Partie 2

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Et rien ne se produisit. Il pressa de nouveau le bouton sans succès. Il éclata alors d'un rire nerveux. Il était bien trop intelligent pour savoir que les voyages dans le temps n'existaient pas dans un monde normal. Il mit donc la télécommande visiblement normale dans la poche d'un de ses pantalons normaux et s'endormi.

Quelques jours plus tard, ses parents, monsieur et madame Schneider organisèrent l'anniversaire de leur arrivée en France, trois ans plus tôt, lorsque monsieur Schneider avait reçu l'offre d'un poste plus avantageux hors de l'Allemagne, en France. Cet anniversaire était un jour normal mais toute la famille parlait français uniquement et ce toute la journée. Martin haïssait ce jour. En effet, bien que la France soit un beau pays et Paris une belle capitale, il regrettait sa petite ville du sud de l'Allemagne. Holzerlingen lui manquait, l'autobus qu'il prenait tous les samedis matin pour ce rendre à Stuttgart avec ses copains lui manquait. 

Effectivement, il avait peu d'amis en France. Pierre n'était d'ailleurs pas son meilleur ami mais simplement un Suisse qui se sentait isolé lui aussi. Il était en plus plutôt doué en allemand ce qui facilitait la tâche de Martin. Pierre était en fait son seul ami. Cela aurait pu être triste si Martin avait eu ne serait-ce qu'à un moment, envie d'avoir d'autres amis mais ce n'était pas le cas. L'allemand avait rencontré la solitude en arrivant en France et depuis, elle lui servait d'amie.


En bref les jours normaux et le train train quotidien lui manquait. En effet, la capitale bruyante et sale bruissait de secrets et de rebondissements qui lui étaient propres si bien que Martin ne passait pas un jour sans qu'un évènement ne vienne perturber sa journée normale. Et puis le français était une langue trop douce et étrange si bien que dire les choses franchement paraissait déplacé et que tout devait être dit et fait emballé dans un nuage sulfureux de rose bonbon. Les phrases claquantes, droites et franches lui manquaient, les choses pures, sans ornements inutiles lui manquaient et surtout, les bonnes vieilles insultes autrement plus violentes que les risibles insultes françaises, lui manquaient.

Il avait somme toute un banal mal du pays.

Ses parents l'avaient remarqué depuis longtemps et c'est pour cela que ce soir là, à leur retour du centre ville ils lui prirent les mains et lui dirent:

- Sohn, packe deinen Koffer, du gehst bald nach Hause. (Fils fais ta valise, tu rentres à la maison.)

Martin hurla de joie et courut dans les bras de ses parents. Puis il se précipita pour faire sa valise. Il rentrait enfin à Holzerlingen car il savait que ses parents ne plaisantaient pas avec leur pays d'origine, surtout le jour de sabbat.
Le soir, il s'endormi, confient, une main protectrice posée sur sa valise. Dans ses rêves, il vit un uniforme garance et bleu mais quand il se réveilla, il ne s'en souvint pas. Il allait réaliser plus tard que les rêves prémonitoires n'étaient pas que des mythes.

Il allait rentrer un an en Allemagne. Un pensionnat de Stuttgart serait toujours mieux que l'école internationale qui était Eine große Scheiße pour ne pas jurer dans la langue de Molière qu'il respectait bien trop pour lui manquer ainsi de respect.
Son train partait bientôt: un Paris-Dusseldorf puis il prendrait un train pour Stuttgart. Il avait hate.

À 13h00, il prit place dans un train miteux sentent le tabac froid et l'urine mais Martin ne sentait rien.

Il allait redevenir Wolf Schneider, le jeune allemand de 18 ans qu'il avait laissé à la frontière, avec un vieux manteau de feu son oncle, lors de sa dernière visite dans son pays natal. Pourquoi allait-il redevenir Wolf vous demandez-vous sûrement. Et bien en réalité, il ne s'appelait pas Martin mais Wolf comme son grand père. Cependant, ce prénom lui aurait attiré des remarques de la part des français (peu aimables, pour certain, envers les allemands en raison de vieilles rancunes que vous connaissez bien). Aujourd'hui plus personne ne l'appelait Wolf, ses parents ayant pris l'habitude de donner à leur fils son prénom français, et il le regrettait.

Dans le train, il se retrouva assis entre une jeune femme au physique plus qu'avantageux et un quinquagénaire bedonnant qui avait les restes de son dernier repas ( et pas que) dans sa longue barbe. Ils roulèrent quatre heures durant mais à cause d'une grève et d'une tempête, ils durent s'arrêter en chemin. Wolf apprit alors que le prochain train pour Dusseldorf ne partait que le lendemain. Il sorti alors de la gare, qui était toute petite et en pleine campagne, et décida d'aller visiter les environs, après avoir déposé sa valise et pris une chambre dans un motel sordide qui se trouvait non loin de là, la nuit ne semblant pas vouloir tomber de si tôt. Il marcha très longtemps si bien qu'il se retrouva perdu en pleine campagne et en pleine nuit, nuit qu'il n'avait pas vu tomber tant il était obsédé par l'idée de trouver la frontière avec l'Allemagne qui se trouvait près de là selon ses calculs plus ou moins fiables. La lune l'éclairait tellement qu'il pouvait toujours y voir et marcher mais soudain, un violent orage s'abattit sur sa tête. Pourtant, il ne se décourageait pas et restait confient car il sentait que l'Allemagne n'était plus très loin.

Il trouva finalement refuge dans un ancien fort de guerre nommé Duomont ce qui était bien sa veine car il craignait devoir passer la nuit dehors. Il restait, en plus, des semblants de lits poussiéreux qui avaient l'air assez robustes encore pour soutenir son poids pour une nuit et qui seraient mieux que le sol froid et dur du fort.

Avant de s'endormir, il senti quelque chose dans la poche arrière de son pantalon, comme une télécommande. Il tenta de l'extirper de son vêtement sans grands succès se contentent de pianoter sur les touches. Finalement il appuya sur le bouton tout en haut. Sur un télécommande normale, cela aurait le bouton on/off mais cette télécommande là n'était pas normale, loin de là!

Ni le jour ni l'heureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant