12 ans 1/2

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Me voilà en 5ème. Chez les un peu plus grands. Mais chez les mêmes tyrans. Rien n'avais changé. Toujours la même chanson, mais d'autres avait repris le flambeau. Des filles cette fois, des filles de ma classe. Elles étaient belles, elles étaient maigres, elle s'habillait avec de la marque. Le genre de filles populaires au prêt de tout le monde. 


Cette année je m'étais faite une promesse, me fondre dans la masse, disparaître avec un style passe partout. Le plus proche du leur possible. Elles, des grandes gigues qui faisaient à peine 50 kg, moi, pas très grande qui approchais plus les 55 il y avait une erreur et une seule. Celle-ci me poussait à chaque repas vers les toilettes, inlassable routine torture pour le corps et l'esprit, une forge sociale pour un mental d'acier . Après chaque repas mes 2 doigts au fond de la gorge faisait ressortir le surplus de nourriture. Comme le faisait les mannequins pour rester en forme, je le faisais car je pensais que ca m'aiderais a survivre. 

 
On appelle ça l'anorexie . De 55 j'ai chuté à 48 kg j'étais comme elle. Mais j'étais squelettique, fantomatique, plus que le reflet de moi même. Ce que je voyais dans le miroir me dégoûtais toujours. Comme certaines personnes deviennent accro a la drogue j'étais devenu accro a la maigreur, il fallait que ça soit toujours plus. 

Et le harcèlement ne stoppais pas. Je ne me trouvais pas grosse, mais c'était jamais satisfaisant, je me disais toujours que je pouvais faire mieux, que je pouvais me rapprocher encore d'elles. Sauf que elles, elles n'étaient pas anorexiques. Elles, ne se faisaient pas vomir. 

J'avais honte. Honte d'être tombée aussi bas, honte d'en être arrivée la.

Mais j'ai fini par me faire des amis. Vous savez ce qu'on dit, entre paria on se comprend. On était le groupe de marginaux sur qui on crachait mais au moins on était plus seuls.

 Il y avait le geek, connaisseur de tout les jeux vidéos existant qui avait toujours un ordinateur avec lui, Sulivan. Le muet, on ne savait jamais s'il ne parlait pas parce qu'il ne voulait pas ou simplement parce que c'était plus fort que lui, Nikko. Ensuite, on avait ce pote qui faisait toujours des blagues lourdes et salaces mais qui était plutôt attachant, Alec.

C'est dans une odeur de vomi et de sel que c'est terminé cette année de 5ème.

Dans la peau d'une hypersensibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant