Théo, ou le joli con

Chapitre introductif

Théo tapotait sur le clavier tactile de son smartphone. Deux écouteurs enfoncés dans ses oreilles il n'entendait pas le bruit continu du métro. Ce trajet, il l'avait fait tant de fois qu'il pouvait même l'effectuer les yeux bandés.

Recevant trois textos en même temps car son téléphone venait de capter un peu de réseau, Théo choisit celui de Fanille. Une super fête allait avoir lieu dans son micro appart la semaine prochaine, en plein dans les vacances de pâques. Comme un homme d'affaire professionnel il envoya un gif signifiant qu'il ferait parti de la fête et passa au message suivant. Son pote Sam venait de rompre avec Natacha et il avait besoin de se confier un peu. Pauvre Sam quand même, dire qu'il y a un mois c'était l'amour fou, l'amour avec un grand A. Natacha était trop peu impliquée, toujours la tête en l'air, Sam avait dû se faire une raison, elle ne l'aimait pas comme lui l'aimait.

Le dernier texto, lui, venait de sa mère. C'était pour sûr un mauvais signe. Un très mauvais signe même. Devait-il le supprimer avant même de l'avoir lu et prétexter un bug informatique ? Sa mère était trop peu calée en smartphone et techno-machin qu'il pouvait bien lui faire gober tout ce qu'il voulait. Cependant sa curiosité pris le dessus.

« Théo, rentre pour l'heure du dîner, on a à te parler »

Rapide, court et net, l'heure du sermon avait sonné. Les notes du dernier bac blanc avaient dû fuiter. Quelle misère, il fallait déjà dire adieu à la fête de Fanille.

Sans se démonter, Théo renvoya un « ok » pour se décharger de la tension musculaire. Il se leva, parce que le metro était à son arrêt et sortit sans même regarder les personnes qui l'entouraient. Une mamie, non loin de là, avait observé toute la scène. De ses lèvres retroussées elle avait amèrement pensé à sa jeunesse dorée et dans ce gamin accro au téléphone, elle avait reconnu la débilité de l'Homme avec un grand H. Il aurait suffit qu'il lève le bout de son nez pour voir une fille du même âge, les joues roses et les yeux papillonnants de rêves.

Dans les escaliers la foule le bouscula mais Théo n'en pris même pas conscience, un snap de Michel venait d'arriver. Le réseau, et avec, la 3G étaient miraculeusement réapparus. Apparement son ami avait réussi à gérer un meuf super bonne, parce qu'il lui envoyait un string de dentelle rouge. Ce bon vieux Mich toujours aussi crâneur pensa-t-il en renvoyant une photo du cul de la dame marchant devant lui.

Arrivé dans sa rue, il glissa son smartphone dans la poche arrière de son jeans, et s'arrêta à la boulangerie du coin. 'Bonjour, une baguette de campagne s'vplait !' Cà, pour sûr que ca ferait plaisir à sa mère. Il n'y pensait qu'une fois par mois, mais quand ça arrivait ca faisait toujours un grand plaisir. Il était presque le héro de la soirée, alors avec les notes du bac blanc, ça adoucirait les choses.

Ouvrant sa grille d'immeuble il croisa un voisin qui lui sourit poliment. Théo fit de même et ressortit son téléphone pour les 5 étages d'ascenseurs qui l'attendaient. Jamais il n'aurait pu se passer de son bijou technologique. Il l'avait commandé pour noël, et depuis, ses parents ne cessaient de se lamenter sur leur erreur stratégique. Il fallait se rendre à l'évidence, Théo en était accro, c'était presque sa raison de vivre.

« Salut tout l'monde ! Je suis passé chercher le pain pour le repas de ce soir.

– Ah te voilà enfin.

Son père et sa mère l'attendaient tout les deux sur le seuil de l'entrée. Il avaient l'air assez remontés et un rien pouvait les faire éclater. Ce soir allait être une catastrophe pensa dans un soupir de résignation le jeune garçon tout en s'engouffrant par la porte.

Autour de la table quelques minutes plus tard un silence de mort planait. Cela embêtait profondément Théo, qui n'avait qu'une seule envie, quitter le repas pour jouer à fortnight. Quel ennui d'attendre que les mots sortent. Pour sûr qu'ils sortiraient, et avec grand éclats, mais quand ? Ca c'était une question de patience qu'il était dur de gérer.