Quelle heure est-il? Quel jour on est? Pourquoi je suis sur le canapé? J'ouvre doucement les yeux et tente de désembuer ma vision, entendant du bruit venant de la cuisine. C'est en voyant le fauteuil vide que je me souviens dans quel contexte je me suis endormi. Lorsque je tourne la tête vers la cuisine, c'est ma mère que je vois. Je m'entends marmonner sans vraiment m'en apercevoir, ce qui attire son attention, elle me souris.
-T'es réveillé, mon coeur? Tu devais être fatigué pour t'endormir sur le canapé.
Elle a raison, c'est rare que je m'endorme ailleurs que dans mon lit alors j'acquiesce, la gorge encore un peu trop sèche pour parler intelligiblement. Un à un, j'étire mes muscles puis tente de me lever. Une fois debout, je trouve un miroir pour arranger mes cheveux et ma mine bouffie à cause du sommeil.
-Ton ami est vraiment gentil, tu le connais depuis longtemps? me demande ma mère avec curiosité.
Je pense immédiatement à Donghyuck qui était resté jusqu'à ce que je m'endorme, qui m'a dit qu'il repartirait lorsque je serai en plein sommeil.
-Quoi, comment ça? est la seule chose que je suis capable de dire avec ma voix rocailleuse.
Elle pose le sel qu'elle a versé par pincées dans le plat et observe ma mine stupéfaite. Comment est-ce qu'elle aurait pu voir Hyuck? Est-elle rentrée plus tôt?
-Il y avait un garçon de ton âge qui dormait sur le fauteuil à côté de toi et quand je suis arrivée, il m'a salué et m'a dit qu'il devait partir.
Est-ce que Donghyuck est vraiment resté jusqu'à s'endormir à son tour? L'idée même me fait secrètement sourire. L'imaginer se réveiller en sursaut en entendant ma mère rentrer, c'est quelque chose que je regrette de ne pas avoir pu voir de mes propres yeux. Mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir gratifié par son geste. Plus le temps passe, plus je vois son comportement changer avec moi et je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou non, ni même si je dois me poser des questions. Tout ce que je sais faire, c'est être observateur en laissant croire que je ne le suis pas.
Rapidement, ma mère me dit de m'asseoir à table, ce que je fais sans rechigner. Je suis affamé.
-Comment ça s'est passé chez Jaemin? me demande ma mère en me voyant dévorer le contenu de mon assiette. On dirait que t'as pas été nourri depuis plusieurs jours.
Elle rit, moi aussi. Prenant bien soin de ne pas parler en mâchant de la nourriture, puisque je sais qu'elle déteste ça autant que moi, je lui raconte qu'à cause des bus de nuit peu nombreux, il a été obligé d'appeler Jeno pour qu'il vienne nous chercher et que c'est à son appartement que j'ai dû dormir, et qu'il a dû me porter parce que j'étais incapable de monter tout seul. Elle éclate de rire.
-Pauvre Jeno, c'est pour ça qu'il était fatigué aujourd'hui.
Je fronce les sourcils et adresse un regard rempli d'interrogations à ma mère. Mon cerveau semble court-circuiter.
-Attends, tu connais Jeno? je demande, curieux.
-C'est moi qui m'occupe de sa formation.
Je débarrasse mes couverts et commence à les nettoyer dans l'évier en acquiesçant, avec le brutal souvenir me revenant qu'elle travaille en tant que formatrice dans les écoles de commerce et qu'il s'agit de quelque chose de probable que Jeno soit formé par elle.
-Et il s'en sort bien?
C'est bien la première fois que je porte ne serait-ce qu'un minimum d'intérêt sur le petit ami de Jaemin; mon jugement sur lui s'arrêtant généralement au fait qu'il est très sympathique mais aussi que je doute parfois de sa logique. Je ne l'ai jamais côtoyé assez longtemps pour en apprendre un peu plus à son sujet. Même s'il m'intéresse pas tant que ça, quel meilleur ami je serais pour Jaemin si je ne me contrefichais complètement de ses proches.
-Il avait énormément de mal en début d'année, mais il a fait des progrès hallucinants, surtout en anglais. Je me demande ce qui le motive autant.
