Chapitre 4.

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Clara sortit en trombes de la salle d’eau en enroulant une serviette autour de son corps. Ces cheveux trempés s’étaient collés à son visage lorsqu’elle ouvrit la porte à son visiteur. Les joues de l’homme se teintèrent de rouge lorsque son regard se posa sur la silhouette à peine caché par un tissus éponge qui venait d’apparaître. Elle l’invita à rentrer sans trop réfléchir et s’esquissa en une fraction de seconde loin de ses yeux. Il resta immobile dans le couloir, le dos droit, fixant l’endroit où il avait vu pour la dernière fois la femme qu’il désirait tant, à moitié nue. Après qu’il est réussi à chasser ses pensées lubriques et fait impasse de la chaleur qui montait du bas de son ventre, il se dirigea vers la salle à manger où il était venu ce matin. Le soleil était déjà à moitié couché ce qui l’obligea à allumer la lampe se trouvant au plafond. Il prit le temps d’observer la pièce, et sourit en voyant qu’elle n’avait pas jeté son bouquet. Pourtant, le nombre hallucinant de bibelots à l’effigie du défunt époux Moreau lui rappela que le cœur encore meurtri de la dame qu’il convoité serait difficile à faire basculer en sa faveur.

Après que la maitresse de maison est déposée une tasse de thé fumante devant lui, un silence pesant s’installa. Lui était assis sur une chaise devant la table, tandis qu’elle restait debout, le dos contre le mur à côté de la porte avec les bras croisées devant sa poitrine. Il la fixe, attendant une réaction quelconque, mais elle évite son regard. Elle est mal à l’aise et se demande pourquoi il est encore venu. Pour un vautour avide d’argent, il avait l’air de beaucoup se soucier de ses clients. Cela n’enlevait pas le fait qu’elle avait du mal avec lui, elle le trouvait inintéressant et niais. Simon Schmitt était pour elle qu’un pauvre garçon qui avait une excellente situation, mais que son manque de saveur rendait repoussant. Elle fut coupée dans ses réflexions par un raclement de gorge provenant de la personne vers qui celles-ci étaient dirigées.

<<Comment allez-vous ?

-    Dites-moi pourquoi vous êtes ici, j’ai d’autres choses à faire. >>

Le ton employé par Clara était froid, à peine ennuyé. Elle voulait faire comprendre à son invité forcé qu’elle voulait qu’il quitte sa demeure. Ceci eu pour effet de faire douter le notaire de la raison de sa venue, ses sourcils se froncèrent dans une mimique angoissée. Son silence irrita la veuve qui refusait toujours de poser ses yeux sur lui, mais elle resta polie, pour éviter de s’attirer ses foudres.

<<Dépêchez-vous, s’il vous plaît. Je dois reprendre mes recherches au plus vite, vous savez bien que si je ne trouve pas l’argent, je vais finir à la rue.

-    Je peux vous aider à ne pas finir sans le sous. >>

L’homme venait de faire un effort énorme pour pouvoir laisser sortir ces mots de sa bouche. Ces quelques syllabes avaient eu pour effet d’attiser une flamme de curiosité dans les yeux de Madame Moreau qui venait, enfin, de le regarder. Il était plutôt fier d’avoir réussi à obtenir son attention, mais en vérité, elle pensait qu’il la prenait pour une idiote. Elle décida de rester calme et de le laisser parler, puis de le foutre dehors et de ne plus jamais le laisser rentrer chez elle. Il reprit la parole d’une voix assurée, ce qui ne lui était pas habituel.

<<Je ne pensais pas vous l’annoncer comme cela, mais j’ai la certitude de ressentir une affection colossale envers votre personne. Vous avez tout pour vous, absolument tout. Vous êtes la seule femme à me procurer autant de plaisir juste en restant près de moi ou en m’accordant ne serait-ce qu’un regard. >>

Il se leva et ses paroles s’enflammèrent. A chaque intonation, il se rapprochait d’elle tel un prédateur. Il voulait prendre le dessus sur elle, lui montrait qu’il pouvait avoir autant de prestance que l’homme qu’elle avait épousé.

<Avec moi, vous pourrez avoir tous ce que vous souhaitez. Je dilapiderais entièrement mon argent et mon héritage pour votre personne. Vous pourriez compter sur moi, plus que personne d’autre. Je…je deviendrais fou pour vous ! Je vous aime tant Clara, comme cela devrait être interdit ! >> (a retravailler)

Clara tenta de calmer les ardeurs de Monsieur Schmitt qui continuait à se rapprocher d’elle, en posant l’une de ses mains au niveau de son torse. Il ne se tenait légèrement penché, en face d’elle comme si il attendait l’autorisation pour pouvoir l’embrasser. La proximité du corps du notaire mettait la veuve mal à l’aise, or la déclaration qu’il venait de lui faire avait titillé sa curiosité de femme dans le besoin.

<<Je sais que vous êtes dans une très mauvaise passe et je suis prêt à vous aider. Dans la mallette que j’ai ramené se trouve trois fois le prix de votre maison. Si vous acceptez de me donner votre cœur, cet argent est à vous. Et vous en recevrez encore plus. >>

Il osa lui caresser la joue en prononçant cette dernière phrase. Il savait qu’il dominait la situation ce qui lui permit de surmonter sa timidité. L’annonce désarma totalement Madame Moreau, elle bégaya longuement, en baissant la tête devant le notaire qui attendait avec patience sa réponse. Accepter le marché qu’il lui proposait revenait à se retrouver dans la même situation qu’elle avait subie pendant trois ans. Elle ne voulait pas tout recommencer et prendre le risque de se refaire avoir. De plus, il avait fort à penser que Christian Moreau avait menti sur son testament pour se moquer une dernière fois d’elle. La somme se trouvant dans la mallette allait finir par essuyer toutes ses craintes, elle le savait. Elle n’avait qu’à lui prendre et le mettre dehors, sauf qu’il n’y a aucune chance qu’il la laisse faire. Une idée jaillit du fin fond de ses connexions neuronales, et résonna comme un mantra dans tout son être ; il fallait qu’elle le tue.

Clara MoreauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant