1. Bande d'incapables (version officielle)

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Je suis entourée d'une bande d'incapables  !

Mes doigts s'agitent sur le clavier de l'ordinateur tandis que je cherche le document que je suis censée présenter dans moins de dix minutes.

Je hurle à travers la pièce, plus énervée que jamais :

– Bénédicte  ! Où est ce maudit PowerPoint  ?

Mon assistante sursaute. Elle manque de renverser le dossier qu'elle tient en main, sa lèvre tremble comme si elle allait se mettre à pleurer. Je souffle fort par le nez pour tenter de contenir mon agacement.

Les yeux levés au ciel, je lui demande d'une voix irritée :

– Qu'est-ce qu'il y a, Bénédicte  ? Ton clébard a fini écrasé sur le bitume  ?

À son air dévasté, je crois que j'ai visé dans le mille. C'était à prévoir : son chien, en plus d'être moche, est débile. Je l'avais pourtant mise en garde, qu'à force de le ramener dans nos locaux, il lui arriverait un pépin. La route devant notre immeuble est dangereuse et son cabot fugueur ne possède aucun instinct de survie. Pour preuve : dès qu'il me voit, il me fait des joies.

Toujours est-il que ces boules de poils ont une espérance de vie plus courte que la nôtre, plus tôt elle se fera à cette réalité et mieux ce sera.

– Allez, remets-toi : des chiens puants, ce n'est pas ça qui manque. Un de perdu, dix de retrouvés. C'est ce qu'on dit, non  ?

Pressée qu'elle se reconcentre sur son travail, je me lève pour lui tapoter l'omoplate dans une piètre tentative de consolation. Je grimace lorsque mes doigts s'emmêlent par inadvertance dans ses cheveux jaune paille aux pointes effilochées.

Elle étouffe un sanglot.

– C'est ma grand-mère. Elle est morte hier soir.

Ah...

Ma gorge se noue pendant une demi-seconde  ; je déteste cette sensation, symbole de ma faiblesse.

– Oui, bon, je suppose qu'elle était vieille, il fallait bien qu'elle meure un jour.

Je soupire en me pinçant l'arête du nez. Si elle pense pouvoir pleurer sur mon épaule, elle se trompe. Cela fait bien longtemps que celles-ci sont couvertes d'épines acérées. Malheur à celui qui voudrait s'y reposer.

Ses états d'âme m'épuisent, pourtant j'ai le sentiment qu'ils ne font que commencer. Il faut que j'y mette un terme.

Je regarde ma montre.

Cinq minutes de perdues, alors qu'on est déjà à la bourre  !

Mes ongles manucurés pianotent le cadran pour lui signifier mon impatience.

– Allez, la minute épanchement est finie. (Je tape dans mes mains.) Elle est morte. C'est triste. Toutes mes condoléances et patati et patata. Maintenant, on passe à autre chose et on s'active. OK  ? Ce PowerPoint, il est où  ?

Elle me dévisage comme si je venais de la frapper. Un cri s'échappe de sa bouche grande ouverte tandis que ses petits yeux de cocker s'emplissent à nouveau de larmes.

Et c'est reparti  !

– Qu'est-ce qu'il y a, encore  ?

Ce n'est pas du tout le jour idéal pour s'appesantir. Ce minable de Dexter, un arriviste débarqué il y a moins d'un an dans l'agence, cherche par tous les moyens à me piquer mon poste. La réunion de ce matin est primordiale. Une fois que j'aurais présenté mon projet, ce blanc-bec à peine sorti des jupons de sa mère viendra me manger dans la main. Sale petit opportuniste qui pense que ses diplômes et sa gueule de jeune premier vont lui ouvrir toutes les portes. Je vais l'écrabouiller comme l'insecte nuisible qu'il est  ! Mais pour ça, j'ai besoin de ma présentation.

Sexy paradise Island (Édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant