laisse emporté par le sommeil en espérant secrètement qu'il m'engloutisse à vie. J'ai passé la nuit à me torturer, entre les cauchemars feignants le réalisme de ma vie et la réalité traumatisante quand l'insomnie me prenait.
Tu t'es levé de bonne heure. J'ai fait semblant de dormir pour t'observer préparer ton café. Tu le bois devant ton ordinateur en lisant les nouvelles. D'un coup ces gestes quotidien me semblent plus ancrés dans la réalité, tu lis les nouvelles, l'ouverture sur le monde. Je ne peux pas fuir ma vie, je suis actrice de celle ci. J'ai confronté les deux vies que je me suis créés et j'ai éclaté la bulle qu'il y avait entre nous. Tu vas m'en vouloir éternellement.
"Comment je peux me racheter ?"
"Tu n'es pas un objet qu'on achète Grace. Merde tu ne t'appelles même pas Grace."
"C'est mon deuxième prénom." Tu te retourne avec fureur en disant "Qu'est-ce que ça peux me foutre. Je vais sortir, ne me suis pas."
Comme si j'allais te suivre. Tu sais que ce n'est pas mon genre mais c'est pour le côté dramatique de la phrase. Tu es un artiste. Qu'est ce que je raconte, tu me repousse depuis des heures avec violence et moi je ne fais qu'état de mon amour pour toi. J'ai l'impression d'être Lizzie face à un Darcy méprisant mes facultés intellectuelles.
Lorsque tu es rentré j'étais justement en train de lire Jane Austen. J'ose ces mots: "Tu ne t'ai jamais comparé à Monsieur Darcy ?" après tout qu'ai-je à perdre ? Me mué au silence ne sers à rien qu'à repousser l'échéance.
"Et toi tu m'y compare bien sûr." Tu range ton manteau et ton écharpe à gros carreaux puis tu t'assoie à côté de moi. Tu prend mon livre et le referme.
"Mais tu n'es pas Elizabeth. Elle, elle est honnête et droite, c'est d'ailleurs cela qui plaît à Darcy." Il faut croire que tu adores me piquer de tes phrases sanglantes. Il n'y a que toi pour connaître toutes ces références littéraires avec précision.
Tu prend une de mes mains, tu la regarde longuement à la manière d'un homme s'apprêtant à baiser une main. Tu l'as caresse de ton pousse avant d'y déposer un doux baiser.
Pourquoi tu ne me met pas dehors ? Tu me déteste. Tu m'en veux. Je le vois bien.
"Ta peau est trop douce pour que je te laisse mourir au froid." Tu ne me garde que pour mon physique, t'offrir de la chaleur charnelle. Ce n'est que pour ça avoue ? Tu vas abuser de moi ?
"Charles, je... Je suis vraiment désolé..." Je dis ça avec beaucoup d'humilité je baisse les yeux et mon égo ainsi que tout mon être se courbe pour te laisser passer.
Tu ne m'as pas encore foutue dehors et ça c'est franchement un exploit dont je suis reconnaissante.
"Tu sais ma belle je vais t'apprendre deux choses. La première c'est qu'on ne s'excuse pas toute seule, on le demande plutôt. Et la deuxième c'est que tu aurais dû penser à tous ces mensonges avant de faire naître en moi une passion dévorante pour toi."
Puis avec douceur, tu te lève et vas dans la salle de bain. Tu as dit ces mots avec calme, sérénité. Là ou j'aurais pensé te l'entendre dire sur un autre ton. Je suis bouleversé. D'abord tu me reprend sur ma manière de m'excuser c'est un peu humiliant mais je ne suis plus à ça près. Puis tu m'avoue cette "passion dévorante". Que dois-je en penser ?
Je suis faible, fébrile, vulnérable, à ta totale merci, je ferais n'importe quoi pour ta tendresse. Est-ce sain ? Je m'en fiche. Il faut que j'aille réfléchir. c'est a mon tour de sortir. Arpenter les rues me parait soudainement plus grave, plus dangereux. J'ai peur sans toi. Tu ne me protègera plus... C'est ce qu'il m'attendais je ne peux pas, j'ai peur je suis terrorisé je me retourne, fais marche arrière et je cours vers chez toi mais je percute une ossature au parfum connu. C'est toi. Tu me suivais ? Qu'importe. Je te sers dans mes bras, on ne peux pas dire que c'est vraiment réciproque mais tu ne me rejette pas.
"J'ai peur j'ai peur j'ai peur sans toi."
"Sans moi ? On a jamais été ensemble."
Je hurle "Arrête ! Arrête ! je préfère que tu me mette dehors plutôt que d'entendre les pires horreurs !"
Tu chuchote "Pourquoi tu ne t'en vas pas de toi même ?"
Mes larmes s'intensifie je murmure "j'ai besoin de toi."
Là tu me sers dans tes bras, fort , en me caressant les cheveux et m'embrassant le crane. Tu me susurre des mots doux pour me calmer. Tu attendais que je craque ? Cette tendresse soudaine et inattendue me réchauffe en un instant. je veux rester là. Pour toujours.
Quand on rentre on discute. Vraiment. Avec bienveillance tu accueilles mes histoires passées et tu me confie les tiennes. La nuit épaisse engloutit nos conversations, riches en émotion.
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Subitement, tu es là
RomanceJe suis troublée, névrosée, seule, morte plusieurs fois, hypersensible, peureuse. Tu vas apprendre à me connaître parce qu'il est tard. Parce que j'ai froid et que je suis seule, dehors. Tu ne sais encore rien de moi. J'ai d'ailleurs changé d'identi...