Me penchant derrière Gabriel, je secouai mon pinceau plein de peinture sur ses cheveux bruns. J'éclatai de rire en l'entendant marmonner un juron. Mon amusement redoubla quand il passa sa main dans sa tignasse, cherchant à se débarrasser de la peinture. Seulement, son geste l'étala davantage.
— Attends, il te manque un bout, grand-père ! m'exclamai-je en remettant une couche de gris.
— Ah ça, certainement pas !
J'entendis la réplique de mon frère une seconde trop tard. Usant de sa vélocité surnaturelle, Gabriel se redressa et échappa à mon attaque. En une fraction de seconde, il se retrouva derrière moi. Je n'eus pas le temps de comprendre ce qu'il s'apprêtait à faire que je fus instantanément recouverte de peinture. Gabriel venait de vider le fond d'un pot sur moi.
Poussant un cri de surprise, je lâchai mon pinceau à même le sol et entrepris de débarrasser mon visage de la couche grisâtre dont il venait de me recouvrir. Puis, déterminée à prendre ma revanche, je récupérai le fond d'un des derniers pots de peinture que nous avions utilisés pour repeindre sa chambre et le lui jetai sans aucune hésitation. Il voulait la guerre, il l'aurait ! Les vêtements de Gabriel se retrouvèrent immédiatement tachés de gris et des éclaboussures de peintures barraient son visage. Je pouffai en le voyant essuyer sa bouche avec un air de dégoût.
Avec un sourire espiègle, mon frère s'empara du rouleau de peinture laissé à l'abandon sur le parquet, et se jeta sur moi. Riant à gorge déployée, je parvins à l'éviter à plusieurs reprises. Seulement, j'eus le malheur de me prendre les pieds dans le vieux papier peint que nous avions enlevé quelques heures plus tôt. Gabriel en profita et fit courir le rouleau sur mon dos.
— Ce n'est qu'un juste retour des choses, S ! s'exclama-t-il en me transformant de la tête au pied en bonhomme grisâtre.
— Tu ne paies rien pour attendre !
M'emparant du pinceau que j'avais laissé tomber par terre, je me défendis avec vigueur. Si bien qu'au bout de quelques minutes supplémentaires, nous étions tous les deux recouverts de peinture. Nos rires résonnaient dans la chambre, mais ils se tarirent rapidement quand un raclement de gorge attira notre attention vers la porte. À l'instar de mon frère, je me raidis en découvrant le regard mécontent de notre mère.
— J'aurais dû me douter que vous laissez travailler tous les deux dans la même pièce se terminerait ainsi ! soupira cette dernière en découvrant le carnage que nous avions créé.
— On a fini de repeindre les murs, dis-je avec un petit sourire timide.
— Et j'imagine que vous repeindre mutuellement faisait aussi partie de votre to-do-list ? répliqua ma mère en posant ses mains sur ses hanches.
Sans réellement nous consulter, nous haussâmes les épaules. Ma mère soupira et nous ordonna de remettre de l'ordre dans la pièce avant de filer à la douche. Elle leva ensuite les bras, abandonnant l'idée de nous confier une nouvelle mission de rénovation. Elle savait pertinemment que si elle nous envoyait repeindre une autre pièce, nous risquions de reproduire le même schéma. Gabriel et moi étions très complices. Il ne se passait pas un seul jour sans qu'on finisse par faire une connerie ensemble. Encore plus lorsqu'on se retrouvait embarqués dans la rénovation de notre nouvelle maison depuis deux jours. Nous détestions devoir remettre à neuf une baraque dans laquelle nous n'allions rester que quelques mois. Alors nous trouvions toujours un moyen pour rendre le travail plus divertissant.
— Je file à la douche, lançai-je dès que ma mère s'en alla. Vu l'état dans lequel mes fringues sont, à chaque pas je risque de mettre plus de peinture par terre qu'autre chose !
![](https://img.wattpad.com/cover/2155230-288-k482851.jpg)
VOUS LISEZ
Humana - 1. L'appel du sang (Disponible sur Amazon)
ParanormalAprès les années noires et le renversement du pouvoir en place, les créatures de la nuit ont désormais le contrôle. Lorsque Sérena Wilson intègre l'académie Valdenbourg, elle ne se fait aucune illusion sur son avenir. Au milieu de vampires, métamorp...