En cette fin de matinée, comme l'avait dit Juliette, il a plu. Et encore une fois Léonard, mon ami d'enfance, s'est embrouillé avec ma meilleure amie à ce sujet, en soutenant que c'était le fruit du hasard. Et à la fin, les deux me demandaient de prendre un parti et comme toujours, je changeais de sujet pour ne pas avoir à choisir. J'étais très proche de Léonard et je partageais beaucoup de chose avec lui, il venait souvent à la maison pour jouer aux jeux vidéos ou encore pour qu'on se raconte nos secrets. Juliette, elle, était arrivée dans notre école il y a deux ans, et s'est très vite intégrée à la classe. Sûrement parce que j'ai fait part à mon ami de mon envie de la connaître et qu'il a tout fait pour qu'elle fasse partie de notre bande. On est devenues très proche, mais très rapidement j'ai compris qu'il y existait quand même une frontière entre nous qu'on évitait de dépasser.
Sasha était assis sur une table, dos au mur, les jambes balançant dansl'air pendant qu'il lisait un livre. Léonard s'approchait alors à pas de loup afin de lui faire une frayeur, comme à son habitude, et de façon si prévisible, que notre ami reçut son livre en pleine tête. Il avait toujours tendance à le taquiner, à cause de son côté enfantin qu'on retrouvait dans sa manie de balancer ses jambes dans le vide. On était une bonne petite bande, on savait rire et s'entraider. D'ailleurs, je donnais toujours mes devoirs à Léonard lorsqu'il oubliait qu'il y en avait. Juliette me trouvait trop gentille avec lui, et à ces moments, notre ami s'enjaillait en répétant que celle-ci était jalouse parce que je lui accordais beaucoup trop d'attention.
Elle s'énervait toujours à ce propos, alors que le rouge m'était monté aux oreilles dû au malaise. J'étais aussi, énervée contre Léonard parce qu'il savait pertinemment, quels étaient mes sentiments à l'égard de la rouquine. Ça en devenait risible, parce que même Sasha l'avait remarqué. Je le savais pas le biais de mon ami d'enfance, et la seule à n'avoir rien vu c'était Juliette.
Pendant une pause lors du cours de sport, je discutai un peu avec Léonard, notamment de mon ressenti maintenant envers Juliette, pendant que j'observai la concernée, jouer au tennis devant moi. Je n'avais pas grand chose à dire sur le sujet, tout se voyait directement sur mon visage.
« Tu ne vas rien lui dire ?
- Non, j'ai peur de gâcher notre amitié.
- Mouais, me répondit-il peu convaincu, tout en jouant avec ses doigts. »
Je le sentis un peu confus et en jetant un coup d'œil sur ses mains, je compris que quelque chose le dérangeait, mais qu'il n'osait pas me le dire. Au même moment, Juliette avait disparu de mon champ de vision. En la cherchant du regard, je finis par l'apercevoir au loin et la scène fut comme un coup de massue sur ma tête. Au même moment, Léonard finit par lâcher le morceau :
« Je crois que Sasha est intéressé par Juliette. »
Et comme pour donner une image à ces mots, je discernai au loin, les deux face à face en train de discuter. Je vis Sasha annoncer une nouvelle qui sembla dérouter mon amie et après une longue pause il lui prit la main. Ils rougirent tous les deux, quand soudain, elle croisa mon regard. Elle lâcha alors d'un coup sa main en détournant ses yeux des miens et j'en fis de même. Mon ami, interpellé par mon mouvement de tête, se redressa et comprit rapidement ce qui venait de se passer. Ma réaction ne se faisait pas attendre, je me levai attrapant le haut ma bouteille d'eau entre mon index et mon majeur et je leur tournai le dos en partant vers mon prochain match.
Je n'ai pas donné cher, de la peau de mes adversaires après cet acte. Comme pour décompresser, j'ai balancé mes balles avec une colère rarement vu chez moi. Je voyais parfois du coin de l'œil, Léonard discuter avec les deux autres. Ils semblaient en désaccord. Je ne voulais pas particulièrement chercher à comprendre ce qu'ils se disaient. Je sentais que sur l'instant, Juliette cherchait à m'éviter le plus possible. Ce qui ne me dérangeait aucunement, car je ne savais pas de quoi j'aurais été capable à ce moment. Je n'étais pas en colère, parce que du fait que Sasha était un garçon, il avait pu faire ce que je voulais faire depuis deux ans mais bien parce qu'il avait réussit là où mon indécision m'empêchait de prendre une décision. Bien que d'un côté, je le jalousais, c'était un garçon, il le pouvait, alors que si je l'avais fait, j'aurai peut-être perdu beaucoup.
A la fin de la journée, je n'ai pas touché un mot sur ce qui s'était passé. La tension était palpable dans le groupe. Je restais sur mon téléphone et dès qu'on tentait de m'adresser la parole je les figeais sur place avec mon regard qui n'avait jamais été aussi glacial. Comme à notre habitude, on faisait un bout de chemin ensemble, avant de se séparer à nos arrêts respectifs. On s'étaient arrêtés sur la route, chez un commerçant pour prendre des boissons. Lorsqu'ils avaient tous le dos tourné, je fis demi-tour et partis rapidement vers mon arrêt. Après cinq minutes d'attente, un bus arriva et je vis derrière, une fille courir pour l'avoir. Cette fille, c'était Juliette. Dès qu'il s'arrêta, je montai immédiatement et m'assis en espérant qu'il démarre avant qu'elle arrive. Malheureusement, elle eut le temps d'arriver et d'entrer. Après avoir regardé rapidement à l'intérieur, essoufflée, elle avança vers le fond. Elle s'arrêta devant le siège vide, à côté de moi en attendant mon approbation. Ses cheveux étaient complètement ébouriffés, et son torse se gonflait rapidement pour attraper l'air nécessaire. Je la regardai, retirai mon sac du siège et le posa sur mes genoux. Elle prit place à côté de moi. Le trajet se passa sans un échange de regard et sans un mot.
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L'instant d'une vie
RomanceAmour, trahison, hésitation, amitié, regrets... On connait tous ces sentiments. Mêlant des émotions à toute épreuves, le premier amour est souvent difficile. Notre personnage va expérimenter l'un des instants les plus importants de nos vies. Face à...