Survivre avec un trouble de la personnalité limite

Mon enfance : mes doux souvenirs

Je suis née par une journée de Janvier en 1996 dans une petite ville du Québec. À ce moment, ma famille immédiate comptait une mère et un père. On vivait dans une belle et grande maison.

Je dirais que les premières années de ma vie se sont relativement bien déroulées. Je crois avoir été aimée (évidemment, je ne m'en souviens pas) et n'avoir manqué de rien.

En juin 1999, mon petit frère Olivier est né et ma réaction a été : 《C'est ça un frère ?》. Malgré le fait qu'il 《régurgitait》 sur mes jouets, je pense que je l'aimais bien.

Nous sommes allés dans une garderie en milieu familial, pas loin de chez moi. C'était une gentille dame, Julienne, qui s'occupait de nous (elle me reconnaît encore aujourd'hui et est toujours sympathique avec mon frère et moi). Je me souviens être aimée des autres enfants et avoir des amis, même si, parfois, j'avais mauvais caractère. Je me souviens d'un jour où j'ai dit ne pas vouloir faire le même bricolage que tout le monde, tenant absolument à faire à ma façon. Étant une personne calme et compréhensive, Julienne me laissait faire sans hausser le ton. Elle m'a même raconté, il y a quelques années que, lorsque j'arrivais le matin, je disais être fatiguée et ne vouloir rien faire (j'étais déjà blasée de la vie, il faut croire). Encore une fois, elle ne m'obstinait pas et me disait d'aller les rejoindre quand j'en aurais envie. Je finissais toujours par y aller malgré tout.

Je me rappelle avoir joué au docteur avec la petite-fille de Julienne. Elle se faisait garder là, elle aussi, et elle pleurait chaque matin pour ne pas que sa mère parte. Tranche de vie un peu 《weird》, mais ô combien ironique; vous verrez plus tard.

Mes amies à cet âge étaient les enfants des amies de ma mère et, principalement, la fille de sa meilleure amie Marion, Joëlle. Elle venait à tous mes anniversaires et on se voyait parfois.

Je pense que ma mère était heureuse et bien entourée dans cette période de sa vie. Elle avait un mari qui l'aimait et de bonnes amies. Je ne m'en souviens pas, mais c'est l'impression que j'en garde.

À l'âge de trois ans, j'ai commencé à suivre des cours de danse et j'en ai fait pendant neuf ans. C'est à mon premier spectacle que j'ai fait honte à ma mère; je n'ai pas voulu mettre le costume parce que mes parents me manquaient trop. Comme j'ai dit à Doris, la professeur de danse, j'avais le coeur gros. Je m'en souviens encore et je trouve ça quand même mignon. Je suis tout de même monté sur la scène pour recevoir la médaille (médaille donnée à tout le monde pour la participation) et j'ai décidé que je n'en voulais pas. J'ai tout de même fini par l'accepter.

À quatre ans, j'ai participé à un concours de dessin de l'usine de mon père sous le thème de Noël. J'ai gagné et on a même fait laminer ledit dessin. J'étais tellement fière ! Ma mère m'a révélé plus tard que c'est en grosse partie mon père qui l'avait fait. Il voulait que je gagne à tout prix. Aujourd'hui, en regardant ce dessin, (parce que, oui, je l'ai encore) je ressens juste de la honte.

À l'âge de cinq ans, ma tante m'a offert deux souris pour mon anniversaire. J'étais l'enfant la plus heureuse du monde. Ma mère détestait ces animaux et ça ne faisait pas son bonheur de les avoir dans la maison. Le pire, c'est qu'il s'est avéré que j'avais un mâle et une femelle et ils ont fait tout plein de bébés, au grand désespoir de ma mère. Un beau jour, mon père m'a dit que mes souris s'étaient sauvées. J'étais triste et je blâmais la gardienne, car je pensais qu'elle n'avait pas fermé la porte de la cage. C'est seulement à l'adolescence que ma mère m'a avoué qu'ils s'en étaient débarrassées. Quand j'en ai parlé à mon père, il a tout nié.

Sinon, le reste du temps, nous faisions des activités en famille et nous étions heureux. Enfin, je crois... J'ai aussi vécu les plus beaux Noëls de ma vie, ceux avec mes deux familles réunies et dans le bonheur. Je ne garde que de bons souvenirs de cette période, un peu floue, de ma vie.