Chapitre 8

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    Marchant depuis au moins une dizaine de minutes, Perry suivait, à l'instar des autres, l'inconnu qui avait sauvé Alaric. Ce dernier était encore inconscient et il était allongée sur une sorte de charrette en bois que l'homme tirait. Il leur avait intimé de les suivre et avait évité leurs questions en se contentant de dire « Plus tard. Si on ne se dépêche pas, votre ami est perdu ». Ce qui n'était pas entièrement faux. Elle ne savait même pas où ils allaient, et certes, il avait défendu Alaric au risque de sa vie, mais pouvaient-ils leur faire confiance ? Et puis, l'agilité avec laquelle il avait manié son couteau et avec laquelle il s'était déplacé l'avait fasciné malgré elle.

- Ça va ?

Elle se tourna vers Wade qui marchait à côté d'elle, et se contenta de hausser les épaules, ne sachant quoi répondre. Dire oui serait mentir effrontément, et prétendre le contraire la ferait passer pour une gamine qui se plaignait. Elle éclata soudain de rire et son ami la regarda comme si une deuxième tête lui poussait sur les épaules.

- Me regarde pas comme ça, dit-elle une fois calmée, je me suis fait rire toute seule.

- Comment ça ?

- Je me prends la tête pour rien, je crois que c'est la fatigue qui me fait faire n'importe quoi. Et pour te répondre, non ça va pas, tu crois qu'Alaric va s'en sortir ?

Le jeune homme jeta un œil au pilote devant eux et soupira.

- Je sais pas, j'espère que cet étranger n'est pas un psychopathe, mais il a l'air de savoir ce qu'il fait et à mon avis, il est le seul capable de le soigner. Il a l'air de savoir ce qu'il fait.

Perry observa l'homme et admit que Wade avait raison. Il avait l'air de connaître les environs, peut-être même qu'il y habitait, songea-t-elle un instant avant de secouer la tête. Bien sûr que non, il n'habitait pas ici. Qui vivrait dans une forêt, sérieusement ? Cependant, elle avait entendu Mike et Mila dire qu'ils l'avaient croisés la veille quelques heures avant qu'ils ne les rejoignent au New Blackburn. Soit il faisait une randonné, soit il résidait vraiment dans ce trou perdu.

Le reste du trajet se fit silencieusement, chacun inquiet du sort de leur ami et de ce qui les attendait. Ils longèrent un petit ruisseau bordé de fleurs de différentes couleurs, au moment où un brouillard sombre apparu devant le petit groupe. Tout d'abord il se fit léger, mais plus ils avançaient et plus il devint dense.

L'étranger s'arrêta soudain, tendu. Il reposa la charrette et plaça ses mains près de ses poignards. Il observa la brume avec méfiance, laquelle se mit à tournoyer autour d'eux, jusqu'à ce qu'apparaisse une forme humaine  au loin parmi le brouillard. C'était la silhouette d'un homme costaud, très grand, mais personne ne pouvait vraiment voir à quoi il ressemblait vraiment. Il leva une main et la température changea instantanément. Un vent glacial s'infiltra sous les vêtements fins de Mila, Anna, Perry et des garçons. Le froid n'atteignait pas seulement leurs corps, mais cela anesthésiait également leurs émotions, leurs souvenirs, jusqu'à ce qu'ils ne deviennent plus que des loques, des ombres ambulantes. Puis, la silhouette baissa son bras , et aussi vite que c'était apparu, le vide laissa place au tout, à la chaleur, aux émotions, et ils redevinrent eux-mêmes.

L'étranger fixa la silhouette qui s'eloigna, furieux. Il se mit à l'insulter, puis soupira en se passant une main sur la mâchoire. Néanmoins, il se reprit vite en observant le corps toujours inanimé d'Alaric. Il se remit en marche en tirant la petite charrette.

- C'était quoi ça ?

Il se remit en marche en tirant la petite charrette, sans un regard pour Anna qui avait crié.

The New BlackburnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant