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Chapitre 3

Le lendemain matin, lorsque la voiture s'arrêta devant l'académie, mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Posant un regard anxieux sur les grilles majestueuses, je sentis mon estomac se nouer. J'avais très peu dormi la veille, incapable de penser à autre chose qu'à l'horrible journée qui m'attendait. Devoir affronter les regards des novices curieux et hostiles allait être un calvaire. J'avais fait ma rentrée dans suffisamment d'académies pour savoir à quoi je devrais m'attendre. Cependant, je n'avais jamais pensé que l'attention des jeunes de mon âge serait le cadet de mes soucis aujourd'hui.

Si je n'étais pas née nocturne malgré ma famille vampire, j'avais au fil des ans développé une sensibilité me permettant de voir les auras. Cette capacité venue de nulle part m'accordait la possibilité de discerner l'animosité et le mépris des nocturnes à mon égard. Et si, en temps normal, il me suffisait de me concentrer pour en faire abstraction, je sentais que cela risquait d'être impossible ici. L'académie possédait sa propre présence. Nous n'étions même pas encore arrivés près du bâtiment principal que je sentais déjà mes poils se hérisser. Ce qui n'annonçait qu'une seule chose : il y avait des nocturnes puissants dans le coin. Puissants et avec une aura qu'il m'était impossible d'ignorer...

L'idée de passer ma journée à gérer mon malaise face à ces auras, et surtout ma nausée, me déprima un peu plus. Si, à une époque, je me réjouissais à l'idée de pouvoir discerner les émotions des êtres m'entourant, mon don s'était avéré être une véritable malédiction. Dès qu'il y avait trop de nocturnes puissants réunis dans un même endroit, mon corps en prenait un coup. J'étais incapable de gérer le flux d'émotions que les auras de ces derniers me renvoyaient et ça me rendait littéralement malade. Alors, découvrir que l'académie de Silana était fréquentée par des novices suffisamment puissants pour accentuer l'aura des lieux n'annonçait rien de bon.

Avec un soupir, je suivis ma mère sur le chemin de pierres traversant la forêt entourant l'académie. Gabriel traînait des pieds derrière moi, mais il avançait sans faire d'histoire. Il s'arrêta cependant d'un seul coup lorsque nous arrivâmes devant le bâtiment principal.

— Dites-moi que je rêve ? souffla-t-il les yeux écarquillés. C'est un manoir... C'est un putain de manoir, S !

— Ton langage, jeune homme, le réprimanda ma mère, sourcils froncés.

S'excusant distraitement, mon frère me lança un regard ahuri. Je devais avouer que j'étais tout aussi étonnée que lui. C'était la première fois que l'académie où nos parents nous envoyaient ne ressemblait pas à un vieux lycée humain désaffecté. L'académie Valdenbourg paraissait immense. Le manoir principal, dans un léger style gothique travaillé, était épaulé par deux édifices latéraux construits dans les mêmes tons. De nombreuses arches et gargouilles trônaient sur les hauteurs. La majorité des murs en pierre étaient recouverts de lierre, mais on pouvait toujours voir les gravures fines apposées sur la pierre. Je compris que la plupart représentaient un lys lorsque je posai mon regard sur le linteau de la porte d'entrée. Les inscriptions A.V. pour Académie Valdenbourg étaient juxtaposées à côté de la même fleur. Un lys noir. Cela devait être l'emblème de l'académie.

— L'académie Valdenbourg est l'une des premières académies qui aient été fondées par le conseil des patriarches, intervint ma mère en nous voyant observer la bâtisse avec curiosité. Et contrairement aux autres académies, elle a su garder toute sa splendeur ! Venez, l'intérieur est encore plus impressionnant !

S'enthousiasmant face au léger intérêt que nous portions enfin à cette académie, ma mère nous entraîna vers la porte en bois massif de l'entrée. Comme elle l'avait annoncé, l'intérieur nous laissa tout autant sans voix. Le hall était recouvert de fines tapisseries représentant des scènes emblématiques de l'histoire des nocturnes. Et plus nous nous enfoncions dans le manoir, plus les décorations murales devenaient riches. Tableaux, sculptures et armes ornementales trônaient un peu partout.