Aurae et Arun sont présentement en route vers un brasier au Sud à bord d'un chariot tiré par un cheval. Aurae tient les rênes tandis que le père se repose à l'arrière. Allongé entre les caisses de vivres, Arun observe le ciel et les nuages blancs comme ses cheveux dégarnis. Il porte la tenue traditionnelle des prêtres d'Imara, un long manteau blanc couvert de prières en lettres dorées et un pendentif de pierre blanche en forme du soleil. Aurae est vêtu d'une robe similaire. Le soleil levant dans le visage, elle garde une main levée pour protéger ses yeux bleus des rayons de lumière.
Prévoyant du danger sur la route, le prêtre a convaincu quatre soldats Xilfiel de les escorter. À la recommandation d'Aurae, un d'eux est son frère aîné, Ilphas Xilfiel Araynore. Ilphas est soldat depuis deux ans. Par dessus son manteau de prêtre, il porte un plastron en cuir. Sa cervelière en fer, son bouclier et son épée sont dans le chariot avec l'équipement des autres soldats. Il semble avoir pris beaucoup d'expérience et s'être endurci depuis son initiation. Bien qu'Ilphas et Aurae soient dans une église différente, ils sont restés très proches. Regagnant fréquemment le foyer familial des Araynore pour voir père, mère, frères et soeurs. Leur père, Durlan Araynore a beaucoup de succès en tant que marchand à la capitale. Il a été surpris quand deux de ses enfants ont décidé de devenir religieux. Même la plus jeune, Esta, a montré de l'intérêt à rejoindre Aurae cher les Oloven.
Le groupe traverse un village éloigné de la capitale, ce sera leur dernier contact avec la civilisation jusqu'à la frontière. Les humains évitent de s'installer trop près des bordures du pays par crainte du brouillard noir. Les maisons ici sont plus modestes qu'en ville, les bâtiments sont construits uniquement en terre. C'est une communauté de cultivateurs. La plupart des habitants sont déjà dans les champs avant le lever du soleil. Les passants qui croisent les prêtres les approchent avec des bougies et quémandent des miracles de lumière. Les flammes produites par ces prières peuvent subsister plusieurs semaines en fonction de la foi de son créateur. Ce prodige est également un des rites de passage afin de devenir un prêtre d'Imara. Une nouvelle recrue doit allumer un cierge court par la force de sa foi et celui-ci doit brûler au moins une semaine. La lumière sacrée apparaît dans la paume de la main, au contact avec l'extrémité du cierge, le prêtre souffle doucement pour y produire une flamme. Une fois l'exploit accompli, la recrue entre officiellement dans sa nouvelle famille cléricale.
À la sortie du village, Aurae se fie à l'astre solaire, haut dans le ciel, pour déterminer qu'ils arriveront au grand brasier à la tombée de la nuit, comme prévu. Plus on s'éloigne de la capitale, plus la région devient montagneuse. La route devient sinueuse et plus étroite. En approchant la frontière, le terrain prend une pente descendante sur plusieurs kilomètres permettant d'observer le voile de ténèbres qui enveloppe le pays. Le groupe suit le chemin, discutant tout le long du trajet.
La température chute rapidement. La journée s'achève et il fait de plus en plus froid en approchant du brouillard sombre. La végétation se fait plus rare. Le silence environnant est déstabilisant, aucun animal ne s'aventure jusqu'ici. Au loin, à la lisière entre l'ombre et la lumière, le brasier émet une lumière ardente repoussant l'obscurité qui tente en vain de s'infiltrer sur les terres humaines. Située sur une large butte, la flamme est visible de loin. À côté du brasier, une tour de pierre sert de logement pour les prêtres qui viennent entretenir le feu.
Dès qu'il aperçoit la flamme, le père Arun se lève au centre du chariot turbulent. En prenant soin de garder son équilibre, il simule de caresser le feu distant de ses mains. Aussitôt, les six voyageurs ressentent la chaleur gagner leur corps. Ils se doutent que cela est dû aux gestes du prêtre. On croirait même que le soleil a décidé de repousser son coucher le temps qu'ils arrivent à leur destination. Le père sourit et malgré le prodige qu'il vient d'accomplir, il grelotte toujours. Il s'enveloppe d'une couverture qu'il trouve dans le chariot jusqu'à la fin du trajet.
Le temps passe et la nuit se lève. Le cheval s'arrête en face d'une colline escarpée. Un mur de brouillard noir épais enlace la moitié de la butte puis s'arrête, comme repoussé par une force invisible. Pour monter, il faut emprunter un escalier qui mène jusqu'au brasier. Le cheval et le chariot devront rester en bas. Le matériel sera transporté par les soldats en trois voyages alors que le prêtre et la prêtresse les éclaireront avec un miracle de lumière. Aurae est au pied de l'escalier, une lumière blanche entre ses deux mains éclaire sur quelques mètres. Arun rejoint les soldats pour éclairer l'arrière. Il en profite également pour décider du matériel à amener en priorité.
L'ascension se fait rapidement, personne n'a envie de passer la nuit à monter et descendre les escaliers. De plus, le prêtre d'Oloven responsable de la flamme les attend au sommet. Il doit être impatient que ses remplaçants lui permettent de retourner à la capitale se reposer. En arrivant au sommet, bien éclairé, la première chose que l'on voit est le grand brasier éblouissant de sa lumière divine. À sa droite, la petite tour du gardien se tient droite et malgré le feu, elle ne produit pas d'ombre derrière elle. Le brasier d'Imara ne créer que de la lumière et celle-ci passe au travers les objets entourant. La seule exception est le brouillard de la divinité ténébreuse. Comme un océan sombre, des vagues noires se brisent aux limites de la colline constamment repoussées par la volonté d'Imara.
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Les Hautes-Terres d'Oloven
FantastiqueLe monde est recouvert par un brouillard toxique pour l'humanité. Une panoplie de créatures malfaisantes s'y cache et projette d'asservir le peu d'êtres humains qui ont échappé à la mort. Les Hautes-Terres d'Oloven, le dernier royaume humain résiste...