9. Bac, concours et anniversaires - Souvenirs de Jérôme

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« Chouchou, arrête de jouer des trucs cool au piano, ça me stress ! »

La réussite de son brunet lors des écrits avait rassuré mais aussi mis la pression à Kilian. Fin mars, alors qu'Aaron, Justin et Jarno avait reçu confirmation de leur admissibilité à l'oral, certaines réalités s'étaient rappelées à lui. Ses proches n'étaient pas les seuls à présenter des écoles. Le blondinet en visait une pas trop mauvaise, qui l'avait pleinement rassuré sur sa possibilité de poursuivre un cursus en sport-études, à condition qu'il réussisse le concours, comme tout le monde. Le blondinet avait grimacé. Avec en plus un bac blanc à préparer pour juste avant les vacances de printemps, il ne savait plus du trop ou donner de la tête. Et les mélodies que son petit ami jouait à la base pour le soutenir ne l'aidaient pas du tout à se concentrer. Pas plus que certains de ses conseils parfois un peu infantilisants. Certes, Aaron avait l'œil pour trouver les pièges d'un QCM en anglais, mais la manière dont il insistait lourdement était parfois déplaisante. Un peu d'aide quand il ne comprenait pas, c'était très bien, mais trop, cela devenait soulant. Kilian voulait réussir par lui-même, sans qu'une personne passe son temps derrière ses épaules à contrôler tout ce qu'il faisait.

Constatant que la musique n'adoucissait pas tant que cela les mœurs quand il était question de ceux d'un petit blondinet surexcité, Aaron abandonna son clavier. Pourtant, lui, il était persuadé qu'une interprétation très libre de la fugue en G mineur de Bach, c'était parfait pour arriver à se concentrer. La musique partait fort, agressive, avant de s'envoler et de changer de direction. Le brunet se sentait toujours porté par ses doigts qui volaient au rythme des notes. Il y avait pour lui comme deux morceaux en un, qui racontaient une histoire floue et pourtant tendre. Du point de vue, de Kilian, c'était surtout et avant tout un des morceaux d'un jeux de rythme sur son iPhone qui avait fini par le plus lui briser les doigts à force d'échouer. D'ailleurs, il n'était même pas sûr que c'était vraiment du Bach, malgré le titre. Son brun avait été incapable de trouver la partition sur le net et l'avait du coup reproduite à l'oreille. Et là, le nez au milieu de ses bouquins, ça l'énervait. Tout autant que la lettre à Élise – que pourtant il adorait – et que la Marche Turque de Mozart qui lui donnait l'impression d'être de plus en plus en retard dans ses révisions.

Vexé, Aaron été allé promener les chiens, avant de rentrer avec une idée bien à lui. À la Réunion, il avait découvert une solution qui permettait d'empêcher Kilian de bouder ! Certes, elle était un peu violente, mais ils avaient adoré tous les deux. Là, c'était sûr, un bon coup et ça le déstresserait ! Il suffisait de le prendre par surprise et d'y aller franco. Ce qu'il essaya de faire après quelques attouchements idéalement placés pour s'assurer de la réceptivité de son partenaire. Comprenant où son petit ami voulait l'emmener, Kilian ne protesta pas. Peut-être qu'après ça, Aaron allait enfin lui foutre la paix et le laisser bosser ! Le remake, malheureusement, fut un peu long au goût du blondinet, ce qui conduisit à une autre apothéose.

« AIE, LE CON, IL M'A MORDU ! AH PUTAIN ÇA FAIT MAL ! »

Un peu gêné, Kilian retira la tête puis s'essuya les lèvres. Oui, bon, ok, dans la précipitation, il avait serré un peu fort. Mais ce n'était pas sa faute, il était stressé par le bac ! Et il avait prévenu à la Réunion que cela pouvait arriver ! Mais sinon, il avait bien aimé...

« Réflexe ! Tu m'as démoli la glotte, j'ai eu peur de vomir ! Bon, on continue où j'peux me remettre à bosser ? »

Dépité, Aaron grogna et alla se planquer dans la cuisine à la recherche d'un sac de glace. Il n'était plus question qu'il risque sa masculinité comme ça ! Il était sûr que Kilian l'avait fait exprès, en plus ! Son petit blond, normalement, rentrait toujours les dents.

Constatant que bosser comme un âne sous le patronage d'Aaron n'était au final bon ni pour sa concentration, ni pour son couple, Kilian profita de quelques heures de permanence et du temps libre à la fin des cours pour s'isoler avec d'autres professeurs particuliers. En Histoire et Philo, il ne voyait qu'un seul élève assez talentueux pour l'aider. Jarno. Ce dernier, pourtant, ne se sentait pas aussi bon que le blondinet l'imaginait. Ses écrits pour l'IEP avaient été plutôt moyens et son véritable point fort scolaire était plutôt à chercher du côté de la littérature. Avec sa capuche violette sur la tête, il essaya quand même d'expliquer au blondinet quelques principes de bases en méthodologie. Ce qui comptait, pour les professeurs, ce n'était pas l'intelligence et la pertinence, malheureusement, mais la capacité à triompher d'un exercice connu et codifié. Un peu comme les maths, mais avec des mots au lieu des chiffres. Kilian plissa plusieurs fois les sourcils avant d'admettre qu'une démonstration, quelle que soit la matière, devait obéir à certaines règles. Mais quand même, cela lui faisait bizarre. Enfin, tant que Jarno acceptait de lui filler un coup de main, il n'allait pas râler. À la différence d'Aaron qui, lui, n'appréciait pas vraiment de voir son petit ami être aussi détendu en compagnie de ce garçon.

Les chroniques mélancoliques d'une année de terminaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant