Chapitre 8

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Elle prit rapidement de la vitesse, sachant qu'elle avait un peu d'avance sur les hommes qui la cherchaient. Les hautes feuilles lui giflaient le visage avec violence mais elle ne songeait pas à sa douleur physique devenue si ridicule face à son désarroi. Elle se sentait monstrueusement faible ainsi, courant dans un champ sans fin comme dans tous ces films dramatiques. La respiration courte, les jambes tremblantes, elle se crut pendant l'espace d'un instant incapable de continuer. Mais à choisir entre la vie et la mort, elle préférait la vie. Est-ce que c'était le bon choix ?

« Reviens ici, sorcière » lui ordonnait la voix terrible et malheureusement familière de son poursuivant, et pour toute réponse, le bruissement mélancolique des branches sur le passage de la jeune fille.

« Jamais, jamais ... » murmurait-elle doucement de sa voix chevrotante.

Ses jambes lui criaient d'abandonner mais son cerveau était plus déterminé et la poussait un peu plus à chacune de ses douloureuses foulées.

Ses larmes glissaient jusqu'à ses lèvres et elle les chassa d'un mouvement rageur. Sans jamais s'arrêter, son espoir continuait de laisser place à la panique à mesure que les menaces que prononçaient ses ennemis se rapprochaient dans son dos.

« - Pourquoi ne suis-je pas restée à l'orphelinat, pourquoi, pourquoi ...

- TU SAIS POURQUOI ! » cria une voix dans son esprit, et ses sanglots redoublèrent d'intensité.

« Aidez-moi, aidez-moi, je vous en supplie ! Je serais pieuse, je vous le jure, mais aidez-moi ! » Chuchotait-elle, son cœur battant désespérément dans sa poitrine.

« Je sais, je sais que vous existez ! Je vous en supplie »

Sa voix brisée par les larmes s'élevait, de plus en plus forte, et disparaissait entre les nuages, entendue mais non écoutée. Dans sa folie religieuse, elle criait maintenant :

« JE SERAIS PIEUSE ! JE SERAIS PIEUSE ! »

Mais seuls ses poursuivants l'entendaient, riant de son amour inutile à l'égard d'un dieu trop sourd.

Les larmes ravageaient ses joues, ses longs cheveux légèrement bouclés frappaient ses épaules à chaque foulée. L'air lui manqua brusquement, elle trébucha sur une branche folle et, ignorant la douleur qui criait dans ses muscles, elle se releva, haletante. Ils arrivaient. Ils étaient tout près, ils étaient là.

Megan se redressa dans son lit précipitamment, haletante, les larmes dégringolant sur ses pommettes. Elle tapota ses couvertures avec un empressement effrayé, et gémit de tristesse. Elle appela silencieusement Harry dans son esprit. Immédiatement après, une ombre passa rapidement à côté d'elle et des bras musclés l'encerclèrent. Elle plongea son visage au creux du cou de son frère qui la serra tendrement contre lui.

« Toujours ce cauchemar ? » murmura-t-il de sa voix brûlante et inquiète en resserrant un peu son étreinte.

« Je n'ai plus besoin de te le confirmer maintenant. » répondit Megan, encore tremblante.

Il ne répondit pas, et la garda longuement dans ses bras, attendant avec patience que les battements de son cœur se fassent plus réguliers. Quand elle fut un peu calmée, il se détacha d'elle et la regarda. Ses larmes avaient séchées sur ses joues et ses yeux brillaient d'une douce teinte pourpre. Harry passa délicatement ses pouces sous les yeux de sa sœur et lui fit un sourire protecteur.

« - Ce ne sont plus que de mauvais souvenirs maintenant, Megan.

- Je le sais.

- Alors fais-moi plaisir, et rendors-toi. »

The OthersideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant