Partie 3

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Wolf fut réveillé par une odeur d'urine et de transpiration. il ouvrit les yeux et les referma aussitôt. Il voulait désormais se réveiller car le cauchemar qu'il était en train de faire lui déplaisait. Soudain, il sentit qu'on le secouait et on lui hurlait: 

"Hallo neuer, aufwachen!" 

Le nouveau? Se lever, aussi tôt? Non merci , il était trop fatigué. Il sentit alors un torrent d'eau froide se déverser sur lui et il ouvrit brusquement les yeux en poussant un cris très peu viril. Il ne comprenait pas pourquoi un parfait inconnu voulait qu'il se reveille. Au fait que faisait cet homme ici? Ce qu'il vit le pétrifia. cela ne pouvait être ni un rêve ni la réalité. Il sentit alors quelque chose de dur lui piquer les fesses et soudain, voyant la télécommande, la réalité s'abattit sur lui telle une chape de plomb. Comme pour confirmer ses craintes,une voix lui dit: 

"Bon retour en 1916 chéri!" avant d'éclater d'un rire gras. 

Suite à cela, celui qui l'avait réveillé, qui semblait être le plus haut gradé présent, s'en alla suivi de la majorité des autres. Un jeune homme vint alors le voir, une pile d'affaires dans les bras.

 "Ca va? Pas trop chamboulé, c'est dur d'être nouveau.

-Non ça va.

-Au fait moi c'est Frantz Müller et toi?

-Wolf Schneider.

-T'es d'où? Moi c'est Berlin, comme presque tout le monde ici.

-Holzgerlingen, à côté de Stuttgart.

-Ben mon vieux, tu viens de loin toi! " 

Il ne croyait pas si bien dire. Pourtant, dans cet espèce de bunker, Frantz semblait être le plus gentil et amical. Il était manifestement très bavard mais Wolf senti qu'ils allaient bien s'entendre. Le berlinois s'en alla, laissant notre héros inspecter la pile d'affaires qu'il lui avait apporté. Il y avait là uniforme vert, gourde, sac à dos, gamelle, savon, rations alimentaires et casque à pointe. Le doute n'était plus permis quand à l'endroit ou plutôt le moment où il se trouvait. 

Vérifiant qu'il était seul, Wolf sorti la télécommande. Il tapa 2018 mais rien ne se passa. Et tout à coup, l'objet se mit à sentir l'oeuf pourrit et à fumer ce qui dissuada l'allemand de faire une nouvelle tentative. Il s'habilla alors de son uniforme vert et sorti de la pièce. 

Il suivi une file qui semblait se diriger quelque part et il se retrouva, sans vraiment savoir comment, en première ligne dans un cercle composé de tous les soldats du régiment visiblement. Quelqu'un derrière le poussa en avant et Wolf sorti du cercle parfait, formé par les uniformes verts. Un homme haut gradé s'approcha de lui et le désigna. 

"Ca, ça part!" 

Tous retinrent leur souffle et soudain, un gars s'écria: 

"Il est nouveau Général!

-Halt deinen Mund Ernest. Ou plutôt, prends sa place si t'as des couilles!"

Le dénommé Ernest serra les dents et s'avança. Quinze autres gars furent désignés après lui et puis ils rompirent les rangs. Les seize partirent au pas de course. Au milieu de la foule, Wolf entendit quelqu'un hurler son nom. Il se retourna et tomba nez à nez avec Frantz. 

"Ben mon gars, t'as rud'ment d'la veine toi! Les gars qu'y partent on les r'voient p'us qu'au paradis si y'en a un!

-Pourquoi? Où c'est qu'y vont?" dit Wolf, essayant de s'adapter au language d'époque. 

"Ben où tu veux qu'y aillent? Y vont s'faire tuer par les mangeurs d'grenouilles." 

Wolf fut choqué qu'un homme aussi jeune que Frantz puisse parler de la mort avec autant de détachement. Remarquant sa mine outrée, le berlinois s'expliqua. 

"Tu verras l'nouveau, ici la mort, si ç'tait triste, on pass'rais not' vie à pleurer les copains disparus mais bon, faut qu'on profite alors la mort c'est dev'nue not' copine, c'est la seule femme qu'on ait vu depuis des mois, si on pleurait tout l'monde, on y pass'rait la vie et la mort aussi, alors on espère qu'on s'ra pas choisi quand le général choisi des gars au hasard. T'imagines toi, si on tirait ta vie au sort, si on la jouait à pile ou face, tu ferais quoi?  Si avant la guerre on m'avait dit ça j'l'aurais pas cru oui-da mais maintenant qu'c'est réel, not' seul choix c'est d'croiser les doigts."   

Tant de souffrance dans la voix d'un jeune homme de deux ans son aîné émut le plus jeune. Il n'aurait jamais imaginé qu'un soldat puisse être autre chose qu'une espèce de machine à tuer sans coeur et pourtant, il découvrait aujourd'hui que tous ces hommes ou presque étaient comme lui: innocents et catapultés dans ce monde terrible qu'était la guerre, à une vitesse folle, trop vite, trop loin, trop violemment. 

Ne sachant quand serait son retour ou même si il reviendrait un jour, Wolf se résigna et résolu de s'adapter à ce nouvel environnement. La panique ne l'avait même pas effleuré tant tout était allé si vite et son côté rêveur et solitaire l'avait déjà un peu sorti de son monde réel. Mais aujourd'hui, il n'avait le temps ni de rêver ni de paniquer et encore moins de s'apitoyer sur son sort. 

Le son du métal raclé le sorti violemment de ses sombres pensées pour l'envoyer dans ce nouveau comme on envoi un boulet dans le camp adverse.

Ni le jour ni l'heureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant