Lumière

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Lumière.
Douleur.
Deux choses qui auraient probablement fait grogner n'importe quel humanoïde se réveillant dans de telles conditions. Elle, elle ne faisait aucun son. Chose particulièrement étonnante puisqu'elle n'était qu'une humaine. Eloy referma son livre et se redressa.Apparemment, elle venait de la Griffe. On savait bien peu de choses sur ce peuple, si ce n'était de leur violence, leur puissance et leur dureté inouïes. Leurs soldats seraient les plus redoutables,ils auraient renié tous Dieux, optant pour un mode de vie archaïque,les femmes n'auraient aucun droit, le roi serait omnipotent. Rares étaient les guerriers originaires de la Griffe qui vivaient maintenant au Fjord. Habituellement, malgré leur vie aux apparences misérables, ils avaient une loyauté sans faille envers leur pays.

De ce qu'il pouvait en juger, Eloy estimait que, là - bas, lors de la formation des soldats, on brisait toute volonté des combattants pour les transformer en de parfaits esclaves. Des esclaves plus dangereux que n'importe quels autres humanoïdes vivant sur les Terres Libres.On disait souvent, un peu à la blague, que même la tête tranchée,un guerrier de la Griffe restait dangereux. Et pourtant, ce n'était qu'un regroupement d'humains racistes. Un énorme regroupement qui avait réussi à s'approprier un encore plus énorme territoire sans difficulté aucune. Un homme de la Griffe valait vingt guerriers humains. Et leur seule différence était une violence inouïe.

L'humaine devant lui en semblait la preuve. Son corps - du moins, le peu qu'il pouvait observer puisqu'elle était recouverte d'un de ces draps de laine qu'il lui rappelait les siens - était recouvert de cicatrices et d'hématomes. Il lui devinait un mari particulièrement violent.Il ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi on l'avait envoyé lui pour veiller sur elle jusqu'à son réveil. Ce genre de femmes devait être condamnées à être terrifiées par les hommes après avoir vécu de tels traitements.

C'en était peut-être la raison pour laquelle elle fixait le plafond sans défaillir depuis quelques minutes. Il avait d'abord pensé qu'elle dormait les yeux ouverts, mais il se trouvait qu'elle clignait des yeux. Et avait passé sa langue sur ses lèvres craquelées au moins trois fois depuis son réveil.

Il en était à se demander s'il ne valait pas mieux qu'il aille chercher Aelith. Une femme aurait probablement plus de facilité à gagner la confiance d'une autre.
Il devait avouer avoir au tout début penser qu'elle n'en était pas une. Une femme. Elle avait les cheveux en bataille et bien court pour une dame. Son visage aurait tout aussi bien pu appartenir à un jeune homme n'ayant toujours pas atteint la puberté. Cela allait jusque dans le genre d'air qui émanait d'elle, il lui semblait dure et bien loin d'être délicate. La moue boudeuse et sa mâchoire avancée. Mais il y avait ces courbes, bien que discrètes, qui ne trompait pas.

Il continua à retourner ses pensées d'un coté à l'autre en essayant de découvrir une solution pour attirer son amie sans pour autant abandonner la jeune femme qui se retrouvait devant lui jusqu'à ce qu'une quinte de toux la prenne si violemment qu'elle eu à se redresser pour reprendre son air, propulsant le drap qui découvrit son torse nu. La jeune femme n'aida pas son cas en se mettant à ricaner lorsqu'elle remarqua que celui qui était chargé de veiller sur elle avait détourné le regard. Elle essaya d'articuler quelque chose,mais ne put que produire un sifflement qui sombra dans une seconde crise de toux.

-Si t'es intimidé face à mes attributs, gamin, t'es mal parti,réussi -t-elle à se moquer, non sans difficulté.

Il lui pointa à l'aveuglette un des coins du lit sur lequel elle était étendue, où trônait des habits qu'on avait préparés à son attention. Soit, vu le peu de femmes qui se trouvaient dans le Fjord,on n'avait réussi à trouver qu'une simple camisole en coton, un pantalon ainsi que des chaussettes de laine, protection nécessaire puisque le sol en pierres de presque tous les bâtiments situés dans le Fjord étaient en pierres qui restaient froide, même en pleines canicules des plus chaudes saisons.
Ce geste n'apaisa pas le rire de la demoiselle qui attrapa pourtant la pile de vêtements. Comme Eloy l'avait deviné, les habits faisaient grands sur le corps de l'inconnue. Son regard ne put s'empêcher de se perdre sur les biceps de celle-ci. Définitivement, on la faisait travailler bien plus qu'il ne l'était raisonnable. Le corps de la jeune fille lui semblait être un mélange désagréable entre la maigreur et la musculature. Et plus il la regardait, plus il était étonné des muscles surdéveloppés qui roulaient sous la peau de cette inconnue.
Eloy attendit toutefois d'être certain qu'elle se soit entièrement recouverte pour se retourner réellement vers elle et il ne put réprimer un sursaut lorsqu'il sentit une lame contre son cou. Une vieille dague où était gravé son nom sur le manche. Il reconnut son arme qui, mystérieusement, ne se trouvait plus à sa taille.

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⏰ Last updated: May 14, 2019 ⏰

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