Chapitre 1

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Le train courrait depuis déjà une quinzaine de minutes et je ne trouvais toujours pas de compartiment de libre. J'étais entrée dans le premier wagon, celui qui était relié à la cargaison de charbon, et je me retrouvais dans le cinquième. L'intérieur des voitures étaient beaucoup plus sombre que l'extérieur. La locomotive faite de blanc et d'or contrastait beaucoup avec le parquet sombre et les cloisons rouges bordeaux ou bleues nuit des wagons. Je regardais de nouveau dans une cabine, mais la trouva une fois de plus complète. Un soupir franchit mes lèvres à ce moment là. Je me retourna pour contempler la vague étendue d'eau salée qui recouvrait toute trace de terre. Ce train m'étonnait. Il franchissait l'océan. Il roulait sur l'eau. Soudainement, un voile ensorcelé me passa devant les yeux, translucide aux reflets colorés, pour avaler le train jusqu'au dernier wagon. La voiture fit par la suite un angle de quarante-cinq degrés , me faisant perdre l'équilibre. Je me retrouva donc le fessier au sol. Je me demandais ce qu'il se passait.

Une fois le train revenu à l'horizontal, je me remis sur mes petits pieds, pour pouvoir apercevoir un paysage sous marin des plus luxueux. La faune était colorée, variée, tout comme la flore l'était d'autant plus. Les coraux étaient de toutes les couleurs imaginables. De vieilles ruines se faisaient voir au loin, donnant un aspect encore plus merveilleux à ce paysage des plus rares. Des algues, des coraux, des éponges, du sable et même des arbres avec leurs petites feuilles mutantes, en algues, se réunissaient en un paysage des plus miraculeux. Les bancs de poissons aux milles et unes couleurs essayaient de suivre la cadence du train, en vain. Seules les créatures irréelles y arrivaient. Irréelles ? Non. Tout était réel.

Les sirènes et dragons de mers nageaient et observaient curieusement le train. Une sirène aux teintes bleutées et vertes sembla particulièrement intéressée en me voyant. Elle me fit un signe de la main et retourna auprès de ces camarades. Le paysage était si clair et sublime qu'il en était envoûtant. Après plusieurs minutes de contemplation, je décidais de retourner trouver une place. N'en trouvant pas dans le wagon où je me situais, je me dirigea vers la porte arrière menant à la voiture suivante. Le même voile magique , que je vis plus tôt, se forma autour de la passerelle reliant les deux bâtiments, me permettant de traverser sans me retrouver dans l'océan, lorsque j'appuie sur le bouton permettant l'ouverture de la porte. Je sortis donc et me permis un instant de respirer l'air marin. L'air salé était frais, humide et irritant. Ne le supportant que très peu, j'entrais rapidement dans la sixième voiture, rouge.

Cette dernière était beaucoup plus silencieuse que les précédentes. Après avoir vérifié deux cabines, j'en trouvais une vide. J'y pénétra et referma la porte coulissante en verre derrière moi. Je m'assis contre la grande fenêtre à l'encadrement de bois sombre, tout en posant délicatement mon sac à dos de cuir à côté de moi. La banquette couleur Lilas sombre était fort confortable malgré l'usure visible à certains endroit. Je sortis de mon sac mon carnet de croquis et ma palette de couleurs. Sachant que le voyage allait être long, j'avais prévu de quoi m'occuper tranquillement : un livre, mon carnet et la palette de crayons ainsi que mon téléphone et ordinateur portable. Je pris mes écouteurs, toujours enfoncés au plus profond de la poche gauche de ma veste en jean blanc, et les enfonçais dans mes oreilles. Le câble branché à mon téléphone, je mis la playlist de mon chanteur préféré et me permis de fredonner, tout en commençant à dessiner le paysage que m'offrait la grande fenêtre.

Une bonne heure passa, je finis de mettre les dernières touches de couleurs au croquis en me souvenant du paysage passé. Le train étant très rapide, le paysage que je dessinais, fut vite passé. J'observais mon art pour y percevoir de potentielles retouches, quand un homme d'une trentaine ou quarantaine d'années entra. Il s'installa en face de moi, sans me voir.

Il avait une carrure fine mais imposante, un homme fin mais tout de même musclé. Son costard cravate ne permettait pas de le voir, mais je le déduisais à la largeur de ses épaules. Sa fine barbe et ses cheveux noirs bien taillés, laissaient supposer qu'il possédait une grande richesse et permettaient à son charisme de s'exprimer. Il avait une présence puissante et impressionnante, écrasante presque. Quand il leva ses yeux rouges sur moi, je remis illico mon nez sur mon dessin. Je l'avais défiguré, c'était à son tour de faire de même avec moi. Il m'observait avec un regard appuyé. Je le sentais très bien qu'il me détaillait. Des yeux rouges. Mon père m'avait répété plusieurs fois pendant les vacances, de me méfier comme je le pouvais des personnes aux yeux rouges. Il ne m'avait pas expliqué pourquoi. Je rangea mes crayons dans leur boîte, laissant mon croquis à la vue de l'inconnu. Je ne pus prendre mon carnet, que j'entendis un cognement sourd contre la vitre. Je me tourna donc vers celle-ci, et aperçus la sirène, qui m'avait fait un signe de la main, les mains collées à la fenêtre.

Néudis Première année Le commencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant