Casse toi

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J'ai ma bande de potes, mes deux parents, ma frangine. Il fait beau, je finis les cours tôt et j'ai bien réussi mon devoir d'anglais. Tout se passait super bien dans ma journée alors pourquoi il faut que l'autre bouffon vienne me casser les pieds au moment où je monte dans le bus... Même sa démarche insupportable, je la reconnais à vingt mètre derrière moi.

-Injun-ah~!

Non, sérieusement, il y a pas u seul jour où il a la foi de me foutre la paix, celui-là.

-Je t'emmerde.

Je monte dans le bus et sans surprise, il me suit pour s'asseoir juste derrière, sûrement pour me coller des claques derrière la tête ou me tirer les cheveux sans que je voie rien venir. Des fois, j'avais vraiment l'impression qu'il cherchait à se faire taper dessus. C'est clairement ce qui va arriver s'il ne me lâche pas et tout le monde sait que j'en suis capable. Lui le premier.

-Casse toi, Hyuck. Me fais pas chier.

-J'ai rien fait de mal, Injun-ah, tu m'as juste manqué.

Il se met à me masser les épaules comme s'il se prenait pour je sais pas qui. A la base, j'aime les massages et il le sait cet enfoiré mais je dégage quand même ses mains.

-C'qui t'as manqué c'est de me provoquer et la prochaine fois que tu m'appelles Injun, t'as les dents dans la vitre.

-Pourtant ça te dérange pas quand Jaemin t'appelle comme ça.

Je soupire et me retourne pour voir sa tronche que j'ai en permanence envie d'enfoncer dans un mur.

-Jaemin c'est mon pote. Toi, j't'aime pas.

Il se rassied dans le fond de son siège et tourne la tête vers la fenêtre, je souris enfin en mettant mes écouteurs. S'il n'habitait pas à deux rues de chez moi, ce ne serait pas drôle, évidemment. Donc après avoir passé le trajet à me faire des pichenettes dans la nuque pour faire comme si de rien n'était dès que je me retournais, il descend au même arrêt que moi et, par chance, trace son chemin sans m'adresser la parole.

Presque heureux, je marche sur ce béton que je connais si bien et ne m'arrête que quand le seuil de ma maison apparaît. Toute la journée, je me suis demandé quand est-ce qu'il allait débarquer parce qu'en deux ans, en dehors des vacances, ça n'avait jamais manqué. Presque.

Mes parents sont encore au travail à cette heure-là alors j'en profite pour faire quelque chose que je ne suis pas censé avoir le droit de faire et prends un quelque chose à manger dans le frigo que j'emmène dans ma chambre.

Je m'affale sur mon lit et souris en regardant le plafond. C'est vrai que je me suis habitué à Donghyuck qui me casse les pieds, et il s'est habitué à mes menaces, parfois mes coups quand il va trop loin. Au point où je me sens bizarre quand il me laisse tranquille, comme si ma journée n'était pas complète. Parfois, il est absent et je me surprends à me demander où est-ce qu'il peut être, pourquoi il n'est pas sur mon dos. Et je m'ennuie presque pendant ces moments-là.

On se bat jamais vraiment. A part une seule fois, celle qui a fait qu'on en est arrivés là. C'est pas qu'on s'entendait bien avant, mais on se connaissait juste de vue. On a dû faire un exposé de bio ensemble au collège et ça a mal tourné, très mal. Il avait juste critiqué ma façon de raisonner, le débat était calme au début et quand le ton avait commencé à monter, je savais que je risquais de partir au quart de tour; puisque je me connais susceptible et plutôt sanguin. Et ça n'a pas manqué parce qu'à la seconde où il m'a insulté, je l'ai attrapé par les cheveux et lui ai éclaté le front sur la table basse.

On s'est battus jusqu'à essayer de s'entre tuer ce jour-là, sans euphémisme. Je frappais vite. Il frappait fort. On saignait tous les deux, on avait mal et on était fatigués mais à cause de notre fierté, aucun de nous deux n'a voulu capituler le premier. Sous la douleur, on avait fondu en larmes en même temps. Il m'a serré dans ses bras de toutes ses forces et j'ai fait la même chose, pour nous protéger d'autres coups puisque c'est en se rapprochant de son adversaire qu'on devient intouchable. Comme si on s'était mutuellement supplié une trêve. Et pendant de nombreuses minutes, on était là, au milieu du salon à pleurer dans les bras l'un de l'autre, recouverts de sang et d'ecchymoses. Tempe à tempe, cheveux empoignés. Je me souviens qu'il tremblait, je le tenais. Je me souviens que moi aussi, il m'empêchait de m'écrouler et c'est ce jour là que j'ai découvert la personne qui m'inspirait à la fois réconfort et haine.

Fuck off, sweetheart || renhyuckOù les histoires vivent. Découvrez maintenant