(1) Les lieux

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En rentrant, la première pensée de Théo fut : "c'est quand même sacrément sombre". Les grosses poutres de la structures empêchaient toute lumière de filtrer d'une pièce à l'autre. Il fallait même un temps d'adaptation pour que les yeux discernent quoique ce soit. C'était une vraie grotte parfaitement adaptée pour des hommes de cavernes.

Faisant quelque pas, le jeune adolescent remarqua le bas plafond qui menaçait de s'effondrer à tout instant et malgré cet affaissement, tout semblait indiquer qu'il tenait le coup depuis des siècles. De gros meubles longeaient les murs occupant une grand partie de l'espace. Le tout était un mélange de grandeur, d'ancienneté et de poussière.

– J'ai fait un peu de ménage avant que tu n'arrives. Viens, ta chambre est à l'étage, dans le grenier.

Théo suivit son oncle, qui portait encore sa valise, grimpant les petits escaliers de pierres. Loin de l'ascenseur en métal de son immeuble, le garçon dû prendre sur lui pour ne pas retomber dans une deuxième grosse déprime. Il fallait seulement se dire que deux semaines c'était quatorze journées. Peut-être qu'il ferait des bâtons sur son mur, tel un prisonnier comptant ses jours.

Jacques n'avait pas menti, sa chambre se trouvait vraiment dans le grenier, pourtant ce n'était pas aussi atroce que toutes les images qui venaient de défiler dans sa tête. Il n'y avait pas un entassement d'objets, des piles d'albums photos et des moutons de poussières dans les recoins. C'était un petit grenier effectivement, mais il n'y avait rien si ce n'est un petit lit avec un matelas d'une propreté tout à fait honnête. Une fenêtre dans le toit venait même éclairer le tout. Cette partie de la maison contrastait fortement avec l'obscurité vu jusqu'à présent.

– Je te laisse t'installer, quand tu seras prêt tu viendras prendre ton dîner en bas.

Sans plus attendre Jacques le laissa seul pour faire connaissance avec les lieux. Posant son sac aux pieds du lit, Théo fit la première chose qui lui semblait nécessaire, il s'écroula sur le lit. Le dur matelas l'accueillit avec raideur, mais c'était la chose la plus réconfortante qu'il venait de tester dans la journée.

Ses parents ne savaient même pas dans quoi ils venaient d'envoyer leur fils, Théo en était persuadé, sinon, comment expliquer qu'ils l'aient fait ?

Il se redressa et avec des gestes monotones ouvrit sa valise pour en sortir deux trois affaires. Un pyjama et des habits pour le travail étaient ses seuls effets personnels. Le reste, c'était des manuels, des cahiers de cours et encore des manuels. Le message était clair, les deux semaines étaient deux semaines de révision et rien d'autre. Ou plutôt, deux semaines en enfer.

S'éloignant de sa valise avec dégoût, Théo se dirigea vers la fenêtre. Au moins, il allait pouvoir voir un bout du ciel et c'était un grand luxe. Bataillant avec la poignée rouillée, il réussit à ouvrir la vitre et de manière hésitante il se hissa sur le toit. Les tuiles n'étaient pas des plus neuves mais elles avaient l'air de s'accrocher encore à la toiture.

Le garçon s'assit avec satisfaction sur le carré de tuiles le moins sale et regarda avec un long soupir le terrain qui encerclait la maison. Pour le coup ce n'était pas que des champs plats, il y avait un enclôt de vaches non loin de là, des grandes fougères par là et une étable de l'autre côté.

Respirant à plein poumons, Théo reteint cette odeur de bouse pour se la graver dans son disque dur interne. Lui, adulte, il ne respirerait plus jamais une telle odeur. Il ne mettrait jamais un pied à la campagne de son propre chef et plus jamais il ne reverrai l'oncle Jacques.

– A table !

Sautant par la fenêtre le garçon prit les escaliers pour rejoindre son oncle qui l'attendait, une immense casserole dans les mains. Ce soir, comme tous les soirs à venir, ils allaient manger du bouillon.

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⏰ Last updated: Jun 04, 2019 ⏰

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Théo, ou le joli conWhere stories live. Discover now