16 ans

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Noël, prétexte idéal a la réunion de famille, moment de joie, moment de partage. Emmitouflé dans nos grands pulls on prend la pose devant la grosse cheminée en pierre de la grand-mère. Il manque des photos récentes a ce merveilleux tableau de famille qu'elle a érigé sur son mur, dans l'entrée. Certaines ne seront plus jamais mise a jour. Décembre, ça sent la cannelle et l'orange avec un fond de poudre. Un clou de girofle dans une mandarine sur un chauffage et on se croit au pôle Nord. 12, le mois des bonnes résolutions, le mois ou on se trouve des excuses pour se gaver comme des porcs en toute impunité.

Quand ta famille habite en Bretagne les repas de fêtes se ressemblent un peu tous. Plateau de fruits de mer obligatoire. Même ma mère, qui ne mange pas d'animal, a du s'y plier. On se met à table a 19 heures pétantes, l'apéro oblige. Ensuite, on le poursuit jusqu'à 20 heures. Si les enfants sont trop insupportables, il est l'heure d'ouvrir les cadeaux. Un peu de répit. Le repas se termine a 23 heures, par un dessert aussi copieux que le reste.

Et c'est là que le sujet fâcheux a été évoqué en face de moi pour la première fois. Ma tante Parisa, avait un ulcère depuis plus ou moins un mois. Les traitements n'étaient pas efficaces, elle avait un rendez-vous pour voir ce qui clochait. Après les fêtes, on est rentré, dans un au revoir des plus fades, des plus banaux. Quelques mois plus tard, ma mère, qui avait pour habitude de faire des soins a des vielles personnes, a commencer a faire des recherches sur le cancer du pancréas. Ce sont les pleurs dans sa voix quand elle parlait a ma grand mère, quand elle croyait que je n'entendais pas, qui m'ont mis la puce a l'oreille. Ma tante avait le cancer du pancréas. La nouvelle m'en a mis un coup. Enfin, la nouvelle jamais annoncée de façon officielle. Mais tout le monde, aussi compatissant qu'ils pouvaient l'être, chacun m'a offert un morceau d'espoir. " Ca va aller ", " la science fait beaucoup de progrès a ce niveau la", "elle va s'en sortir". Le cancer du pancréas est un des cancers les plus agressifs.

1 an et demi. Une tumeur inopérable, elle a suivi le programme classique, chimiothérapie et rayons. Elle a commencer a perdre ses cheveux, la chimio te tue plus que le cancer. Je voulais me raser les cheveux pour lui montrer que même sans cheveux, on pouvait être une femme. Mais ma mère me l'interdisant je me les suis coupé au plus court de ce que je pouvais. Je les ai gardés ainsi 3 ans. Jour maudit que le 9. Le neuf avril. Trois jours après l'enterrement a eu lieu. Aux yeux de ma mère, les cours étaient plus importants que la famille. Je n'ai pas pu lui dire au revoir. Le jour de sa mort, j'ai écrit un poème pour son enterrement, j'aurais voulu lui lire. On l'a fait a ma place.

Dans un adieu inachevé et emporté par le vent, je conclus ce chapitre. 


Dans la peau d'une hypersensibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant