Chapitre IV

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Aeron lança un regard inquiet vers la porte de bois sombre. L'oreille tendue, il tentait de saisir des éclats de voix étouffés, en vain. Les enchantements lançaient sur la porte empêchait tout visiteur mal intentionné d'écouter à travers la serrure. Il soupira, exaspéré et se remémora pour la énième fois les récents évènements.

Suite à l'appartion spectaculaire de Lysène lors de la cérémonie, la foule avait commençé à s'agiter, à chahuter et pire encore, à poser des questions. Shärghem avait alors immédiatemment ordonné à ce que Lysène et Aeron le rejoignent dans ses appartements privés.
A contre coeur, il avait du autoriser Ghorion à assister à l'entretien en tant que souverain du chevalier concerné. Le petit groupe, entouré d'une panoplie de gardes, avait traversé au pas de course l'immense et luxurieux palais dans lequel résidait temporairement Shärghem. Une fois arrivés devant les appartements du seigneur elfe, ce dernier avait strictement interdit à Aeron l'entrée.
Depuis plusieurs heures déjà, il attendait au pied de la porte en essayant d'écouter discrètement l'entretien qui se déroulait dans la pièce voisine. Il bouillonait. On le traitait comme un enfant et les trois gardes massifs postés devant l'entrée le dissuadaient ce toute tentation d'entrée à l'improviste.
Ne sachant que faire, il se contentait de taper nerveusement du pieds sur le tapis pourpre, ce qui avait l'air d'exaspérer un des deuc gardes. Ce n'était pas plus mal au final.

Cette attente était tout simplement insupportable. Bien que son corps soit condamné à rester immobile, son crâne semblait sur le point d'exploser. Son esprit bordonnait, passant inlassablement d'une pensée à une autre à une vitesse vertigineuse. Des milliers de questions se bousculaient dans sa tête mais les mots de Lysène revenaient sans arrêt chasser ses songes.

Il baissa les yeux et s'aperçut que ses mains étaient moites. Elles tremblaient. Son coeur paraissait sur le point de lâcher. Il était en proie à des sentiments si complexes et mêlés qu'il était incapable de les distinguer. Se sentait-il heureux ou triste ? Fier ou honteux ? Rassuré ou terrifié ? Serein ou en colère ? Il secoua la tête en faisant mine de mettre de l'ordre dans ses pensées mais à cet instant précis, tout son être n'était que confusion, chaos et tumulte.

C'est comme s'il ne savait rien tout en aillant toujours su, comme s'il était à la fois un guerrier puissant à la destinée glorieuse et un petit garçon terrifié à l'idée d'affronter l'inconnu.

Son esprit effleura alors la pensée qu'il refusait d'affronter. A peine eut-il le temps de la chasser que son corps tout entier s'était raidi et son souffle, coupé. Au terme de quelques secondes interminables, il finit par retrouver une respiration saccadée. Il s'obligea à concentrer de nouveau son attention sur les rideaux tressés en fils d'or qui ornait les fenêtres.
Soudain, la timbre de Särghem retentit à travers la porte.

- Eh bien qu'il entre !

Aeron resta d'abord immobile, ne sachant que faire. Il jeta un regard interrogateur aux deux gardes qui bloquaient l'entrée. Ils s'écartèrent de la porte d'un mouvement synchronisé. Cette dernière s'ouvrit lentement. Aeron put alors entrevoir Ghorion qui le pressa silencieusement d'entrer. Il ne se fit pas prier et se précipita dans le bureau, la boule au ventre.

La tension qui régnait dans la pièce était palpable. Aeron sentait peser sur lui les regards courroucés de Shärghem, il entreprit d'examiner la salle d'un minutieuse intérêt.

Elle n'était pas spectaculairement grande mais restait richement décorée. Ce bureau devait être le lieu de réception privée du souverain. Au premier arbord il pouvait paraître simple et sans intérêt mais en l'examinant de plus près, on pouvait se rendre compte que la pièce avait était agencée de façon purement réfléchi.

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