Chaleur

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Je sens les rayons du soleil chauffer langoureusement mon visage. Hum.... J'adore ça. Je ferme les yeux de contentement. Je deviens paresseux avec les chaleurs estivales mais de toute façon je n'ai rien de mieux à faire à part compter les mouettes. D'ailleurs j'entends les piaillements de ces horribles volatiles juste au-dessus de ma tête... Ouais, horribles, ici les mouettes c'est juste amusant quand tu es gosse, tu passes de heures à leur lancer des pierres pour tuer le temps. Ces pierres qu'elles éviteront en s'envolant bruyamment avant de se reposer à deux mètres et de te dévisager méchamment avec leurs petits yeux sournois, ou du moins j'ai l'impression. En plus, comble de malheur c'est quasiment les seuls volatiles que nous avons ici.

Le soleil commence à me brûler les yeux à travers mes paupières fermées... Argh. Je tourne la tête pour échapper à ses rayons cuisants. Je devrai me relever peut-être, ça fait une heure que je me vautre sur la terrasse depuis que l'aube s'est levée. Je me redresse tant bien que mal, le sang afflue soudainement de nouveau dans mon corps, je vacille... Je déteste cette sensation et depuis le temps que ça m'arrive je devrai peut-être apprendre à me lever sans précipitation. Je m'étire et je baille, normal je sors d'une sieste assez longue. Puis je laisse mais yeux s'adapter à l'astre rayonnant qui joue sa pimbêche ce matin. Ça va être une belle journée pour la pêche.

J'entends déjà un brouhaha lointain qui s'amplifie peu à peu, accompagnant le réveil des habitants, qui se fait engloutir par le bruit des vagues qui s'écrasent mollement sur les parois rocheuses. Et bien sûr avec les cris de ces infernales mouettes, qui semblent pressées de voir partir les pécheurs pour avoir, quand ils reviennent, les viscères des poissons pêchés. Pas très glorieux le programme de la journée d'une mouette...

De mon promontoire je laisse mes yeux se perdre dans les vagues azurs avec des reflets changeants. Je fronce le nez, ça pu le sel.

Je contemple l'île en face de la mienne, je ne sais pas exactement combien de temps j'ai dormi, mais vu sa position ça va bientôt être l'heure d'ouverture du pont. Bon en vrai j'ai encore le temps, a vu de nez je pense vingt minutes. Faudrait que je songe à prévenir les autres... Et puis merde, ils y penseront tout seul.

Les ponts se rapprochent lentement, de la terrasse ou je suis j'ai un point de vu plutôt pas mal. Je vois quelques lèves tôt qui commencent à s'avancer vers le pont. Je crois que je devrais aussi me rapprocher. J'enjambe souplement le rebord de la terrasse avant de me laisser tomber sur une autre terrasse en contrebas. Putain! ma cheville... J'ai failli rater ma réception. Je jette un coup d'œil nerveux autour de moi, personne n'a vu la gamelle que j'ai esquivé de justesse. Ouf...

Je dévale l'escalier qui permet d'accéder à la terrasse pour rejoindre la rue. Une fois en bas je frissonne, les rues sont encore froides, le soleil ne les éclaire pas encore mais cela ne va pas tarder. Une mère passe devant moi son enfant dans les bras. Lui aussi a eu du mal à se réveiller vu son air endormi. Je souris et baille une dernière fois pour effacer toute trace d'un réveil encore frais. La mère me rend mon sourire, puis se dirige elle aussi vers le pont. Je lui emboîte le pas.

Le pont se rapproche progressivement, enfin je devrais dire le demi-pont. Il se dresse devant moi, presque majestueux éclairé par le soleil qui transperce l'horizon et qui semble lui faire une auréole aveuglante. Je plisse les yeux pour échapper à ses attaques lumineuses douloureuses.

Les gardes sont déjà là, même si le pont n'ouvre que dans une dizaine de minutes, ils sont prêts à abaisser notre partie du pont. Je m'assois avec précaution sur le bord de la falaise rocheuse près des autres arrivants qui s'agglutinent tous pour pouvoir traverser, et laisse mes pieds pendre dans le vide.

Je regarde la mer en dessous, à une dizaine de mètre de moi, des irisations de couleurs vives dû à l'aube se forment au sommet des vagues, jouant un véritable ballet à la surface. L'écume, quant à elle, vient se fracasser dans une gerbe de gouttelettes scintillantes sur la paroi... Pareil sur l'île en face d'ailleurs ou une dizaine de personne attendent impatiemment l'ouverture de leur côté... Puis on attend tous que les îles s'alignent.

Soleil levantWhere stories live. Discover now