Chapitre 3

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     J'étais retournée chez moi sans dire un mot, ne cessant de repenser à ce que m'avais dit Léonard et ce que j'avais vu. Je m'étais enfermée dans la chambre, me réfugiant sous mes draps, les écouteurs dans les oreilles, plongeant dans mon monde pour ignorer les appels et messages de mon ami d'enfance, tout comme ceux de Juliette et Sasha. Mon frère Nathan, qui fut le premier après moi à rentrer à la maison, a tenté de rentrer dans ma chambre pour essayer de me voler une nouvelle fois, mon ordinateur. Sa tentative avait échoué après s'être prit un violent coup d'oreiller sur la tête pour avoir troublé ma tranquillité.

Quelques heures plus tard, mon père et Théo sont revenus, et je suppose qu'après les explications du cadet, les deux curieux sont montés voir ce que j'avais. Le benjamin ayant senti le danger s'est finalement défilé avant de passer le pas de ma porte. Quant à mon père, il a suffit qu'il croise mon regard pour que lui aussi parte, de peur des représailles. Je faisais très peu la tête, et quand ça arrivait, on préférait attendre l'arrivé de l'aîné de la famille pour qu'il puisse prendre en main la situation. Dans la hiérarchie de la famille, on faisait beaucoup confiance à Daniel contrairement à notre père.

J'entendais la porte d'entrée s'ouvrir, puis quelques minutes après, celle de ma chambre. Quelques pas se firent entendre, avant de sentir mon matelas s'affaisser et une main se poser tendrement sur ma tête, au-dessus de la couverture. 

« Hey, qu'est-ce qui se passe, ma belle ?

- Rien...

- Allez, tu sais bien que tu peux tout me dire... 

Devant mon silence, l'aîné hésita puis reprit :

- Est-ce que j'ai déjà été inutile ? Fais-moi confiance et derrière je te commanderai une pizza.

Après un instant de réflexion, je soulevai la couverture et redressai le haut du corps. J'aperçus un léger sourire victorieux sur le creux des lèvres du garçon. C'est alors que je commençais à expliquer le soucis, sous le regard attentif de Daniel. 

- Je comprend mieux, répondit-il à la fin de mon récit, tu as laissé l'un des deux t'expliquer ce qu'ils se disaient pendant que tu les regardais ? Tu as peut-être mal interprété.

- Il lui tenu la main et ils avaient les joues toutes rouges. Ce sont des signes qui ne trompent pas... 

- Tu as peut-être mal compris la situation... 

- Je te dis que non ! Son regard ne trompait pas en tout cas ! commençais-je à m'exclamer. 

- Hé, calmes-toi s'il te plaît. Je te dis juste que tu devrais en parler, au moins à Léonard. 

- Non, je n'ai pas envie, ni à lui, ni à Sasha et encore moins à Juliette. 

Je le vis se gratter la tête d'un air embêté tout en regardant ailleurs. Je connaissais cette mine, il réagissait toujours ainsi quand il ne savait pas quoi faire. 

- Tu sais quoi ? Je suis encore énervée, on va dans ta chambre, je veux jouer. décidais-je alors pour clore le sujet. »

Le pauvre n'eut pas le temps de refuser mes caprices que je courais déjà vers sa chambre.

     Pendant le reste de la soirée, je jouais à la console avec mes frères et mon père, qui sous les conseils de Daniel, on tous cherché à me faire rire. C'était une soirée assez loufoque, autant pour eux que pour moi, car j'avais fini par retrouver le sourire. Mais à partir de quelques heures, en plein éclat de rire, j'ai fini par pleurer à flot. La colère descendue, je pense que mes sentiments se sont déchaînés.

Les yeux brûlant par une lueur, je finissais par les ouvrir lentement. Je regardai autour de moi, je vis ma famille dormir au sol auprès de moi devant la télévision. Mon petit frère dormait contre mon père, Nathan, lui roupillait dans une position qu'on pourrait qualifier de surprenante et quant à mon frère Daniel, il s'était assoupi le dos contre le lit à côté de moi. Il semblerait que je m'étais endormie sur lui comme quand j'étais enfant. Je me levai discrètement pour sortir de la chambre et aller vers la mienne.

Sur mon lit, mon téléphone clignotais d'une lumière bleu. Je récupérai l'appareil où je pouvais lire dessus « 47 appels manqués », « 76 messages reçus ». Mais ce qui me surpris, c'était le fait que j'avais reçu et manqué des appels qui dataient d'il y a à peine cinq minutes. Le nom du correspondant m'étonnai encore plus. 

     Je sortis de la maison vers dix heures, et commençai à me diriger vers un endroit bien précis. Après quelques minutes de marches, je me retrouvai à l'entrée d'un parc où, sans surprise, m'attendait Sasha.

Une atmosphère pesante nous entourait. On s'était installés sur une table depuis une vingtaine de minutes, mais aucun de nous n'avait osé commencer la discussion. Je n'arrivai pas à déchiffrer ses émotions, il ne laissait rien paraître, et d'un côté je pense que ça me frustrai de le voir aussi indifférent face à la situation. Ayant assez de ce silence, je pris les devants : 

« Bon, j'ai compris dans ton message que tu voulais me parler, je t'écoute.

Il laissa un instant de silence, comme s'il réfléchissait aux mots qu'il allait employer. 

- Je sais que nous deux nous n'avons jamais été particulièrement proche, c'est vrai qu'en général on échange peu dans la bande... mais j'avais besoin de te parler...Avant tout, j'aimerai te poser une question. 

- Vas-y, l'incitais-je en me doutant de la question. 

- Tu crois que Léonard est attiré par les garçons ? »

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