Chapitre III

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La mâchoire de Särghem se crispa d'impatience. Les courtisans, amassés devant lui, ne cessaient de s'agiter, absorbés dans des conversations aussi futiles que bruyantes.
A bout de patience, le seigneur des elfes tapa brutalement le sol de son sceptre d'ébène. Le silence envahit instannément la grande salle baignée de lumière.
La foule se trouvait au coeur même de l'arbre d'Erasmae. Les murs, parties intégrantes du tronc, aménageaient de nombreuses ouvertures qui permettaient à la puissante lumière du soleil au zénith d'inonder pleinement la salle.
En son centre, se trouvait une fontaine de marbre de laquelle s'écoulait un liquide verdâtre à l'aspect vaporeux. Divers ornements couvraient la pierre, représentant des épisodes marquants de l'histoire des trois Peuples Ancestraux. Une énergie puissante et indescrtiptible émanait de l'objet. Les courtisants prenaient d'ailleurs soin à de ne pas trop s'en approcher et jetaient des coups d'oeil furtif mêlés de respect et de crainte.
Le fond de la grande salle était remplie d'importantes figures de l'aristochratie elfique. On pouvait également distinguer quelques riches marchands humains, une perpétuelle expression de méfiance sur le visage.
Särghem balaya la salle d'un regard autoritaire. Il siégeait sur un trône surélevé composé d'un entremêlement complexe et élégant de branches mêlant plusieurs nuances de vert.
A chacun de ses côtés et plus bas, se tenaient deux autres petits trônes de bois au style rustre et simple. Celui de droite était occupé par le roi des humains, Gorhion. C'était un homme d'un âge avancé aux cheveux gris et à la barbe blanche. Son dos était légèrement voûté et son visage, marqué par le temps. Son regard traduisait une grande lassitude et une fatigue que l'on devinait aussi bien mentale que physique.
Le trône de gauche était innoccupé, comme à son habitude.
Särghem se leva, s'éclaircit la voix et détonna d'un ton assuré :
- Cher peuple d'Erasmae, aujourd'hui nous nous retrouvons au coeur de l'Arbre Sacré. Comme tous les cinq prinptemps, nous célébrerons la naissance de nouveaux chevaliers au sein de l'armée de la paix, l'Armée Blanche. Chacun de ces valeureux guerriers a prouvé au cours de longues et laborieuses années d'entraînement qu'il était digne de servir la justice au sein des trois peuples ancestraux dont chacun des seigneurs se trouve ici. »
A ces mots, le roi ouvrit les bras, désignant les deux trônes à ses côtés. Les courtisants ne réagirent pas à la vue du trône vide. Cela faisait des centaines d'années que la famille royale naine n'assistait plus à l'adoubement des chevaliers de l'Armée Blanche. Gorhion, le seigneur des humains, resta immobile gardant un air absent et son regard perdu dans le vide. Pourtant, une expression de surprise naquit soudainement dans les yeux laiteux du vieil homme.
Särghem, intrigué, suivit son regard et remarqua un recrue à la physionnomie étrange. Plus musclé, plus rustre que les autres.
Il scruta le soldat plus attentivement et se rendit compte qu'il ne s'agissait pas d'un elfe. Trop large pour faire partie de son peuple, trop grand pour appartenir à celui des nains, il ne pouvait s'agir que...d'un humain ?
Les sourcils du roi se froncèrent imperceptiblement. Un humain dans l'Armée Blanche ? Ca n'était jamais arrivé à sa connaissance ! Ils avaient connu quelques nains au commencement de ce projet mais les soldats elfes avaient vite réussi à les décourager. Il serra son sceptre d'agacement. C'était inacceptable, l'entraînement avait pourtant été pensé pour exclure toutes les autres races de cette escouade !
Il jeta une regard furtif à sa droite et s'aperçut que le vieux roi avait légèrement ouvert la bouche et s'apprêtait à parler.. Särghem repris la parole avant qu'il n'ai le temps de commencer son discours et lui jeta un regard noir.
- Soldats ! , tonna-t-il d'une voix légèrement durcie par la colère.
A ce mot, les jeunes elfes relevèrent fièrement la tête en bombant le torse. L'humain leva également les yeux mais d'un air de défi.
- Vous n'appartenez à aucune nation.Vous vous battrez pour la justice et la paix sur notre continent et ne serez rattachés à aucune forme de pouvoir. Vos seuls maîtres seront les morts auquels l'Arbre d'Erasmae nous lie. Suivez vos coeurs et n'oubliez jamais : les morts nous protègent !
- Les morts nous protègent ! clama la foule à son tour.
Deux elfes apportèrent alors à leur roi une longue épée d'argent certie de pierres précieuses. Ce dernier la leva d'un geste imposant tandis que les futurs chevaliers s'ordonnaient en file indienne à ses pieds. Le souverain baissa les yeux vers la première recrue. C'était un elfe aux yeux de cristal et aux longs cheveux blonds. Il s'agenouilla devant son seigneur et déclara d'une voix tremblante de fierté :
- Je jure allégance aux morts et ferait régner la justice jusqu'à les rejoindre.
Le roi posa l'épée sur son épaule gauche puis décrivit un large demi-cercle pour taper doucement celle de droite.
- Je te proclame chevalier de l'Armée Blanche, les mort puissent-ils te protéger... , tonna le roi d'une voix forte.
Un à un, chacun des soldats s'avança pour de prêter allégeance et se voir octroyer le titre de chevalier par le seigneur elfe. Au fur et à mesure que le soleil déclianit, une lueur tamisée inondait l'immense salle et laissait les ombres grandirent aux coins de chaque meuble.
Tandis que la plupart du publique succombait à la somnolence, berçé par la lumière crépusculaire et le champs régulier des amphibiens, Shargëm était plus aux aguets que jamais. Une seule recrue n'avait pas encore reçu sa bénédiction. L'humain. Lorsque le jeune homme s'avança, la foule sortit enfin de sa léthargie pour dévisageait cet inconnu jusqu'alors passé inaperçu. Avec une dignité horripilante, il remonta les marches puis se posta en face de Särghem.
Plus petit que le roi, il était pourtant plus imposant. Il devait avoir une vingtaine d'années. Les muscles saillants de ses larges épaules trahissaient le dur entraînement qu'il avait du subir ces dernières années. Le soldat plongea ses yeux noisettes dans ceux du souverain avec une détermination provocante.

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