Aux pupilles amères,
Les songes s'y désaltèrent
Lyriko
C'était devenu systématique. Presque un rituel. À chaque fois qu'il pleuvait son souvenir me hantait. L'image de Lyriko était partout. Elle ravivait les sinistres battements de mon cœur. Il était dans chaque bruissement de nature trempé par l'orage. Dans le glissement de l'eau sur les vitres froides. Absolument partout.
J'avais fini par accepter sa présence . Et sans me l'avouer j'aimais cette sensation. C'était poétique de me dire que j'étais incapable de lui faire déserter mes pensées. Alors souvent je provoquai l'occasion : La douche devenait un ciel déchaîné, les pétales de fleurs se détachant des arbres une averse de fin d'été. Je savais que dans mes songes Lyriko serait là comme à son habitude arborant de même larmes incompréhensibles. J'avais compris grâce à lui le pouvoir immense que j'avais.
La puissance qui s'était dégagée de son existence m'avait prouvé que c'est nous, chacun de nous qui détenons le pouvoir dans les mondes que nous créons.
J'avais créé Lyriko. Je mourrais d'envie de le découvrir.
Quelques temps passèrent ainsi sans que je n'ose troubler le sommeil onirique dans lequel Lyriko était plongé. Je me sentais tel une lionne qui tourne autour de sa proie et l'observe. De rêves en rêveries où je visitais son monde, j'avais réussi à oser l'effleurer, le regarder, l'appréhender. Et c'est en plongeant mon regard dans le sien que j'avais vu comme pour la première fois. C'était comme une part de moi même, une part de toute l'humanité. Lyriko était sans aucun doutes un être que j'avais doté de lyrisme. Et plus je me m'habituais à son image plus une pensée trop métaphorique pour ne venir que de moi me parvenait. Et je me demandais : Si l'espace d'un instant je devenais cette pluie capable de réunir le ciel et la terre éternellement distant, se pourrait-il que la pluie de ses yeux à lui arrive à réunir les fragments parsemés de mon cœur ?
Lyriko. Maintenant qu'il existait, je le voulais réel. J'avais besoin qu'il parle. J'avais besoin que sa voix couvre le bruit dans ma propre tête. J'avais vu ses yeux, j'avais senti son odeur, découvert sa beauté. Il me fallait connaître son cœur.
Alors je m'étais enfin décidée. Non sans craintes. J'avais donc brisé notre intime silence par un simple mot. Son prénom. Un prénom qui me semblait dénué de vraisemblance et n'existait que dans le but égoïste de rendre l'irréel un peu plus réel. Je ne savais pas d'où il venait. Il s'écoulait juste de lui même de mes lèvres.
- " Lyriko ?" avais-je dis tremblante.
Mon ventre s'était resserré, mes pupilles écarquillées. Cette fraction de silence qui suivit souleva en moi un millier de questions : Aurais-je une réponse ? Vivrait-il ? Qu'allait-il répondre ? Tension. Il respira enfin, dans un bruit de tissu que l'on déchire. La vie insuffla dans chaque trait de sa peau. Ses larmes cessèrent tandis qu'il prenait vie. Je fus troublée en me remémorant que l'instant il était dénué de vie tandis que ses larmes se mouvaient. À lui seul il représentait une multitudes de contrastes.
Larmoyante mort d'une vie sans larmes
Il avait doucement quitter son état de dormance et me fixait. Et moi je soutenais ce regard en me noyant dans le bleu de ses yeux. Mes songes venaient en foules pour se désaltérer à ces gouffres amers. Défiant ma concentration il avait dicter avec soin :
- "Te voilà enfin, Kim".
Mes mains s'étaient arrêter de trembler.
L'écho de sa voix résonnait partout simultanément.
Un sourire habitait soudain mes lèvres.
Il n'avait pas eu besoin de réfléchir. Il savait déjà tout de moi et notre histoire commençait.
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Lyriko
SpiritualLyriko n'existe pas. Il n'est qu'une vague créatrice dans ma tête, inspirante à en crever. Il m'évoque le lyrisme des muses que je ne rencontrerais jamais. Pour dire la vérité, il est arrivé dans ma vie comme arriverait la mort. Je savais qu'il arri...