Elle pose un pied sur scène. Aveuglée, les projecteurs l'éblouissent et lui brûlent l'épiderme. Elle ne voit plus rien, se consume au contact des rayons sur sa peau brune; la lumière & la douleur, le paradoxe qui puise son harmonie dans la grâce de ses mouvements.Des acouphènes lui vrillent les tympans tandis que le temps tourne au ralenti. Il n'y que son cœur qui bat dans sa poitrine, le désespoir qui sonne comme une alarme; assourdissant.
Elle exécute sa danse, semble se mouvoir facilement entre les particules d'air; la douleur s'échappe par volutes de fumée hors de son corps et personne ne le remarque.
Et ils brillent quand même, ses yeux noir ténèbres, noir comme le vide & noir comme l'extinction de la vie; la fin de la souffrance, son souhait le plus cher.
Des courbes & de la chaire, il ne suffit de rien de plus pour rallumer le regard de l'homme. L'homme, le prédateur et le monstre dans toute sa splendeur; celui qui ne rayonne que par sa noirceur, qu'en happant le soleil des autres. Ecraser pour exister.
Elle croise son regard qui lui écorche l'âme; elle manque de s'effondrer à nouveau. Son cœur ne pompe plus, elle voudrait vomir son affliction qui la tue à petit feu.
Mais ne laissant finalement rien paraître, elle exécute sa danse comme si elle aillait s'éteindre juste après. Elle étreint la barre, descend, ondule; s'y accroche comme si c'était son dernier espoir. Oui, elle donne tout une dernière fois.
L'homme suit ses mouvements sans rien dire, un sourire sadique greffé sur le visage; elle encaisse, muette. Sa crinière de cheveux bouclés tourbillonne autour d'elle, se mélange à toute sa haine et sa souffrance.
Le show est finit, la brune noyée de paillettes s'en va; il la suit. Elle l'emmène dans une chambre. Ferme la porte et se tourne vers lui.
Elle cache ses tremblements, il lui attrape les cheveux et la met à genoux pour qu'elle le suce.
Il aime sa peau, douce mais encore plus sombre sous les néons rouges. Il aime son regard qui lui donne l'air sauvage et indomptable, car quoi de plus glorifiant que de soumettre l'insoumis.
Elle joue son rôle à la perfection, pompe comme une reine; jusqu'à décider brusquement de mordre la verge bien dure de l'homme.
Il hurle et lui assène un énorme coup de poings.
Le sang envahi sa bouche, elle le lui crache violemment aux pieds avant de redresser son regard farouche.
La haine se réveille, cogne dans ses tempes. Plongée dans le flou, elle se lève. L'adrénaline en effervescence, le désir de vengeance qui palpite dans ses artères. Son regard brille trop fort, son cœur bat trop fort; elle n'entend plus que lui et les cris dans sa tête.
Torrent de boucles & regard noir, elle attrape une barre de bondage, lui administre un coup sec sur le crâne.
L'homme s'effondre sur le sol, inconscient; ses cheveux se colorent d'hémoglobine.
La barre à la main, elle reste plusieurs minutes debout les yeux dans le vide. Sa cage thoracique se soulève rapidement, se bloque parfois.
Elle entendrait presque la voix de Sélène dans sa tête, ses hurlements; ses acclamations pour la mort, l'anesthésie de la souffrance. Elle l'imagine là, suffoquant de douleur.
Elle se reprend et attrape une corde pour entraver les mouvements de l'homme. Ensuite elle le redresse, lui balance agressivement de l'eau au visage pour le réveiller.
Ses cils papillonnent. Ses paupières se lèvent. Il l'aperçoit. Un sourire étrange étire ses lèvres. La folie se rallume dans ses yeux.
Alors son cœur se déchire une dernière fois et elle ne répond plus de rien; un voile opaque se dépose sur son regard et les nerfs lâchent.
Animée par une violence sans borne, elle attrape de nouveau la barre; envoie un premier coup puis un second encore plus brutal. Un cri de rage lui perfore les poumons et lui crame les cordes vocales, s'écoule en continu. Tremblante de haine, de celle qui l'a tient en vie.
Elle continue à frapper de toutes ses forces, complètement désincarnée de sa propre conscience. Ailleurs & autre part, les bras ne lâchent pas le métal destructeur de chaire.
Ses cris; une ovation à Sélène, à sa peau si blanche à ses cheveux si doux. À la pureté de son amour, elle verse une première larme avant que ses vaisseaux oculaires n'éclatent.
L'âme s'élève en quête de sa rédemption au regard translucide. Transparente, elle fume dans le noir.
Grisée par l'adrénaline, défoncée à la colère elle ne s'arrête plus, pas même quand l'homme a à son tour fermé les yeux, poussé son dernier souffle; rattrapé par ses pulsions peccadilleuses.
La douleur est si forte, si prenante. Elle vibre furieusement dans les veines, brise tout sur son passage; si oppressante, la brune se sent à l'étroit dans son enveloppe charnelle elle a envie d'crever, de fondre sans jamais renaître.
Elle s'effondre en pleurs sur le sol, déchirée par la perte de sa seconde âme. Sélène c'est trop dur sans toi.
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fusion
Short Storyle goût enivrant du bonheur cette beauté dans la douleur respirer quand tout se meurt la passion de deux sœurs culture de l'effervescence la mort et la renaissance Sélène & Cali Cali & Sélène éternelles et fusionelles