Épisode 10 : "Jolies Yeux."

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Tatsumi l'emmena dans sa chambre avant de prendre congé. De là, Karma ouvrit brusquement la porte, sous la surprise de ses deux amis. Son regard resta ensuite bloqué sur celui de Manon, comme si le temps venait de s'arrêter.
- Ben alors, c'est tout ? Tu vas rester planté là ? Parla la subite voix de Kirua.
Karma reprit ses esprits avant de s'approcher lentement de ses amis. Manon le suivait du regard, les larmes perlant aux coins de ses yeux. Puis, elle tendit ses bras et le serra tout contre lui, avec douceur.
- Tu m'as manqué... lui chuchota-t-elle.
Il lui rendit son étreinte avant de l'embrasser tendrement. À les voir comme cela, Kirua se mit à soupirer longuement, ce qui arrêta le baiser de nos deux tourtereaux :
- Merci Kirua de nous avoir réunis, oh mais y'a pas de quoi, c'est tout à fait normal, dit-t-il de façon narquoise.
Les deux concernés se mirent à rire doucement, enlacés l'un à l'autre :
- La ferme, rétorqua Karma, je sais que dans le fond t'as fait ça pour toi aussi.
- Je l'ai fait uniquement parce que je voulais également revoir Manon, ma MEILLEURE amie.
Karma haussa railleusement des épaules :
- Si tu le dis.
- Haha, je t'aime aussi Kiru, t'en fais pas.
Il leur sourit davantage, avant de reprendre :
- Bon, il faut que j'aille voir Kuroro pour lui faire une espèce de rapport, ou je ne sais quoi. Alors, je vous laisse entre amoureux. Vous devriez avoir des toooonnes de choses à vous dire...
À cette phrase, il jeta un regard complice à Manon, où celle-ci se contenta de baisser lentement les yeux, voyant où il voulait en venir.
De là, il ferma doucement la porte, les laissant à présent seuls. Karma se tourna vers Manon, l'embrassant plus passionnément.
- Kirua m'a tout raconté pendant le trajet du retour, dit-t-elle après leur fougueux baiser.
- Donc, tu sais pourquoi tu es ici...?
Elle hocha la tête.
- Et ça ne te dérange pas ?
- De quoi ?
- D'être ici ? Avec tous ces gens... bizarres...?
- Haha, tu sais moi j'm'en fous, du moment que je suis avec vous... avec toi...
Elle passa ses bras autour de ses épaules avant de reprendre :
- Ça me va.
Karma lui sourit en coin puis recolla ses lèvres aux siennes.
- Toi aussi tu m'as manqué.
- C'est seulement maintenant que tu me réponds ?
Il émit un rire séduisant avant de l'embrasser davantage, à plusieurs reprises. Ses mains se baladèrent avec lenteur sur son corps, comme si l'adolescent redécouvrait chacune de ses courbes auxquelles il n'avait pas touché depuis un moment. Leur baiser devint plus fougueux, plus passionnel qu'il ne l'était déjà lorsque Manon sentit qu'il l'a poussait doucement sur le lit. Elle l'arrêta alors en agrippant sa chemise :
- Et si on parlait plutôt...?
De là, Karma la regarda avec étonnement :
- Pourquoi tu veux qu'on parle...?
- Parce que... j'ai quelque chose à te dire.

