Flash

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P.D.V. Uly

Nous écoutons tous calmement le guardien nous conter son cours. Je regarde fixement dans une direction, un peu au hasard, mon esprit est ailleurs.

"Les rêves seraient peut-être l'intervention la plus sensible de notre inconscient. Ils viennent, nous perturbent par leur déroulement sans sens évident, et s'effacent le plus souvent à notre lever. Le rideau se lève ainsi pendant la nuit pour ensuite se refermer doucement."

Selon mon expérience, j'aurais tendance à dire que les rêves ne sont pas autant imprégnés par l'inconscient qu'il ne le dit. C'est plutôt comme une vidéo, ou plutôt plusieurs vidéos accolées ensemble, sans qu'elles n'aient aucun lien entre elles.

"On dirait qu'un rêve est constitué d'une trame qui peut s'inspirer de la réalité, dans des lieux par exemple, et que cette trame prendra des directions improbables. Comme un message caché de votre inconscient"

Là également, j'aurais quelques objections à apporter.

Plus le guardien continue son récit, plus je repense à mon expérience de cette nuit. Je me souviens parfaitement de ce rêve, son début fragmenté et sa fin apocalyptique. Les images arrivent à mon esprit les unes après les autres, si bien que j'en ai l'impression d'oublier ce qui m'entoure.

Je presse mon stylo dans ma main. Ce genre de dissociation m'est déjà arrivé. Concentre-toi sur le stylo.

Je clique de façon nerveuse sur le bouton du stylo, faisant rentrer et sortir sa mine à plusieurs reprises. Il se peut que certains de mes camarades m'observent, mais je tente tout de même de retrouver une concentration à travers ces cliquetis.

Une dernière image frappent mon esprit. La silhouette.

Je suis soudain pris d'un frisson et regarde effaré dans toutes les directions.

Plusieurs élèves semblent avoir sursauté au même moment, et offrent des regards à leurs alentours, surpris par un sursaut groupé d'élèves. Je fronce les sourcils, le guardien s'arrête dans sa ligne discursive.

"Voudriez-vous bien vous rassoir, Mademoiselle?"

Sa voix est contrariée, néanmoins on peut sentir sa surprise. Les cours se déroulent toujours sans embûche. Je tourne donc mon regard en suivant celui du guardien, qui se pose sur l'une de mes voisines si l'on peut dire. Pour être précis, celle qui m'offre ses sourires inutiles à chaque maudite fois qu'on se croise. Seulement cette fois, aucun sourire ou expression renvoyant à un quelconque bonheur n'est peint sur son visage. Au contraire, il reflète une incompréhension totale. Cette fille vient de se réveiller ou quoi ?

Elle se rassoit sans un mot, ses deux yeux noirs vers le sol, sûrement dans une honte d'avoir agit ainsi.

À la sortie de cette dernière heure particulière de cours, je me dirige vers ma capsule, mouvement ordinaire. Ce soir, je compte m'exercer à ma seule activité de la semaine : le cross running. Un des guardiens a déjà appelé cela le "parkour". Après un changement rapide dans mon habitation personnelle, j'en ouvre la seule porte et sort de cette boîte. Arrivant en sens inverse, les deux voisines habituelles parlent sans bruit jusqu'à ce qu'elles se séparent. L'une d'entre elles remarque ma présence et me sourit. L'autre fait comme à son habitude, et explose de joie en me voyant. Bien sûr, c'était faux. Toujours est-il que chacune se dirige vers sa porte vitrée respective.

[tel est le set de capsules :]

1       2       3
     
4       5       6

7       8       9

La souriante se place devant la première capsule tandis que l'autre s'arrête devant la huitième. Je note pour une fois la position de leurs habitations et me faufile par la suite vers la sortie.

Cela ne me concerne pas.

***

Vive le chocolat !

IN OUR DREAMS *.* Dans Nos Rêves [TERMINÉ 05.05.19] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant