Chapitre 4 Une matinée chargée pour un inspecteur

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Je reçois un coup à l'épaule, manquant de me faire chuter. Je me rattrape avec peine à cause du peu de place dont je dispose autour de moi. Les gens se bousculent, fixant un point précis sans se soucier des autres sur leur passage. Je me retrouve encerclée par plein d'inconnus. Leurs vêtements constitués uniquement de couleurs sombres me rappellent le noir de l'au delà. Je ne distingue pas leurs visages, trop cachés par la brume qui nous entoure. Tout semble flou. Seul l'écho des pas réguliers résonne dans la rue. Des bruits comme mécaniques, semblant aux armées en formation.

Personne n'émet de son.

N'osant perturber le glaçant silence, je commence à avancer, en quête de visibilité. Durant ma traversée, je reçois de nombreux coups d'épaules et de bras sans pouvoir voir mes assaillants. Ce flou constant me donne des frissons. Je me suis toujours défendue grâce à la vision de mes agresseurs. Pouvoir distinguer leurs actions, pensées, émotions. Comment vais-je m'en sortir sans voir ? Mon souffle se transforme petit à petit en fumée alors que je sens la température chuter au fur et à mesure que j'avance. Je frotte énergiquement mes mains sur mes bras dans une tentative de réconfort et de chaleur. Essayant de reconnaître les lieux, j'étire ma tête du plus haut que mon corps le peut. Malgré le brouillard incessant, je distingue l'étroitesse de la rue, comprenant ainsi les bousculades répétées. Mais je m'interroge. Pourquoi tant de monde dans une rue paillarde ? Les murs en briques anciennes tombent en lambeaux, les carreaux du sol ont vu plus d'années passées que moi et les herbes poussant un peu partout me laissent penser que rien n'est bien entretenu. Malheureusement, ma vision se limite au sol sous mes pieds, et aux hautes façades qui dépassent le brouillard. Le froid me ramenant sur terre, je continue à m'engouffrer dans la rue.

Vêtue uniquement de mon uniforme du lycée, je ne vais pas tenir longtemps à cette température. Alors que tout semble noir et froid, mon regard est comme attiré par une source de lumière devant moi. Comme une lumière divine parmi le brouillard, j'aperçois le bout d'une robe rose flotter au vent, passant derrière les jambes des inconnus. Attirée par cet élément différent du cadre, je me précipite vers cette lumière. Je passe tant bien que mal parmi les corps sur mon chemin.

Je dois la rattraper.

Alors que j'arrive à l'angle où je l'ai aperçu, une petite fille, marchant de dos, se démarque du paysage. Elle a cette robe rose. Je me mets à courir dans sa direction. Je dois l'arrêter. Il le faut. Mes bras poussant les obstacles, j'essaye de l'atteindre mais au plus je m'approche, au plus je la sens s'éloigner. Pourquoi faut-il qu'il y ait de plus en plus de monde ? Je vais la perdre !

Je me mets à hurler, tentant de l'interpeller. Même à bout de souffle, je n'arrête pas de courir dans sa direction.

Je t'en prie, n'y va pas !

Tu vas le regretter !

Écoute-moi !

Reviens !

Pitié, n'y va pas !

Tu n'aurais pas du naître


Je me redresse vivement, à bout de souffle. Le visage dans mes mains, je tente de reprendre ma respiration. Je lève ma tête. Je suis dans ma chambre. Seule la lumière du lampadaire passant par les volets mal fermés éclaire la pièce. Il n'y a rien. Tout va bien. Mes draps sentent la sueur et l'humidité. J'essaye vainement de reprendre mon souffle, calmant la folie de mon cœur. Voilà pourquoi je ne voulais pas voir de sang. Enfin bon, ça va passer. Il faut que je me concentre sur Mia. Je dois absolument trouver le coupable. Épuisée, je me recouche dans mon lit. Seule ma respiration résonne dans le silence assourdissant de l'appartement. Alors que je replace ma couverture correctement sur moi, je sens une humidité plus accrue sur mon coussin. Je touche ensuite mon visage plus en détail. Il est en larmes. Pourquoi fallait-il que que tout ça ressorte maintenant ?

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