Chapitre 2 Psychopathe ou somnambule ?

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Je me passe la main sous la nuque. Le matin n'a jamais été mon fort. Malgré le fait que je me trouve dans la cour du lycée en ce moment, habillée de mon uniforme, le sac à l'épaule et mes cheveux fièrement attachés, je me sens aussi réveillée qui si le réveil venait à peine de sonner. Alors que je rentre dans le bâtiment pour me diriger vers mon casier, je bâille en pensant à l'effort de devoir changer mes chaussures. Il faut dire que la nuit a été rude. Après les événements d'hier, le sommeil a tardé à venir, l'angoisse me tenant au cou. Pendant une bonne partie de la nuit, mon cerveau ne faisait que se remémorer la journée d'hier afin de trouver où ai-je pu commettre une erreur. Qu'est-ce que je n'ai pas vu ? Mais rien ne m'est venu à l'esprit. Et c'est d'ailleurs ce problème-là qui m'angoissait le plus. Peut-être que je ne suis pas aussi invincible que je ne le croyais ?

Cette pensée me provoque un frisson. C'est à cause de mon manque de connaissance que j'ai risqué ma vie et, aussi celles des autres. Celles des personnes qui ont besoin de moi. Si je ne peux plus les aider dans leurs problèmes qui n'intéressent personne. Si je ne peux plus les empêcher de se blesser entre eux... Je dois me ressaisir. Je souffle un bon coup pour me donner du courage. Il faut que je me dépêche sinon je vais arriver en retard.

J'enlève mes chaussures pour les mettre dans le casier, enfile rapidement les autres et repars vers le couloir afin d'aller à ma salle de classe. Alors que j'entame ma traversée du couloir, il se produit un événement qui se déroule chaque matin, sans exception. Je le surnomme "l'Entrée de Moïse". À peine ai-je mis le pieds dans le couloir, que les élèves présents se retournent vers moi, et s'écartent du passage. Un immense chemin se dresse devant moi pour me laisser passer. Je soupire. Combien de fois leur ai je dit d'arrêter de me faire autant d'honneur ? Je préfère largement passer inaperçue. Impossible d'observer quoi que ce soit si ils se retournent vers moi pour me saluer quand je passe dans les parages. Vu qu'ils continuent à faire leur mascarade, j'avance à contrecœur dans le passage ouvert devant moi. J'entends des "Bonjour Prêtresse" tout le long de ma traversée de la mer d'étudiants à laquelle je souris de manière un peu crispée. Je préférerais largement pouvoir ouvrir un océan en deux qu'une foule qui me regardent passer. Voyant que j'atteins enfin ma classe, un léger geste de victoire m'échappe alors que les élèves retournent à leurs activités précédemment interrompues. Bien que je pensais être à l'abri de toute contrainte, une voix derrière moi m'interpelle:

— Bonjour Prêtresse, comment allez-vous aujourd'hui ?

Toute la fatigue de la nuit s'évanouit en un instant. Je me retourne avec une rapidité déconcertante pour faire face à la personne qui a hanté ma nuit de sommeil, Yuto Fujita. En signe de défense, je me recule vivement afin de laisser de l'espace entre nous et me mets en position de combat. J'avoue n'avoir jamais pratiqué mais j'ai vu beaucoup de films, alors je pense savoir me défendre un tant soit peu. Malgré la stupéfaction de le voir agir normalement, je ne baisse pas ma garde. Cette fois-ci, je ne me laisserai pas avoir par son jeu d'acteur impressionnant.

— Que me veux-tu, Yuto Fujita ? Tu dois être sacrément doué pour que les esprits ne m'aient pas averti de ce que tu es vraiment.

Je le vois écarquiller les yeux et ouvrir légèrement la bouche à peine une demi-seconde. Pourquoi son visage exprime une vrai surprise ? Je le regarde avec méfiance. À quoi ça rime ?

— J'espérais sincèrement que cela n'arriverait pas hier, avoue-t-il doucement dans un souffle, l'air coupable. Je suppose que même les esprits n'ont pas pu le voir mais j'ai un problème que personne ici n'est au courant, dit-il l'air gêné d'une voix presque murmurée.

Intriguée par son visage sincère, je l'incite à continuer en le regardant avec méfiance, ne baissant pas la garde. Il se gratte la joue avant de continuer.

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