Son expression devint à la fois sérieuse et craintif, sous celui de Karma, qui semblait plus ou moins perplexe. Il s'assit alors à ses côtés sur le lit, sans discuter ni forcer quoi que ce soit. Manon s'étonna de son soudain comportement : d'habitude, il ne l'aurait même pas laissé parler et aurait continué ce qu'il souhaitait faire. Mais là... il n'a même cherché à discuter. L'hôpital psychiatrique l'aurait traumatisé à ce point ou quoi ?
- J't'écoute. Qu'est-ce qui s'passe ?
Le cœur de Manon rata un battement. Karma la fixa, attendant une réponse alors que la jeune fille resta silencieuse, les lèvres crispées. Elle ne s'imaginait pas que ça allait s'avérer plus compliqué de lui dire la vérité. Même si Kirua lui avait dit qu'elle n'avait pas à s'inquiéter, là, c'était tout l'inverse. Elle craignait affreusement sa réaction, pensant qu'il valait peut-être mieux lui mentir, se taire, laisser lui faire l'amour comme il le voulait, au risque que cela ait un impact dangereux sur ce petit bambin dans son ventre.
Remarquant son inquiétant état, Karma fronça les sourcils :
- Ça ne va pas ?
Elle se mit à le regarder, les yeux brillants. Puis le sourire vague, elle lui répondit :
- Si, t'inquiète pas, tout va bien.
Non, ça n'allait pas, et Karma le voyait très bien. Bizarrement, cette sensation de voir Manon si anxieuse ne faisait qu'augmenter son anxiété à lui. Il serra alors sa main dans la sienne :
- Hey, tu peux tout me dire. Qu'est-ce qui ne va pas ?
Sa voix rassurante ainsi que sa main serrée contre la sienne la détendit peu à peu, malgré une larme qui s'était mise à couler sur sa joue. Elle soupira alors un bon coup comme pour se donner du courage, et avoua enfin :
- Je suis enceinte, Karma.
L'adolescent se figea.
- Ça fait un mois que je l'ai découvert, poursuivit-t-elle. Le lieutenant Who m'a intégré dans un centre d'éducation où j'ai tenté de m'échapper plusieurs fois pour vous retrouver, en vain. Je t'avoue qu'au début je ne voulais pas te mettre au courant. Mais ensuite, petit à petit je changeais d'avis, seulement Who n'a jamais voulu que je te l'annonce. Il ne voulait même pas me dire où tu étais, ni même que je te voie.
- ...
- Parce qu'en soit, je n'étais pas en prison, j'étais dans un endroit qui ressemblait à une prison, la seule différence, c'est qu'on pouvait sortir, nous.
- ...
- Enfin bref. Je comprendrai si tu pètes un câble, ou si tu me quittes, ou même si tu me tues, je comprendrai. Parce que j'ai merdé. J'ai vraiment merdé, et je suis désolée de t'entraîner là-dedans.
Pendant tout son monologue, Manon n'avait pas jeté un seul regard à Karma, honteuse et surtout, embarrassée. Elle craignait en ce moment beaucoup trop sa réaction, car ce dernier était capable de réagir n'importe comment. Elle fut quand même surprise que sa main reste entrelacée à la sienne. Une larme recoula sur sa joue, sous le silence absolu de Karma, où elle était toujours incapable de le regarder. Elle voulait juste l'entendre dire quelque chose. N'importe quoi.
Puis, sous sa plus grande surprise, elle sentit ses bras l'enlacer autour de sa taille, avec douceur.
- Je ne suis pas en colère, dit alors l'adolescent avec calme.
« Ok, alors là, ce n'est pas normal » pensa la brunette. Elle leva son regard vers Karma, qui la regardait aussi :
- Tu n'es pas en colère...? Même pas un peu...?!
Il émit un petit rire :
- T'as l'air déçu.
- Choquée plutôt. Je pensais que t'allais vraiment péter un câble...
- Pourquoi tu croyais ça...? Et d'ailleurs, je t'interdis de dire que tu es la seule responsable.
- ...
- Un bébé se fait à deux. Alors, je suis également responsable.
À ces mots, les joues de Manon se mirent légèrement à rosir.
- Je ne suis pas en colère, dégoûté ou choqué... je suis...
- Tu es...?
- Ben je ne sais pas en fait. Stoïque, peut-être.
- ...
- Mais je crois que si tu m'avais dit que tu avais avorté, là, j'aurais été en colère.
Manon écarquilla subitement les yeux face à cette réponse si soudaine. Elle s'écarta légèrement de lui pour le fixer, comme si cette dernière venait d'apercevoir un fantôme. Pour elle, ce n'était pas Karma qui parlait, là, tout de suite. Impossible.
- Wouah, dit-elle alors, ça t'a vraiment fait du bien on dirait, l'hôpital psychiatrique.
- J't'emmerde.
De là, elle se mit à rire avant de sentir le doigt de Karma lui essuyer doucement la joue.
- Alors... tu m'aimes toujours, même avec un bébé dans le ventre ?
Pour réponse, il lui sourit en coin avant de venir l'embrasser longuement. Il la regarda ensuite, les yeux rivés vers les siens :
- J'vais être papa.
- ... !
- Putain, ça fait bizarre de dire ça.
Manon émit un rire nerveux, qui semblait plutôt être un rire de soulagement.
- Je t'aime, lui dit-t-elle après un petit baiser.
Karma sourit pour réponse avant de l'embrasser davantage, sous plusieurs reprises vigoureuses.

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Après avoir fait son rapport à Kuroro, Kirua marcha tout le long d'un couloir jusqu'à trouver une issue. Ce manoir était tellement grand qu'il semblait s'être perdu. C'est alors qu'il croisa sur son chemin un jeune adolescent aux cheveux noirs verdâtre, probablement du même âge que lui. Il lui jeta un regard le temps d'une seconde, sans lui prêter plus d'attention alors que Gon Freecs lui souriait étrangement au loin.
- C'est un vrai labyrinthe ce manoir, marmonna Kirua dans son coin.
- Seulement pour les nouveaux venus.
Il s'arrêta net avant de se tourner lentement :
- On se connaît ?
- Si seulement c'était le cas...
Les mains dans les poches, Gon s'approcha doucement de lui, laissant échapper un sourire qui ne plaisait guère à l'adolescent. Était-il un des adolescents dont Light leur avait parlé ? Si c'était le cas, il valait mieux pour Kirua de rester sur ses gardes.
- Kirua Zoldick, n'est-ce pas ?
- Oui...
Gon le regarda de bas en haut, toujours avec son sourire plus ou moins étrange.
- Très beaux yeux.
- Hein...?
Son étonnement lui laissa échapper un rire.
- Enfin, ravi de te connaître Kirua.
- Et, tu es...?
- Pressé de me connaître, à ce que je vois.
Kirua fronça les sourcils, irrité par cette situation. Il sentait que ce type se jouait de lui, et il détestait ça, qu'un inconnu qui débarque de nulle part pense se croire tout permis sur lui.
- Bon, j'vois que t'as limite envie de me sauter dessus, alors je vais te laisser tranquille... pour le moment.
De là, il lui fit un rapide clin d'œil avant de s'en aller.
- Bonne chance pour retrouver ton chemin jolies yeux, rajouta-t-il tout en s'éloignant.
Kirua était passé de l'irritation à de l'incompréhension. Qui était-il ? Cet étrange échange l'intrigua, alors qu'il voulait en savoir plus sur ce mystérieux adolescent, qui l'avait... plus ou moins dragué, non...? Il se retourna lentement vers lui :
Oui, il s'était bien retourné afin de le regarder encore une fois.

L'esprit embrouillé, il reprit chemin pendant que Gon s'était une nouvelle fois retourné vers lui : en l'observant de haut en bas, il sourit malicieusement, ravi d'avoir trouvé un nouveau jouet pour s'amuser.

DEAD.COM Saison 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant