Chapitre 11

3 0 0
                                    

(m.) la voix : brûlante, sensuel, aiguisée...toutes les voix sont différentes les unes des autres. Intégrale partie de notre personnalité, elle définit qui nous sommes, tout le long de notre vie.

Un jour, quelqu'un a dit soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris, et c'est vrai. Cette phrase n'est pas faite pour croire qu'il ne faut se confier qu'en soi-même, de n'écouter personne d'autre que nous, non. Parce qu'on aura beau dire ce que l'on veut, l'Homme ne peut avancer seul. On aura toujours besoin, sans le savoir, de l'aide de quelqu'un, de conseils d'autrui. Besoin de savoir ce que les autres pensent pour avancer, car l'humanité doit être dans une norme. Mais tout ça n'est que foutaise dans les cœurs, et nous persistons à ne rien dire, à faire pareil que les autres.

C'est ça que veut dire la phrase soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris, elle veut faire comprendre que dans ce monde, il y a une place pour tout le monde, mais une place reste une seule et unique place. Nous sommes qu'une seule et unique personne, ne nous confondons pas avec d'autres.

Mélanie avait peur qu'en faisant ce qu'elle s'apprêtait à faire avec Austin et Lisa, elle se mélangerait à eux, elle perdrait toute son honneur. Et elle ne le voulait pas, elle ne le pouvait pas. Mais il le fallait. Car celle qu'elle était ne laissait pas tomber une personne qu'elle aimait comme elle aimait Lisa.

Ses parents lui ont toujours appris à rester humble et à persister contre le destin, car ce n'était pas lui qui allait construire son avenir, mais seulement Mélanie elle-même. Sa mère, grande chirurgienne, essayait de lui apprendre les valeurs de l'apprentissage, mais elle manquait à l'appel de chaque repas, de chaque concours de danse, de chaque sortie d'école. Son père quant à lui, jeune retraité enseignait à son aînée l'art de vivre, ce n'était seulement ce qu'il savait : manger, parler, dormir : vivre. Après quoi, Mélanie devait faire un choix, et vivre était le meilleur. 

         Encore plongée dans son bouquin de maths, la jeune fille repensa à toute cette histoire, à comment allait-elle s'y prendre, ce qu'elle devait faire. Et toutes les questions menaient à une seule et même conclusion : parler à Austin. Il fallait lui demander ce qu'il se passait exactement entre eux, parce que pour Mélanie cette situation devenait incompréhensible. Elle était avec Even, à présent, il fallait gérer tout ça.

En réalité, elle n'était même pas si sûre que ce qui l'angoissait fût de savoir ce qu'il se passait entre elle et Austin, mais la peur. Elle avait peur. Peur d'arriver à un moment où il faudrait qu'elle fasse un choix entre Even et Austin, ou encore Lisa. Ce genre de situation ne devrait pas exister, parce que comme on dit, si tu l'aimais, tu ne l'aurais pas trompé, Mélanie aimait-elle vraiment Austin ? Elle sortait donc avec Even par défaut, et rien qu'à l'entente de ce mot, Mélanie se froissa. Comment osait-elle leur faire ça, à tous les trois ? Comment Mélanie Kimber arrivait à se prendre la tête pour une histoire de garçons. Non, il fallait que tout ça s'arrête.

        Le second étage était silencieux, le bureau de monsieur Kimber sombrait dans le calme. Mélanie froissa une photo dans sa main qu'elle avait récupérée de sa chambre, la cornant par moment puis, avançant vers le bureau de son père, elle brisa ses points et frappa à la porte. Le bruit résonna dans ses tympans et le regret l'envahit, jusqu'à qu'elle entendit la voix rauque et chaleureuse de son père, l'invitant à entrer.

Elle ouvrit la porte lentement, laissant le grincement du bois se mélanger aux bruits incessants que faisait le clavier. La tête plongée dans son écran et ses lunettes retombant sur son nez, Mélanie remarqua que son père avait pris un coup dans le temps. Elle n'y avait pas vraiment fait attention, même si parfois elle apercevait des petites rides par ci par là, mais lorsqu'elle le vit assis sur sa longue chaise rouge, plongé dans un ordinateur, la main tremblante sur la souris, forçant sur ses yeux, elle ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur.

InconnuWhere stories live. Discover now