Chevaucheurs de dragons

Fin

Il n'est pas rare de voir des explosions d'étoiles. Ceux qui veillent peuvent se vanter d'en voir une ou deux chaque cycle de lune. Elles ont toujours été considérées comme magiques, les légendes qui les entourent sont innombrables. Je me souviens particulièrement de celle qui décrivent ces phénomènes annoncent la naissance d'un dragonnier. Le genre de récits qui se racontaient sur le bord du feu, malgré les croyances et principes de notre peuple.

Tout est si flou, si mélangé. Je ne sais pas comment j'ai pu savoir qu'il y en avait eu une cette nuit. La folie me prend, probablement. De toute façon, plus rien n'a réellement d'importance. Ce que j'ai. Ce que les étoiles veulent nous dire. Ce qui est réalité et ce que je réussis à imaginer à travers le plafond d'un dortoir miteux.
Je peine à garder conscience. J'ai chaud, j'ai froid. Je ne voulais pas voir un médecin. Pas celui-là. Le médecin personnel du prince. Puisqu'il me fait confiance. Faisait.
Je n'ai rien pu empêcher. Le regard de surprise du guérisseur en découvrant que je n'étais pas un mâle comme je l'avais prétendu depuis toujours. Sa course pour avertir le prince. La sentence de mort qui me pèse maintenant. Mort par les mains de celui à qui je me devais de confier ma vie et surtout de protéger la sienne à tout prix.
Impossible de me retourner lorsqu'il arrive, inquiet. Impossible de cacher mon corps, de me protéger. Impossible de demander un pardon pour ces années de mensonges. Impossible de détourner le regard du sien. Déception et incompréhension.
Impossible de garder les yeux ouverts sur sa main qui se pose sur le pommeau de son épée.
Impossible d'oublier son devoir. Une trahison de ce niveau signifiait la mort. Sans procès,  sans espoir.
Ma vision s'obscurcit violemment et il me faut quelques secondes pour reconnaître la voix qui hurle. Ma voix.
Et l'ombre me recouvre, m'enveloppe dans sa cape jusqu'à ce que mon corps réussisse à  oublier la douleur qui le tenaille.