Fuck off, sweetheart || renhyuck

Dépêche toi

Je suis paumé, complètement perdu. Je ne sais même pas à quel stade j'en suis; si je suis malade ou en train de tomber malade. Peut-être que je l'ai toujours été sans le savoir. Ce qui craint le plus, c'est de tout regarder se produire mais de ne pas trouver quoi faire contre, même en cherchant. Je ne sais même pas si ce que je ressens  est considéré comme une maladie ou si c'est juste normal. Une torture mentale normale. Ca me plaît de me dire que ça ne l'est pas , juste pour me convaincre que ça ne dépend pas de moi, toutes les bêtises auxquelles j'imagine une suite bizarre, qui me reviennent beaucoup trop souvent aux mauvais moments.

Sans parler du fait qu'elles sont toujours tournées vers la même personne. Elle a commencé à débarquer dans mes rêves; c'est déjà le cas depuis un certain temps mais c'était ponctuel... et... différent. Aujourd'hui, je l'y vois pratiquement toutes les nuits mais pas dans le même contexte et la finalité... Je ne peux que me laisser le loisir de l'imaginer. Je me suis toujours forcé à me réveiller avant de la connaître. Par peur, par lâcheté ou par déni. Les trois sont liés de toute façon.

Au début, on se dispute, on lève le ton, on se lance des regards froids, on se menace. Ce n'est pas le plus agréable mais c'est malheureusement le plus anodin et donc, le moins difficile à supporter. L'élément déclencheur, c'est quand je détourne les yeux pour changer de sujet, pour fuir son regard défiant le mien. Il suffit d'une violente bousculade dans l'épaule et d'une insulte pour me faire exploser. Il déteste se faire ignorer; je lui envoie mes phalanges à la figure. Il réplique, on se bat comme des brutes, ça fait aussi mal que ce jour là. Mais l'ambiance était différente; c'était le soir, plutôt détendu, un film que j'entendais en fond pendant que l'on se cassait la gueule, et du fast food sur la table basse. Ca ressemblait à une sorte de soirée "pyjama" avant que ça ne dérape, le genre de truc que Jaemin adore faire. Tout comme au cours de ces soirées, il me dit tout ce qu'il trouve de merdique dans la vie, mais cette fois, c'est entre deux coups de poing, injures, ou menaces.

Tout ça jusqu'à ce qu'il me pousse en arrière, me laissant à peine le temps de l'écouter respirer erratiquement, puis me plaque contre le mur et m'empêche de fuir à nouveau son regard sévèrement ancré dans le mien. Une main fermement agrippée à mes cheveux, et l'autre sur ma poitrine. C'est quand je vois ses paupières enflées ciller une fois, et son regard brûlant de colère, je crois, s'abaisser vers mes lèvres en sang que je prends peur et me réveille essoufflé.

Autant dire que mon sommeil laisse à désirer ces dernières semaines.

J'entends sonner, et ma mère aller ouvrir la porte. Moi, je suis là, assis sur ma chaise de bureau, incapable de finir cet exercice de physiques pour jeudi avec le regard perdu sur le mur du bâtiment d'en face.

-Renjun, quelqu'un veut te voir! crie joyeusement ma mère.

Si c'était Jaemin, elle n'aurait même pas eu à me prévenir, il aurait juste débarqué dans ma chambre. Elle a l'air si joyeuse, elle connaît probablement la personne et est contente de la voir ici.

-Qui ça? je demande avec curiosité.

Il est surtout plus de vingt-et-une heures. Je me fiche totalement d'oublier la politesse.

-Viens lui dire bonjour au lieu de poser des questions!

Je soupire et traverse le couloir toujours sans savoir qui je vais voir à sa sortie mais quand j'y arrive enfin, je découvre la dernière personne que je pouvais imaginer.

-Jeno?

-Salut, Renjun. me salue-t-il en me donnant une accolade, main dans le creux de mon dos. Jaemin voulait qu'on aille au cinéma ce soir mais sa mère l'oblige à réviser pour son concours d'entrée à l'université alors il nous rejoindra là-bas plus tard. Tu viens avec moi?