Partie 4

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Delta vole jusqu'à chez lui, des larmes dégoulinent le long de ses joues brouillant les tâches de rousseur qui les ornent. Il se pose sur son palier, pose sa main sur la poignée mais n'ouvre pas: il réfléchit. Soudain il s'envole de nouveau, les larmes sèchent sur ses joues au gré du vent: il n'y en a plus de nouvelles pour alimenter l'humidité. Il vole à une vitesse folle, survole le parc où Maud est toujours assise, puis des maisons, une multitude de maisons. Il se pose enfin, dans un coin reculé du royaume des fées du cerisier. Ici rien que des maisons abandonnées voir effondrées, Delta virevolte d'un reste de mur à un bout de toit, il joue à l'acrobate plongé dans ses pensées. Ce coin est peu connu et très peu fréquenté: il est peu féerique, seules les mauvaises graines viennent par ici. Delta est perdu: vient-il réellement de dire à celle qu'il aime qu'ils ne doivent plus se voir? Non il n'a émit que le faites qu'ils ne pouvaient pas être ensemble... Mais le sous-entendu était présent. Son cœur lui fait affreusement mal et ses poumons suivent le mouvement en l'empêchant de respirer normalement. Il est là, seul, avec le visage souriant de Maud dans son esprit, il ne voit qu'elle. La lettre de la veille l'a réellement secoué: le tueur aux ailes d'argent en avait après lui, mais pourquoi? Il a l'air si dérangé... La vie des fées n'est pas un jouet et il ne voulait pas jouer avec lui! Mais a-t-il réellement le choix?

Après près de 3h passées au milieu des cadavres de maisons Delta s'envole a nouveau, bien décidé à parler à Maud: il ne va pas stopper sa vie pour un malade comme ce tueur! Bien que ce dernier le terrorise au plus haut point... Mais pas question d'inquiéter Maud avec cette histoire. Il se pose avec délicatesse devant sa porte, toque doucement: pas de réponse, un peu plus fort: pas de réponse, bien plus fort: toujours rien. Il tend l'oreille et il entend un léger son, comme des petits gémissement, il se concentre pour mieux écouter, ce sont des sanglots, des sanglots juste derrière la porte: Maud sait qu'il est là. Il s'approche de la porte et dit d'un voix brisée:

-Maud je sais que tu m'entends s'il te plaît écoutes moi.

-Vas t'en! Je ne veux pas te voir, tu n'as rien à faire là!

-Maud s'il te plaît je suis sincèrement désolé.

-Pourquoi? Tu as sûrement tes raisons de toutes manières... 

Maud pleure à chaudes larmes, elle en est persuadée Delta ne l'aime pas, il en voit sûrement plusieurs à la fois!

-Maud je dois m'expliquer s'il te plaît ouvres moi cette porte. 

La voix chancelante de Delta parvient à peine à ses oreilles, elle ne l'a lui connait pas, le grand, le fier Delta la voix brisée. Elle se leva en tremblant et ouvrit doucement la porte les yeux baissés. Delta l'a regarde, le maquillage qu'elle avait mit pour leur rendez-vous avait dégouliné: de longues trainées noires redessinent les douces courbes de ses joues, elle s'était essuyée à plusieurs reprises: ses yeux sont devenus de petits point de couleurs au milieu d'auréoles  noires, le léger rose déposé sur le haut de ses pommettes n'a plus lieu d'être et son decolté est trempé de ses larmes, Delta sent son cœur se déchiré. Il fond en larmes à son tour et la prend dans ses bras en répétant des excuses. 

Après près de 20 min passées entrelacés dans l'embrasure de la porte, ils entrent et se posent sur le canapé pour s'expliquer. Avec une voix plus posée Delta parle à Maud d'un pseudo problème de famille qui l'a fait paniqué et lui dit:

-Maud je suis désolé est-ce que tu veux bien être mienne?

Un temps d'hésitation s'installe, Maud ne répond pas.

-S'il te plaît.

Elle ouvre ses grands yeux, ses larmes ont séchées, elle le regarde intensément, se penche doucement et dépose un doux baisé sur les frêles lèvres de Delta. Ce dernier passe sa main derrière son cou et l'embrasse de plus belle, leurs mains glissent sur leur corps respectif, l'amour envahie la pièce, leurs corps et leurs âmes ne font plus qu'un grand tout uni par un lien invisible. La soirée s'écoula trop vite pour eux et pas assez pour d'autres. 

Le soir une fois Maud endormie Delta récupère ses affaires et laisse un petit papier où l'on peut lire "Bonne nuit princesse je dois m'en aller mais je t'aime         Delta".

La nuit est tombée quand Maud se réveille, légèrement paniquée elle se précipite à la cave et rate le mot de Delta, elle enfile son costume et s'envole comme à son habitude.

De son côté Delta rentre l'esprit dérangé, il devrait être heureux de sa journée mais sa seule obsession est ce qu'il va trouver chez lui... Sa maison est-elle à nouveau saccagée? Le tueur aux ailes d'argents l'attend-t-il à l'intérieur? Ses ailes tremblent pendant qu'il marche. Le froid a envahi la nuit et un silence pesant l'entoure, il regrette de ne pas être resté au près de Maud. 

Maud, elle ne pense presque plus à cette soirée, elle est aux aguets et bien décidée à trouver enfin une piste vers ce tueur aux ailes d'argent. Perchée dans un arbre, tous ses sens a l'affût du moindre signe de vie, elle n'attend qu'un signe aussi petit soit-il de sa présence. La rage, de ne percevoir que le silence, monte en elle, il est le seul opposant à avoir réussi a se caché aussi longtemps. Pas une piste, un indice, même pas le moindre objet laissé sur les scènes de crimes. Une fée qui s'enfuit avec une paire d'ailes ça devrait se remarquer non? C'est un pro, ou un sociopathe bien plus dangereux qu'il n'y paraît. Agacée, elle se met à virevolter nerveusement de branche en branche, elle essaye enfin de se calmer, monte à la cyme du cerisier et respire. Tout est calme, la nuit a envoûtée le paysage, les grillons font sonner leur instrument, le croissant de lune fait briller sa faible lueur, la rivière coule tranquillement dans son clapotis habituel, les lucioles s'élèvent dans leur grande danse de l'amour, retombent au sol ceux qui trouveront leur moitié, les étoiles s'allument une à une, dessinant au fur et à mesure les milles et une constellations du ciel, seuls certains oiseaux s'affairent pour réussir à finir leur nid dans les temps, les animaux de la nuit s'éveillent doucement, les hiboux commencent leurs hululements et les papillons de nuits nettoient leurs ailes. Maud ferme les yeux et hume l'air frais de cette nuit d'été, le vent caresse sa joue et pousse quelques unes de ses mèches de cheveux. Elle sent ses paupières devenir lourdes et se ressaisit immédiatement: hors de question de s'endormir, la nuit va encore être longue.

Derrière luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant