pensé que le fait d'avoir des enfants lui ferait oublier le chagrin causé par la mort de sa mère. J'ai
cru qu'être aimée et choyée la guérirait, mais je me suis trompé ; j'ai été dépassé. Pardonne-moi,
Nancy. »
Personne n'avait applaudi lorsque la Cour avait annulé la décision du jury. Le jugement avait été
cassé par la faute de deux femmes du jury surprises en train de commenter l'affaire Harmon dans
un bar, au beau milieu du procès, et qui affirmaient que Nancy était incontestablement coupable. Mais le temps d'ouvrir une seconde instruction, Rob Legler avait terminé ses études. Appelé sous les
drapeaux, il avait reçu sa feuille de route pour le Vietnam et déserté. Sans lui, l'accusation ne
pouvait plus rien faire et Nancy était libre. Mais le procureur avait juré de rouvrir le procès dès le
jour où il mettrait la main sur Rob Legler.
Durant les années passées au Canada, Rob avait souvent repensé au procès. Quelque chose le
tracassait dans toute cette affaire. Pour lui, il ne faisait pas un pli que Nancy Harmon n'était pas une
meurtrière. Elle avait été une cible facile pour le tribunal. Harmon ne l'avait pas aidée en
s'effondrant à la barre alors qu'il était soi-disant en train de la décrire comme une mère admirable.
Au Canada, Rob était une sorte de vedette aux yeux des objecteurs de conscience de son espèce
auxquels il avait parlé de l'affaire Harmon. À leurs questions sur Nancy, il avait répondu qu'elle était
drôlement bien roulée..., insinuant qu'il s'en était un peu occupé. Il leur avait montré les coupures
de presse du procès et des photos de Nancy.
Il leur avait raconté qu'elle devait posséder pas mal de fric - cent cinquante mille dollars hérités de
ses parents d'après les informations données au cours du procès - et que s'il arrivait à la retrouver, il
la forcerait à lui filer du pognon pour se tirer en Argentine.
Et la chance lui avait souri. Un de ses copains, Jim Ellis, qui était au courant du rôle de Rob dans
l'affaire Harmon, s'était débrouillé pour rentrer en douce chez lui afin de rendre visite à sa mère,
atteinte d'un cancer généralisé.
La mère vivait à Boston, mais le FBI surveillant sa maison dans l'espoir d'épingler Jim, elle avait
donné 124
rendez-vous à son fils dans un bungalow loué sur le la: Vlaushop. De retour au Canada, Jim laissa
éclater la nouvelle : Rob aimerait-il savoir où trouver Nancy Harmon Rob ne fut convaincu qu'après
avoir vu la photo que Jimmy était parvenu à prendre de Nancy sur la plage.
Impossible de ne pas la reconnaître. Jim avait fait quelques petites recherches du même coup ; il
s'était renseigné. Il avait appris que le mari jouissait d'une belle situation. Les deux jeunes gens
montèrent rapidement un coup. Rob irait voir Nancy ; il lui promettrait de partir en Argentine et
qu'elle n'entendrait plus jamais par-ier de lui comme témoin à charge si elle lui donnait cinquante