Chapitre 20

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— Que la fête commennnnnnnnnnce ! hurla Adélaïde.

Elle se tenait sur l'estrade, brandissant un gobelet en plastique devant la petite assemblée qui lui faisait face. Des cris d'appréciation envahirent la salle, bientôt fondus dans la musique.

— Mais personne ne fait ça... déclara Travis, ahuri devant tant de démonstration.

— Ben il faut croire qu'Adé si, plaisanta Célia.

Elle riait, les yeux rivés sur sa meilleure amie. Adélaïde se déhanchait grossièrement et tentait d'inviter les gens à en faire de même.

— Oh seigneur, je me suis encore perdu... marmonna Travis.

Célia rit de plus belle. Elle lui tapota l'épaule et haussa la voix, couverte par les bruits alentour.

— C'est gentil d'être venu. Je sais que les fêtes, ce n'est pas trop ton truc...

— Ça va... Et puis c'est son anniversaire. Je ne pouvais pas rater ça...

— Tu ne t'appelles pas Travichou pour rien !

— Alors ça tombe bien parce que je ne m'appelle pas Travichou.

Célia lui répondit d'une grimace enfantine. Avant qu'elle ne puisse le taquiner davantage, elle entendit son prénom hurlé. Perdue parmi ses invités, Adélaïde la hélait. Pendant un instant, Célia dansa d'un pied sur l'autre, cherchant à l'apercevoir parmi la foule.

— Je vais voir quelques copines, prévint-elle, la main posée sur le bras de Travis. Ne reste pas tout seul, d'accord ?

Travis hocha la tête. Son sourire se voulait rassurant. Il observa Célia s'éloigner, échanger quelques bonjours à mesure qu'elle bravait le flot de personnes. Il se demandait bien avec qui il était censé passer son temps étant donné qu'il ne connaissait aucun des invités.

Il y avait bien les deux garçons de sa classe, mais il aurait préféré tremper sa tête dans la cuvette des toilettes et tirer la chasse d'eau plutôt que de supporter une énième blague vaseuse sur les paires de seins. Sans s'en rendre compte, il les fixait pourtant si bien que l'un d'eux s'aperçut de sa présence et ils se dirigèrent vers lui.

Une salve de cris enjoués retentit en même temps que les premières notes d'une musique pop. De gigantesques enceintes acoustiques posées au sol assuraient un volume sonore maximum, donnant envie à Travis de battre en retraite.

— Eh, v'là notre intello ! s'exclama l'élève.

Travis ne put s'empêcher de songer que lui figurait probablement à l'autre extrémité du classement. Plutôt que s'agacer, il se contenta de répondre vaguement tout en cherchant Steeve des yeux.

— Il a sorti la petite chemise et tout.

— Oui, oui.

Il venait de repérer l'objet de ses pensées. Se soucier de Steeve était une erreur, mais ne pas pouvoir le côtoyer relevait déjà de la torture. Le besoin de l'apercevoir l'emportait sur le reste. Installé dans une alcôve, Steeve riait et Pete, face à lui, l'imita aussitôt. Travis admira un moment le contraste de sa chemise blanche et de ses cheveux châtains. Il se sentit bête de trouver qu'un rien mettait ce garçon en valeur. Son sourire par exemple. Ce fidèle sourire retrouvé qui transperçait ses joues d'un plaisir non feint. Il aurait pu passer son temps à le regarder.
— Hein ? lui demanda son camarade de classe après lui avoir asséné un coup de coude.
— Pardon ?

Travis se détourna de sa mélancolie de vivre pour mieux plonger dans ce qu'il estimait être les abysses de la stupidité humaine.

— Y a des meufs giga bonnes. C'est la soirée pour partir en chasse là, répéta le garçon.
Son acolyte acquiesça, un gobelet à ses lèvres.

Le garçon dans le noir ( S&T) T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant