Chapitre final : Le Rose & le Vert

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Il relut. Une deuxième, une troisième, puis une vingtième fois. La sueur perlait sur son front à chaque redécouverte des lettres, des sueurs froides longeaient ses avant-bras qui tremblaient en tenant l'ouvrage.

- Marc, on se reparle plus tard.

Il raccrocha.

Il devait y avoir une erreur.

Comment, comment était-ce possible ?

« Marinette Dupain-Cheng, 3°B »

- Ce n'est pas possible, murmura Adrien. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible.

Pourtant, impossible d'avoir mal lu : l'écriture de la documentaliste était très nette. Le « M » était joliment écrit en majuscule, précédant le « a » bouclé qui se liait aux autres lettres jusqu'à un « e » final plutôt penché ; une tâche blanche suivait, puis le nom de la famille de boulangers qu'il connaissait bien était reproduit à l'encre du même stylo bleu. Et enfin, sa classe, qu'il connaissait si bien.

De plus, la date d'emprunt concordait parfaitement ; elle correspondait à hier. Lundi.

- Ce n'est pas possible...

Plagg mordit dans son camembert.

- Plagg, dis-moi que c'est une erreur. Ou une blague.

- Ah non gamin, c'est très sérieux.

Il avala sa bouchée. Adrien se prit la tête à deux mains. Ses pupilles grandes ouvertes étaient braquées sur la double-page, qui soutenait le fameux papier. Il ne bougeait plus.

- Ma L-Lady... et Marinette... ?

- Oui, gamin.

- Mais ce n'est pas...

- Bah si, c'est possible. La preuve.

Il se leva, plus secoué que jamais. Il était hors de lui.

- Tout ce temps, TOUT CE TEMPS, elle était sous mes yeux ?

Il fulminait, il explosait. Comment n'avait-il pas vu les signes ? Comment avait-il pu être aussi aveugle ?

- La coiffure, les yeux, la taille, la voix, le rire... J'aurais pourtant dû m'en rendre compte !

Il se laissa tomber sur un fauteuil. Il fixa le sol, la bouche ouverte, dans une humeur proche de s'arracher les cheveux. Plus sage, il se contenta de passer frénétiquement sa main dans son cuir chevelu jusqu'à se décoiffer entièrement. Il avait les pupilles rondes et tremblantes, proches de verser des larmes. Son cœur était devenu une pompe à eau pourvue d'une poignée qu'on martelait.

- Comment, COMMENT, comment j'ai pu être aussi idiot ?

Pourquoi n'avait-il pas fait attention, pourquoi n'avait-il pas fait le rapprochement tout seul ? Il crut devenir fou. Trop de questions. Beaucoup trop. Il était fou. Il se releva, fit trois fois le tour de sa chambre, revint à son lit, relut le nom, puis repartit encore faire trois tours ; il était en proie à une telle exaltation que rester assis lui aurait pu être fatal. Il repartit s'asseoir au fauteuil, puis se redressa, soupira deux fois de suite, refit un tour de chambre et gémit :

- Qu'est-ce que je fais ? Qu'est-ce que je vais faire... ?

Il gémissait encore, se massait le menton, puis se laissa tomber au sol et évacua deux grosses larmes.

- Ma Lady est Marinette. Ma Lady est Marinette.

Il répétait frénétiquement.

- Marinette est ma Lady. Marinette est ma Lady.

Le Rose & le Vert - Adrinette (MLB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant