Chapitre 10 (suite)

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Un mouvement contre sa tempe le réveilla. Les paupières closes, Travis tapota sur sa droite à la recherche de son téléphone. Il ouvrit tout à fait les yeux quand son bras rencontra une masse chaude. Steeve s'étirait, papillonnant des yeux.

— Quelle heure ? marmonna-t-il.

— Dix heures quarante-et-un, chuchota Travis, le nez sur l'écran du téléphone,

Pete dormait toujours, de l'autre côté de Steeve, calé contre l'armoire.

— Quarante-et-un et combien de secondes ?

Travis fronça les sourcils.

— J'rigole... Il pleut déjà sérieusement comme ça là ?

Le visage tourné vers la fenêtre, il se redressa sur ses coudes. La pluie tombait dru et même si elle ne cognait pas contre les carreaux, les nuages dont elle débordait couvraient le ciel d'un épais dôme gris.

— P'tain. Merci bien le Pas-de-Calais ! gronda Steeve.

Il repoussa la couverture, espérant ainsi chasser les restes de son sommeil.

— J'aime bien la pluie, moi.

Il tourna lentement la tête vers Travis qui le dévisagea en retour.

— Je t'ai dit que t'étais un drôle de spécimen ou pas ? J'me rappelle plus !

Les yeux et la bouche emplis d'humour, Steeve se passa la main dans ses cheveux en bataille.

— Tu es pas mal aussi dans ton genre !

La gourmette de Steeve retomba sur son poignet quand il reprit appui sur sa main avant de se tourner vers lui.

— Et... C'est quoi mon genre ?

Il était parvenu à accrocher ces yeux verts qui le fuyaient tant. Travis le scrutait timidement, tâtonnait les mots qu'ils s'autorisaient à échanger en ce début d'amitié quand Steeve cherchait à forcer le barrage de ses pensées à peine naissantes.

Il se demandait bien quelles émotions se noyaient en lui. Autour de ses pupilles, le vert se confondait à une teinte couleur miel. Un tableau des plus singuliers qu'il aurait volontiers admiré plus longtemps.

Travis cherchait ses mots. Son hésitation s'évapora quand un coup retentit au rez-de-chaussée.

Steeve se tourna en direction de la porte de sa chambre, comme s'il s'attendait à ce qu'elle s'ouvre d'un instant à l'autre.

Il bascula en avant, le visage entre ses paumes pour en chasser la fatigue.

— Ma mère est rentrée... Réveille-toi, grosse larve, exhorta-t-il en bousculant son meilleur ami.

Pete gémit. Il se contenta de se tourner sur le côté. Alors Steeve se laissa glisser jusqu'au bout du matelas – son pantalon de jogging lui glissait un peu trop sur les hanches au goût de Travis – et ramassa le jean qui trainait par terre pour le jeter à la figure de Pete.

— Debout, faut qu'on se taille !

Planté devant son dressing, il amassait quelques affaires dans son sac de cours. Il y fourra une tenue complète.

— Putain, mais Pete réveille-toi où j'te bute ! maugréa Steeve en attrapant les bords de son jogging.

Le sac s'échoua, grand ouvert, au sol.

— Mec, vas-y tu prends la tête dès le matin, marmonna Pete qui tâtonnait à la recherche de ses lunettes, quelque part sur l'étagère surplombant la tête de lit.

Le garçon dans le noir ( S&T) T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant