S comme S'enfuir

33 8 23
                                    

Installés sur les banquettes du train, Il l'observait dormir. Dans cette position, on voyait bien ses blessures. Des coupures horizontales sur ses avants bras. Mais aussi des brûlures de mégots de cigarette.

"Son père est un vrai connard." pensa-t-il.

Infliger cela à une fille aussi gentille et jolie était simplement impossible ! Comme promettre de ne pas manger le gâteau sur la table : impossible.

Mais soudain, il sentit une petite pression sur son épaule. Il tourna la tête. C'était un grand-père qui semblait vouloir lui parler.

"Dis donc, elle va pas bien votre copine, toutes ces blessures... Et regardez ses cernes, et elle est si maigre ! Cadavérique je dirais même !

-Oui, c'est son père qui la bat. Mais je pense qu'il n'osera plus jamais la toucher après ce que je lui ait fait.

-De la violence pour combattre la violence hein ? Ce n'est pas la meilleure solution mais s'en ait une.

-Son père était un vrai connard, il a tué sa femme !

-Oui bon c'est vrai que ça va loin, mais la violence n'est pas la meilleure des solutions. J'ai fait la guerre, je peux en témoigner.

-Bah qu'elle solution auriez-vous trouvé pour qu'il arrête ?

-Et bien vous auriez pu lui parler, la résonner.

-Il est alcoolique, je doute qu'on pouvait le raisonner.

-Bon, si tu le dit. Mais fait attention, une fille qui à vécu cela est très fragile. Elle se brise facilement."

Il aurait voulu répondre que c'était faux, qu'elle était très forte mais il s'arrêta. Il ne la connaissait pas si bien que cela, il ne pouvait rien affirmer.
Soudain, la voix mécanique du conducteur rententit dans le train.

"Ah. Je descends ici. Au-revoir jeune homme, ce fut un plaisir de vous rencontrer."

Il le salua d'un coup de tête.

Il fixa la jeune fille. Que cachait-elle sous sa carapace ? Une guerrière ou une fille brisée ?

Il lui toucha les cheveux.

Soudain, elle se réveilla.

Elle cligna des yeux plusieurs fois et bailla discrètement. Puis elle s'étira le dos méticuleusement.

"Bien dormi marmotte ?

-Yé mal au dos !

-Pauvre chouquette.

-Mais j'ai mal heu !

-Bien fait t'avais qu'à pas être ronchonne."

Elle lui tira la langue et ils éclatèrent de rire.

Mais bientôt, il fallut descendre du train. Il la tira par le bras et ils marchèrent sur le quai.

"Je n'avais pris le train qu'une seule fois avant.

-Pour aller où ?

-Quand mon père était encore un homme gentil, on était allé dans un aquarium. C'était génial. Tous ces poissons ! Mais depuis je n'y suis plus jamais retourné...

-Et bien là tu pourras voir tous ces poissons, mais en vrai !"

Ils arrivèrent à l'extrémité du quai et commencèrent à marcher dans la ville.

"Ferme les yeux.

-Quoi ?!

-Fais moi confiance. Ferme les yeux chouquette.

-Bon d'accord. Mais tu me dit si il y a des marches ok ?

-Je te guide."

Arrivés devant une plage, il mit les mains sur ses yeux clos et lui dit :

"À trois tu ouvres les yeux. 1,2..."

Elle n'attendit même pas trois et enleva les mains de l'autre de ses yeux.

Ce qu'elle vit la laissa bouche bée.

La mer !

Elle ne l'avait jamais vu en vrai !

"Merci..."

Mais elle doutait fortement qu'il ait entendu quoi que ce soit, car sa voix n'était plus qu'un murmure.

S comme SourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant