Bad Boy Crush

| Chapitre 4 |

En média : Bryce Fox - Horns

Je la lâche instantanément pour me retourner, prête à sortir les griffes. À travers l'épais nuage de fumée qui règne dans la pièce, je distingue la silhouette sombre et élancée de Célian Walsh. Ses cheveux en pétard, ou plutôt mal coiffés, sont d'un noir profond, noirs comme la nuit, avec des reflets légèrement bleutés, comme les plumes des corbeaux. Toutes les filles, y compris Lucy, ont le regard rivé sur lui et les garçons le saluent d'un air envieux. Je lève les yeux au ciel, exaspérée de voir que tout le monde focalise son attention sur cet abruti.

— Tu crois que je devrais aller lui parler ?

Pour toute réponse, je foudroie mon amie d'un regard noir.

— Ce serait mieux que je le fasse maintenant plutôt qu'au lycée, non ? insiste-t-elle sans le quitter des yeux. Mes trois grammes d'alcool dans le sang vont me donner du courage.

— Qu'est-ce que je t'ai dit tout à l'heure ?

Elle affiche une moue déçue.

— De le laisser tomber.

Je lui lance un sourire satisfait, mais elle ne me regarde plus. Elle a déjà reporté son attention sur Célian qui s'est affalé sur le sofa.

— N'empêche qu'il est vraiment mignon.

Je lui jette un regard horrifié. Célian Walsh est tout sauf mignon ! Il n'a pas un visage avenant, avec de grands yeux bleus, semblables à ceux d'une poupée. Ses yeux à lui sont certes très grands, mais ils sont noirs. Comme il tourne la tête pour s'adresser à quelqu'un, j'ai un bref aperçu de son profil fier, de ses pommettes saillantes et de sa mâchoire carrée, presque agressive. J'essaie de me concentrer pour lui trouver un côté sympathique, en vain. L'aura d'arrogance que dégage ce type prend le dessus sur tout le reste.

— Tu oublies son air méprisant.

— C'est juste un air ! Il n'est pas comme ça quand tu lui parles. En fait, il est même sympa...

— Et tu le trouves toujours aussi sympa quand il se sert de toi pour se vider les couilles, et qu'il t'ignore juste après, comme si tu n'étais qu'une vulgaire merde ? la coupé-je d'un ton sec.

Aussitôt, je regrette mes mots crus. Je vois immédiatement que je l'ai blessée et m'en veux d'être celle qui lui inflige cette douleur.

— Je suis désolée, Lulu. Je ne voulais pas être méchante, mais tu mérites mieux que ce...

Je m'interromps lorsque je comprends que ce n'est pas à cause de moi qu'elle a les larmes aux yeux. Célian n'a pas bougé du sofa, mais une très jolie fille lui tient maintenant compagnie. Je prends la main de Lucy, et l'entraîne ailleurs, dans un coin plus isolé du salon.

— J'imagine que maintenant, ce sera plus facile pour passer à autre chose...

— Il ne faisait que parler à cette fille, rien de plus, dit-elle en essayant de se rassurer elle-même. Peut-être même qu'il a voulu me rendre jalouse ?

Si je n'avais pas peur de lui dire la vérité, je lui répondrais qu'il ne l'a même pas remarquée. Mais Lucy a l'air déjà assez bouleversée comme ça, inutile d'en rajouter une couche.

— Je ne crois pas, Lucy. Les mecs ne pensent pas comme nous.

— Tu ne peux pas le savoir.

Sa voix tremble. Je ne sais pas quoi dire de plus, je n'ai pas envie de la froisser. Je ne lui rends certainement pas service en ne lui disant pas ce que je pense, mais Lucy est fragile.