[LE JOUR OU LA BEAUTÉ ATTEIGNIT SON PAROXYSME]

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L'espérance est violente

                       Pourtant si douce violence

Lyriko


Toute histoire commence par une rencontre. Toute histoire se finit par des larmes. Nous avions tout fait à l'envers et cela était beau. 

    Un jour, je ne sais pourquoi, mon esprit inventa Lyriko.

Étendue silencieuse dans l'herbe froide, je me souviens que je tentais de retenir mes larmes face aux mystères nocturnes de la nuit. Le ciel était écrasant, j'étouffais en silence. Cela faisait peut être une éternité que j'essayais de respirer. Mon cœur se déversait contre mon gré au yeux de toute la voûte céleste. Et tandis que ma pudeur m'étais arrachée sans ménagement, que le bruit assourdissant du silence résonnait dans ma tête, quelque chose céda au plus profond de moi m'obligeant à fermer les yeux.

Ce fut le moment que choisit Lyriko pour naître, tel l'esquisse d'un rêve un peu flou. Dans ce méat cotonneux l'esquisse se précisait à mesure que je me laissais aller.

Et lorsque tout mon corps se souleva en sanglot, une idée surgit au plus profond de mon âme. L'idée infusa à travers toutes mes veines rappelant des sensations de mon propre corps que je découvrais comme pour la première fois. Et bientôt une image se forma avec précision sur ma rétine. Comme si depuis toujours elle demandait à exister.

 Sous mes paupières ma volonté de créer été déchaînée, enivrante et prolifique. L'éternité semblait si courte pour parvenir à finir l'oeuvre que je cherchais à parfaire. Cependant la réalité comme toujours m'avait rattrapé se mêlant au chaos que je venais d'organiser dans mon esprit. J'avais ouvert les yeux, mais ce n'était plus l'ombre des arbres frissonnants que je voyais. Devant moi, dans le monde que je venais de façonner, je le vis enfin. Poupée de chair inanimée et silencieuse. 

Il était sublime, figé, attendant que sa créatrice l'autorise à exister.

Seul son visage traversé de larmes lui donnait l'illusion d'être vivant. Et puis il y avait ce contraste désarmant autour de lui. Cette rue bondée d'une foule mouvante, maussade, habitée. Tous luttaient contre la pluie battante qui s'abattait sur eux.

Moi je voyais ce spectacle déroutant entre deux univers qui se conjuguent. Le statique et le dynamique. Le jour et la nuit. Mes yeux fixés sur Lyriko me firent prendre conscience qu'il était l'objet, le centre de cet univers que j'avais inventé. Lyriko... Lui qui souriait alors même que ses propres yeux débordaient en rivière.

    J'avais eu si peur d'oser perturber ce moment où la beauté embrassait le paroxysme. 

Mon cœur, lui, avait eu peur d'exploser. Tremblante j'étais resté un long moment à contempler la scène. Pour la première fois de ma vie je contemplais quelque chose qui venait du plus profond de moi. Un millier de questions s'écrasaient sur les parois de mon crâne. C'était fracassant. Et cela me troublait. Je pense que c'est à ce moment même que j'avais saisi toute l'ampleur du moment. Soudain emprise de peur j'avais fermé et rouvert mes yeux rêveurs une centaine de fois, pour chasser à jamais son image.

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LyrikoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant