Aujourd'hui, la chaise du premier rang, contre la fenêtre, était vide. Autour d'elle, toutes les autres étaient occupées.
Et moi j'étais là, toujours assis à la même place, au dernier rang. Je contemplais cette chaise vide pour tenter de dessiner dans mon esprit la silhouette de celle qui avait occupé cette place jusqu'à présent.
Peut-être avait-elle un peu de retard. En réalité, la sonnerie n'avait retenti que quelques minutes auparavant. Mais mon instinct me murmurait qu'elle ne reviendrait jamais.
Notre professeur entra en classe, donna son cours, ne sembla pas se soucier de son absence. Personne ne semblait noter qu'elle n'était pas là.
Sa présence manquait à moi seul.
Puis la sonnerie retentit à nouveau, le professeur se tu, la classe se vida. Presque complétement.
Je ne bougeai pas, restai assis, fixant la place à jamais inoccupée, pour toujours abandonnée. Elle pouvait très bien être malade, mais tout, autour de moi, me hurlait qu'il était trop tard.
− « Hum... le cours est terminé. »
La voix du professeur vint brouiller, puis anéantir la silhouette, le fruit de mon imagination, assise sur la chaise vide. Je levai les yeux pour croiser son regard. Une lueur bienveillante, presque amusée, illuminait ses iris.
− « Désolé de te mettre dehors, mais je vais devoir fermer la classe.
− Où est-elle ? »
Les mots étaient sortis de ma bouche sans que je puisse les contrôler. Le professeur me regarda sans comprendre.
− « Mais enfin, jeune homme, de qui parles-tu ? »
Comme je m'en doutais, il n'avait même pas remarqué son absence.
− « Maria, poursuivi-je.
− Qui donc ?
− Maria, la jeune fille tout devant vers la fenêtre.
Je désignai la place abandonnée. Le professeur suivi mon geste avant de revenir plonger son regard dans le mien.
− « Rappelle-moi ton nom, jeune homme, reprit-il.
− Louis. »
Le professeur jeta encore une fois un regard en direction de la chaise, puis se tourna vers moi, une expression indéfinissable sur le visage.
− « Okay Louis, tu viens avec moi, on en parlera ensemble dehors. »
Je me levai et le suivis à l'extérieur. En marchant entre les murs, ces couloirs me paraissaient étrangement vides.
Puis, nous pénétrâmes dans la salle des professeurs, juste à côté du secrétariat.
Il me désigna une chaise.
− Assieds-toi là. »
Son ton était ferme et je sentais dans sa voix que ce n'était pas son intention mais qu'une angoisse semblait avoir pris possession de lui.
Savait-il quelque chose à propos d'elle que j'ignorais encore ?
− « Son nom de famille ? »
Il était tout pâle, faisait les cents pas, impatient.
Je réfléchi un instant avant de me rendre à l'évidence que je n'en avais pas la moindre idée.
− « Je ne sais pas... »
À ces mots, je cru qu'il allait défaillir. Mais je me repris aussitôt.
− « Mais... elle est dans la même classe que moi, la AB2, si ça peut vous aider. »
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Recueil de textes
RandomCeci n'est pas une chronique, mais plutôt un recueil de textes, sans liens entre eux, dans un ordre aléatoire. Enjoy !