Prisonnière du passé (les maraudeurs)

Chapitre 23

Une fois les garçons partis, les filles se rendirent dans la cuisine afin de prendre ce dont elles avaient besoin pour leur soirée. Après avoir prévenu Fleamont et Euphémia qu'elles ne dîneraient pas avec eux, elles s'enfermèrent dans la chambre de Serena. Elles défirent les couvertures du lit pour les mettre par-terre ainsi que les oreillers puis elles installèrent leurs trouvailles venant de la cuisine autour d'elles.

- Lily, je peux te poser une question ? demanda Serena.

- Bien sûr, fit Lily tout en tressant ses longs cheveux roux pour ne pas qu'ils la gênent.

- Pourquoi as-tu accepté de venir ici, si tu détestes autant les garçons ?

- C'est compliqué, répondit Lily. Je ne déteste pas les garçons. Enfin, je ne les déteste plus vraiment. Je me suis toujours bien entendue avec Remus, il a été très gentil avec moi contrairement aux deux autres abrutis.

- James et Sirius ?

- Qui d'autres ? Ce n'est pas Peter qui ferait du mal à quelqu'un, je pense qu'il aurait bien trop peur des représailles. D'ailleurs, je me suis toujours demandée ce qu'il faisait avec eux. Pour James et Sirius, on ne se pose pas la question, ces deux-là forment un vrai couple. Remus est intelligent et je suis sûre qu'il participe plus qu'il ne veut bien l'avouer dans leurs farces. Mais Peter, j'ai du mal à trouver son rôle dans le groupe. Mais je me dis que s'il est avec eux, c'est pour une bonne raison.

Serena rigola doucement. C'était vrai que Peter semblait continuellement caché derrière James et Sirius, comme s'il utilisait leurs personnalités imposantes comme protection. Remus paraissait plus effacé, mais pas moins important pour autant.

-Pour répondre à ta question, continua Lily, je ne voulais pas venir au début. Je n'avais même pas ouvert la lettre. Mais j'ai fini par le faire, je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs. Au début je ne comprenais pas pourquoi il avait besoin de moi. James, même si c'est dur de l'admettre, est un très

bon élève. Je te parle au niveau des notes évidemment, on repassera pour le comportement. Je pense que ma curiosité et mon désir de te rencontrer ont pris le dessus et me voilà.

-Il y a toujours eu cette « guerre » entre vous deux ?

-Malheureusement, oui. Quand je l'ai rencontré, il était déjà avec Sirius, on était à bord du Poudlard Express et je me suis retrouvée dans un compartiment avec eux et Severus.

-Ton ami d'enfance ?

-Oui. Comme tu t'en doutes, ça s'est très mal passé. Les garçons ont commencé à se moquer de Severus et tout ça s'est terminé en dispute. On n'était pas encore arrivé à Poudlard et je les détestais déjà. Au fil des ans, rien ne s'est amélioré, les garçons continuaient à s'en prendre à nous, mais plus particulièrement à Severus. A chaque fois, je lui venais en aide. A croire que j'étais la seule à leur faire face. Jusqu'au jour où tout a basculé, Severus m'a insulté de la pire manière qui soit pour une née-moldue, devant toute l'école. Je me souviens qu'à ce moment c'était comme si quelque chose s'était brisé en moi, quelque chose qui ne pourrait jamais être réparé. Severus avait scellé la fin de notre amitié. Après ça, il a essayé plusieurs fois de venir me voir, mais à chaque fois je le repoussais. Il disait qu'il regrettait, qu'il avait dit ça sur le coup de la colère. Au fond de moi, je savais que désormais c'était trop tard, je l'avais perdu. Il avait fait son choix et je ne pouvais rien y changer.

Serena n'osa pas interrompre Lily dans son monologue, cependant elle nota que cette fois, pas une larme ne coula.

-Malheureusement, Severus habite près de chez moi et je redoutais le jour où il se présenterait devant ma porte. Je n'avais pas parlé de ça à mes parents, je ne voulais pas les inquiéter. Du coup, ils ne comprenaient pas pourquoi je ne sortais plus, pourquoi je restais des journées entières enfermée dans ma chambre. J'essayais de me faire à l'idée d'avoir perdu mon meilleur ami, celui qui m'a tout appris sur le monde magique, celui avec qui je passais tous mes étés depuis que je suis toute petite. Je devais accepter le fait qu'il ait changé. Je pense que c'est en partie pour ça que j'ai accepté l'invitation de James, ça et à cause de ma sœur aussi. Mais je suis contente de ma décision, puisque sinon je ne t'aurais pas rencontré.

-Tu as une sœur ?

-Elle s'appelle Pétunia, mais on ne s'entend pas très bien, toutes les deux.

-Comment ça ?

-On va dire que depuis que j'ai la possibilité de faire de la magie, notre relation n'a fait qu'empirer, et à un tel point que je me demande si on pourra de nouveau se considérer comme sœurs, un jour.

-Mais c'est horrible. Tout ça parce que tu peux faire de la magie ? C'est parfaitement injuste, ce n'est pas comme si tu avais eu le choix. En tant que sœur, elle devrait te soutenir, ou au moins être contente pour toi.

-Apparemment ce n'est pas l'idée qu'elle se fait de la situation puisque les seuls mots qu'elle m'adresse c'est « bouge de là sale monstre » ou « t'as intérêt à ne rien faire de bizarre» .

-C'est elle le monstre oui. Et tes parents, ils disent quelque chose ? Ils ne peuvent pas la laisser t'insulter comme ça.

-Non bien sûr, mais ils ont beau la gronder ou même la punir, rien n'y fait. Pour elle, magie égale abomination. A chaque fois, mes parents me répètent que ça va passer, et que dans quelques années on en rigolera ensemble. Sauf que ça va faire cinq ans maintenant, et je commence sérieusement à en avoir marre de me faire insulter dans ma propre maison.

-Ma pauvre Lily, à nous deux, on forme une belle paire au niveau problèmes de famille.

-Je sais que je te l'ai déjà répété un million de fois, mais si tu as besoin de parler de ton ancienne famille, ou même d'autre chose, n'hésite pas. Et je suis sûre que c'est la même chose pour les garçons. On est tous là pour toi.

-Merci Lily, tu es beaucoup trop gentille pour ce monde. Tu vas peut être me trouver insistante, mais je ne comprends toujours pas pourquoi tu repousses James comme ça. Certes, je sais qu'il t'a souvent embêtée mais je suis sûre que ce n'est pas la seule raison. Tu es bien trop intelligente pour ne pas avoir remarqué que c'était pour attirer ton attention. D'une très mauvaise manière, je te l'accorde, mais que veux-tu, c'est un garçon.

-Ne raconte pas n'importe quoi, il n'y a rien entre James et moi. On se déteste, point barre. On est trop différents pour que ça colle entre nous.

-On est quand même passé de Potter à James en un mois. Pourquoi tu t'efforces de le garder à distance ?

Serena savait ce qu'elle risquait, en poussant à bout Lily de cette façon. Elle pouvait tout aussi bien exploser que se renfermer encore plus sur elle-même. Mais la jolie rousse eut une réaction à laquelle Serena ne s'attendait pas.

-C'est que, à chaque fois que je laisse quelqu'un entrer dans ma vie, je finis toujours par en souffrir. Regarde comment ça s'est terminé, avec Severus.

-Peut-être mais là on parle de James, il ne ferait jamais quelque chose qui pourrait te faire souffrir, crois-moi.

-Ça, c'est ce que tu penses.

-Écoute, tu connais James depuis plus longtemps que moi et je n'ai passé que quelques jours seule avec lui avant que vous ne débarquiez tous. Ce n'est pas un reproche, mais ce que je peux t'assurer, c'est que lorsqu'on apprend à le connaître, James se révèle être une personne formidable. Même si parfois il fait un peu maman-poule et que la notion de tact lui semble étrangère à certains moments. Je suis sûre que si tu lui laissais une chance, tu serais agréablement surprise.

-Ce n'est pas aussi facile que ça. Je ne peux pas effacer toutes ces années d'un coup de baguette magique.

-Tu vaux plus que ça Lily. Ne me fais pas croire que tu es le genre de personne qui ne laisse pas de seconde chance.

La jeune fille ne répondit pas tout de suite, pesant le pour et le contre intérieurement. Serena se contenta d'assister à ce débat intérieur avec un petit sourire.

-D'accord, je laisse une chance à James. Mais à une condition : je ne veux pas être la seule à devoir faire des efforts, il devra en faire tout autant.

-Très bien je lui en parlerai. Tu verras tu ne le regretteras pas.

-Je l'espère. Au fait, tu sais que tu parles comme Remus ? Vous vous ressemblez plus que vous en avez l'air tous les deux.

Les deux filles continuèrent à parler jusqu'au petit matin. Ce n'est que lorsque les premiers rayons de soleil firent leur apparition qu'elles décidèrent d'aller se coucher.