S comme Sourire

S comme Salut

Elle pleurait.

Seule dans cette pièce.

Enfin c'est ce qu'elle croyait.
Car quelqu'un l'observait, assis dans le couloir.

"Salut"

Elle sursauta.
Qui avait parlé ?
Elle leva la tête. Un garçon debout dans l'embrasure de la porte l'observait.

"Salut"

Elle répondit la même chose d'une voix tremblante. Elle le reconnaissait. Il était dans sa classe.

"Ça va ?"

Elle ne répondit pas et tourna la tête.

"Tu veux en parler ?"

Elle l'observa un moment. Il avait les cheveux blonds tirants sur le châtain et un de ces regards de gamin, émerveillé et innocent.

Ils ne se connaissaient presque pas, et il voulait qu'elle lui raconte toute sa vie ?

Mais tout au fond d'elle, le fin fond des abysses de son cœur et de son âme, elle savait qu'il fallait passer par là un jour.

Et quelque chose le regard du garçon, sa façon de parler, ses gestes, quelque chose qui émanait de lui, comme une aura, lui disait qu'elle pouvait lui faire confiance.

Elle soupira. Ça allait être dur de ne pas pleurer.

Et Elle lui raconta tout. La violence de son père, le soi disant suicide de sa mère, la violence encore plus violente de son père, les règles ultra-strictes qu'il lui imposait, son calvaire quotidien, le fait qu'elle n'ait aucun amis, l'accident du bus d'hier, pour en arriver au fait qu'elle se réfugiait ici presque tous les soirs.

"Voilà, tu sais tout."

Elle sentit alors quelque chose lui glisser sur la joue, quelque chose de chaud, de mouillé, comme une larme.
Elle ne s'était même pas aperçu qu'elle pleurait.

"Et bien maintenant, je serai ton meilleur ami"

Elle sourit. Ça faisait bizarre d'entendre quelqu'un s'intéresser à elle, mais qu'est-ce que c'était bon...

"Et toi, c'est qui ton histoire ?

-Moi ? Et bien mes parents sont morts dans un accident de voiture quand j'était petit, je ne les ai presque jamais connus. J'ai été balloté de famille d'accueil en famille d'accueil. À dix ans j'ai été adopté par un merveilleux couple qui ne pouvait pas avoir d'enfant et je vis encore avec eux aujourd'hui. Et actuellement j'attends un ami qui a un cours de guitare. Mais il est 18h45, tu ne peux pas rentrer chez toi, ton père te tuerais !

-Nan t'en fais pas, je survivrais.

-Non je suis ultra sérieux. Tu peux pas rentrer chez toi !

-Ok mais j'irai où ?

-Viens chez moi, j'ai un appart pas loin."

L'offre était tentante. Fuir son père, rien qu'un soir, était à prendre. Mais elle ne voulait pas être de trop...

"Mais tu devais pas attendre un ami ?

-Si mais il peut bien se passer de moi une soirée ! Aller viens c'est pas loin !"

Il la tira par le bras et elle ne put s'empêcher de rire. La situation était tellement absurde ! Un garçon qu'elle connaissait à peine lui proposait de dormir chez lui et elle, elle disait oui !

Elle en profita pour envoyer un message à son père. Ce soir, ce serait à lui de faire la cuisine tout seul !