Sans doute Jaemin. Je me rends compte maintenant de la stupidité de la situation. Je m'apprêtais à poser des questions dont les réponses me sont plus ou moins égales, à propos de quelqu'un que je ne côtoie pratiquement jamais, juste pour remplir un standard pré-établi de meilleur ami. Alors, certes, c'est rassurant de savoir que Jeno s'en sort bien dans ses études; mais vaut mieux que ce je sache à son sujet, je l'apprenne de lui ou de Jaemin.
Surtout de Jaemin. Et puis, je vais pas mentir; je suis censé tout savoir de Jeno avec tout ce que j'entends de mon meilleur ami tous les jours mais je crois que ma mémoire se met en veille à la seconde où j'entends son prénom; j'oublie tout ce qu'il me raconte presque immédiatement. Surtout quand il me décrit leurs moments plus intimes tels un romancier de renom.
Lorsque j'ai enfin l'occasion de voir l'heure qu'il est, je me rends compte que j'ai au moins dû dormir quatre heures. Assis à mon bureau, concentré qu'à moitié sur ce fichus exercices de maths, je repense à Hyuck, à ce que l'on s'est dit, à ce qui a changé, autant grâce à lui que grâce à moi. Au fait que je dois faire en sorte de moins me braquer quand il est simplement lui-même finalement, à savoir taquin et collant.
Je tente encore de me concentrer sur ces fichus exercices de statistiques que le prof se donne un malin plaisir à nous donner à faire par packs de douze mais au fil des chiffres que je vois défiler sur l'écran de ma calculatrice, je ressens le sommeil me regagner et je ne peux plus suivre le cours des listes de variables, je suis d'ailleurs certain que j'écris probablement n'importe quoi sur mon cahier. En même temps, il est plus de vingt-deux heures. Je pique du nez de temps en temps et mes paupières s'alourdissent, je ne suis presque plus capable de tenir de mon crayon à papier droit.
Puis mon portable sonne. J'hésite à le laisser sonner et aller me coucher, après tout, tu t'en tapes de les faire bien tes exercices de maths puisque vous passez toujours l'heure à es corriger. Je tente de lire le nom de la personne qui m'appelle.
C'est Jaemin.
Je me mets deux trois gifles pour reprendre mes esprits. Allez, réveille toi, Renjun. Je décroche
-Ouais, allô.
-Ca va mieux, toi?
-Ouais, je vais te frapper j'te jure. Pourquoi tu l'as envoyé chez moi...?
-Oh merde, il est vraiment venu chez toi?! J'pensais pas qu'il le ferait pour de vrai. il rit à gorge déployée.
Je soupire.
-Et quoi, vous vous êtes battus? Tu t'es défilé? me taquine-t-il encore.
Il connaît mes habitudes, à croire qu'il trouve constamment un moyen de m'observer lorsque je suis en présence de quelqu'un d'autre que lui, et qu'il étudie mon comportement. Je ferai mieux de ne pas m'attarder sur l'idée, autrement je risque de devenir paranoïaque.
-Non. Je lui ai tout dit...
-Et? Il a mal réagi?
-N-Non, il est resté jusqu'à ce que je m'endorme... j'avoue, gêné d'admettre que mon meilleur ami, encore une fois, a eu raison.
Un silence de courte durée prend place et je peux déjà deviner quelle expression il est en train de dépeindre. Une satisfaction profonde, presque embarrassante à regarder.
-Et t'ose m'engueuler. . . . Admet que j'ai bien fait!
-Je compte pas te remercier sinon t'auras encore plus la grosse tête, enfoiré. Bon je vais dormir Jaemin, à demain.
Le téléphone raccroche avant qu'il n'ait le temps de me dire au revoir à son tour. J'essaie malgré tout de terminer ce maudit exercice de maths correctement mais abandonne au bout de... Vingt-trois secondes?
Après m'être déshabillé et avoir enfilé un t-shirt, je me glisse dans mes draps et me vide tranquillement la tête avant de me laisser assoupir à nouveau avec la liberté de ne pas m'alarmer des pensées qui traversent mon imagination.
Tant pis, j'aurais tout oublié demain de toute façon.
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Fuck off, sweetheart || renhyuck
Fanfiction"Hyuck, appelles moi Injunnie encore une fois et t'as les dents dans la vitre" "Toi il t'a rien fait, si y'en a un qui doit lui refaire le portrait, c'est moi" "J'aurais voulu rester pacifique, mais lui tu le touche pas"