Lorsque j'avais neuf ans, j'ai commencé ma quatrième année. J'étais contente parce que je restais dans la même classe, avec les mêmes professeurs, Julie et Bénédicte, que j'aimais beaucoup. En fait, j'aurais voulu qu'elles soient mes mères. Je ne comprenais pas pourquoi, mais je ne me posais pas la question non plus.
Ce fut une année où j'ai été très favorisée par mes enseignantes et les éducatrices du service de garde; j'avais toujours des privilèges que les autres n'avaient pas. Je finissais souvent mes travaux avant les autres et j'en profitais pour faire autre chose. Un jour, nous devions remplir un questionnaire pour connaître nos goûts. Je crois que nous devions écrire une activité que nous aimions faire, et j'ai écrit 《faire des bracelets》. Je n'aimais pas tant ça, mais je ne savais pas quoi écrire d'autre. Peu de temps après, mes professeurs m'avaient acheté de la laine pour que je puisse confectionner des bracelets, quand j'avais terminé ce que je devais faire. Au début, j'étais la seule à pouvoir en faire mais, avec le temps, d'autres sont venues et je m'y suis désintéressée. De toute façon, je faisais toujours le même modèle, car je ne me faisais pas confiance ppur réussir les autres...
J'ai aussi eu droit au titre de 《meilleure lectrice》, ce qui me donnait droit à un signet et un livre, je crois. J'étais touchée, mais gênée de recevoir ça devant tous les autres. Ce n'était pas bien vu d'être une 《bollée》. J'ai aussi eu un dîner au restaurant avec mes enseignantes et une autre élève.
J'étais du genre à utiliser des mots et des sujets plus recherchés que les autres lors de compositions écrites. Quand nous avions dû faire un texte sur un animal, j'ai choisi l'ornithorynque et mes professeurs étaient impressionnées.
Sur l'heure du dîner, je m'occupais des plus petits et je nettoyais le vivarium de la salamandre. J'étais pas mal la seule à y avoir droit.
Il y a eu un concours pour garder ladite salamandre, durant l'été suivant, et je tenais vraiment à gagner. Ma mère ne voulait pas, mais mon père avait accepté.
Au service de garde, il y avait une éducatrice que je trouvais très gentille. Elle s'appelait Johanne. J'aurais voulu qu'elle voit à quel point j'étais perturbée, mais elle n'a jamais rien fait. J'aurais voulu qu'elle devienne ma mère, elle aussi.
Je jouais du xylophone depuis trois ans et, en quatrième année, nous devions apprendre la flûte à bec. Même si j'avais changé d'école l'année d'avant, j'avais gardé la même professeur de musique qu'à l'ancienne et ça me faisait du bien, inconsciemment, d'avoir au moins une personne stable dans ma vie. Je l'ai d'ailleurs eue tout mon primaire. En revenant chez mon père après mon premier cours de flûte, je me suis cachée dans la salle de jeux, qui était au fond de la cave, parce que j'étais gênée de me pratiquer. J'ai fini par devenir bonne et adorer mes cours de musique.
Au début de l'année, il y a eu une nouvelle élève qui s'appelait Emma. Elle arrivait d'une autre ville et elle ne connaissait pas personne. Nous sommes devenues amies quand je lui ai donné du Purell (un désinfectant pour les mains) au service de garde. Il faut savoir que ce produit commençait à être popularisé et, qu'en en détenant, j'avais le droit de ne pas me laver les mains avant le dîner, ce qui me paraissait être un énorme privilège !
J'étais très proche d'Emma et on se confiait nos secrets. Quand j'ai fini par lui parler de ma manie, elle a dit qu'elle s'en était déjà rendu compte et ça m'avait fait peur, car ça voulait dire que les autres aussi avaient dû remarquer. J'ai réalisé plus tard que tout ce qu'Emma m'avait confié était faux; par exemple, qu'elle croyait que ses parents étaient ses grands-parents (ils étaient relativement vieux) et qu'elle avait eu un autre nom à la naissance.
Comme Emma vivait loin de chez moi, je me suis tenue un peu avec les filles populaires, mais ça n'a pas duré. Ensuite, j'ai commencé à plus parler avec Maéva et Simone et on se tenait avec les petites soeurs de ses filles populaires, qui avaient l'âge de mon frère. Il y avait toujours de la chicane.
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Survivre avec un trouble de la personnalité limite
Non-FictionAllooooooo ! Mon nom est Charlotte et je m'apprête à vous raconter ma vie ! Depuis que je suis toute petite, j'ai des difficultés à gérer mes émotions et à garder de bonnes relations avec les autres. Ce qui aurait pu passer pour une éternelle crise...