Chapitre 9 : Dans mon collège

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Chat noir traversa l'écran de sa fenêtre avec difficulté. Il n'eut même pas la force d'ordonner la détransformation et décida de l'attendre. Il avait du mal à rejoindre son bureau sans se tenir au mur ou aux meubles qui lui passaient sous les mains ; il souffrait, en proie à de violentes vertiges qui le faisait chanceler. Ils'efforçait à rester conscient. Il n'hésitait pas à inspirer et expirer de façon exagérée pour cela. Il ne regardait devant lui que lorsque sa tête défiait les étourdissements ; et pourtant, il voyait trouble.

Il trouva sa chaise, la tâta, puis s'écroula. Il redevint à ce moment-là Adrien. L'immobilité lui procura une sensation insidieuse, à la fois bienfaitrice mais aussi fatale, car tout ce qu'il y avait dans sa tête se stabilisa dans son corps. Les images de ce jour-là, les questions qu'elles avaient entraînées, les doutes, les interrogations : tout tournait, remuait, l'assaillait de plus belle. Il faisait des efforts intenses pour ne pas hurler sous le poids d'une telle accumulation.

Qu'est-ce que ça voulait dire ?Il avait bien vu. Il avait bien lu. « Le Rose et le Vert, 0456 STEN, COLLEGE FRANCOISE DUPONT 75*** PARIS. »L'étiquette sous le résumé était claire. Il l'avait apprise par cœur en un regard.

Il le savait, que sa Lady était une collégienne. Il savait qu'elle avait approximativement son âge,le Ladyblog était formel. Mais parmi les centaines de collège de Paris, elle était dans le sien ? Scolarisée à Françoise-Dupont ? Elle était tout près de lui ?

Peut-être qu'il l'avait déjà croisé mille fois près des casiers, peut-être qu'il avait reçu les effluves de son parfum dix fois en passant près d'elle dans un couloir ; ou bien peut-être qu'elle avait cours dans les mêmes salles que lui, qu'elle en sortant quand il y rentrait. Elle traversait le même portail que lui le matin, elle montait les mêmes escaliers pour rejoindre l'entrée, elle voyait les mêmes portes, les mêmes couloirs. Elle marchait sur le même sol que lui, depuis tout ce temps, et il ne le savait pas ?

Aussi, il se disait qu'elle connaissait sûrement Mme Bustier ou Mme Mandeleiv. Peut-être que ces deux-là étaient des profs de la classe de sa Lady.Peut-être qu'elles faisaient l'appel et prononçaient son nom sans savoir que derrière se cachait la charismatique Ladybug,super-héroïne qui sauve Paris tous les jours. Il jalousait maintenant sa professeure principale, M. Damoclès, le personnel ; tous ces gens-là connaissaient sûrement la personne civile en l'héroïne coccinelle.

Et elle, le connaissait-il ? Est-ce qu'elle voyait des fois, par hasard, sur la couverture des magazines, ou quand elle levait les yeux sur un panneau publicitaire,le visage d'Adrien Agreste ? Savait-elle qu'il était dans son collège ? L'admirait-elle ? Le trouvait-elle beau ? Faisait-elle un peu attention à lui ? Ou bien était-elle trop concentrée sur « celui qu'elle aime déjà » ?

- Hum, gamin... Tout va bien ?

Inhabituellement calme, Plagg s'approcha de son porteur tout doucement. Le blond semblait ne pas l'entendre, plongé dans une bulle de torpeur trop résistante.

Pourquoi ? Comment ? Face aux instructions sévères de sa Lady, il s'était résolu depuis quelque temps à ne plus chercher à qui se trouvait derrière le masque. Sans s'en rendre compte, il avait peu à peu cessé de la harceler, de lui demander de lui faire confiance, de la rassurer, de lui répéter qu'il pouvait garder le secret. Il avait épuisé toute sa salive avec des arguments qu'il espérait convaincants, mais qui se voyaient balayés à chaque fois par cette phrase : « Il en va de notre sécurité, à nous et à nos proches ». Alors il avait laissé tomber, il avait accepté cette part de mystère, cette part de secret qui rendait finalement tout féerique, et s'était contenté de juste apprécier les moments qu'il passait avec Ladybug.

Mais là, tout était différent. Il avait une piste, la piste la plus prometteuse qu'il n'avait jamais eue. Il n'avait plus qu'à attendre.

- Tu ne veux pas un bout de fromage ? Parce que tu es aussi blanc que la croûte de mon camembert...

Le Rose & le Vert - Adrinette (MLB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant