Chapitre 5 : La Salle des Tortures

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C'est alors que l'homme poussa mon frère de toutes ses forces pour le faire tomber. Au moment où sa tête heurta le sol, un gros BOOOUUUUMMMM me fit sursauter d'effroi, tandis qu'un flot de sang coulait du visage bien amoché de Kaï. Je voulais intervenir, mais je savais que cette grosse brute n'allait faire qu'une bouchée de moi. Je ne pouvais rien faire face à cet énorme tas de muscles. C'est pour cela que je me retins, malgré l'irrésistible envie de me venger, qui me tenaillait. Je détestais me sentir impuissante, pourtant c'était bel et bien le cas. N'ayant rien d'autre à faire, je décidai d'observer la scène, aussi horrible soit-elle.

Puis, l'homme releva mon frère qui était à demi inconscient et l'assit le plus brusquement possible sur une chaise. Soudain, j'entendis un hurlement qui fit glacer mon sang dans mes veines, je me rendis compte que c'était Kaï qui criait. Cette insupportable douleur l'avait bel et bien réveillé. Pourquoi criait-il ainsi ? Que lui avait fait cet homme dont la cruauté dépassait largement mes plus horribles prédictions ? C'est alors que je remarquai une énorme flaque de sang qui de loin ressemblait à une tache sombre sur le sol. D'où venait-il ? Je devais me rendre à l'évidence : c'était celui de mon frère. Quelle quantité en avait-il perdu ? Ne lui laissant aucun répit, la brute redoubla de violence. Il sortit de sa poche un couteau aux dents acérées et commença à le mutiler. Quand il traça le premier trait, mon frère laissa échapper un cri de souffrance, bien qu'il ne veuille pas se montrer faible devant l'ennemi. Le sang qui s'écoula de ses bras agrandit encore la tache sur le sol. S'il continuait à en perdre, il risquerait d'avoir des séquelles irréversibles. Je priais de toute mon âme pour que ça ne soit pas le cas. Malgré la douleur, Kaï réussit à articuler ces quelques mots :

« Arrête ! N'ai-je pas assez souffert ?!
- Non ! J'arrêterai de te torturer quand tu feras ce que je t'ordonne, comme, pour commencer de me livrer ta sœur, gronda t-il
-Non ! Jamais ! Plutôt mourir !
- Tu l'auras voulu ! Tu souffriras encore ! Moooouuuaaahahhhaaaah ! »

J'étais très touchée par ce qu'avait dit mon frère. Ça signifiait que je comptais pour lui. Mais d'un côté, j'étais très inquiète. Jusqu'où allait-il aller ? Jusqu'à que mort s'en suive ? En plus, j'avais le pressentiment que ce n'était pas la première fois que Kaï se faisait torturer de la sorte. D'ailleurs, c'était en partie à cause de moi.

Puis, il déposa sa victime sur une sorte de grande table d'opération. Qu'allait-il lui faire cette fois ? L'homme prit une seringue remplie d'un produit rouge vif et le piqua. J'avais déjà vu ce liquide quelque part, mais où ? En tout cas, j'avais la certitude qu'il nous donnait des hallucinations, plus horribles les unes que les autres. Ça nous faisait affronter nos plus grandes peurs. Je ne savais pas comment je pouvais savoir tout cela, mais ça devait avoir un lien avec mon passé. Quelles étaient les peurs de Kaï ? Je ne le savais pas, mais elle devaient être intenses vu les hurlements qu'il poussait. Pendant près de ce qu' il me sembla être dix minutes, il ne cessa de crier. Cette souffrance additionnée à toutes les autres le faisaient délirer : on aurait dit qu'il avait de la fièvre. D'ailleurs, c'était sûrement le cas, avec tout ce qu'il avait enduré en si peu de temps. Puis, au moment où je m'y attendais le moins, l'homme le frappa à la tête avec un objet que je ne parvins pas à identifier. Sous le choc, mon frère s'effondra, assommé. La brute laissa échapper un rictus malfaisant en regardant sa victime. Je me rendis compte que le calvaire était loin d'être terminé.

 Ensuite, il souleva mon frère, sans douceur, le posa sur son épaule et se dirigea vers la porte derrière laquelle j'étais tapie. De peur qu'il découvre que j'avais observé toute la scène, je cherchai une cachette en vitesse. Heureusement pour moi, il y avait une fenêtre, cachée par deux longs rideaux qui touchaient le sol, à quelques mètres d'ici. Je venais juste de me faufiler derrière eux, que l'homme tourna la poignée de la porte et sortit de ce que j'appelais " La Salle des Tortures ". 

Quand il fut suffisamment éloigné, je m'éclipsai de ma cachette pour le suivre. Priant pour qu'il ne se retourne pas, j'avançais avec prudence, mais aussi avec détermination. Il franchit couloirs et portes à grandes enjambées. Je devais parfois presque courir pour ne pas le perdre de vue. L'homme semblait très bien connaître les lieux, car il savait parfaitement quel chemin prendre. Un peu plus de cinq minutes plus tard, il s'arrêta enfin dans une petite chambre qui contenait seulement un lit, une armoire et une petite commode. La pièce aux murs rose pâle presque blancs, semblaient ironiques, à côté du reste du manoir plutôt de couleur sombre. Puis, il posa mon frère, toujours inconscient, sur le lit, d'une manière très délicate. Où était passée la brute de toute à l'heure ? J'avais la nette impression que cette pièce le changeait. Il se dirigeait vers la porte, laissant Kaï, seul. Mais au moment où il tourna la poignée de la serrure, je laissai échapper par inadvertance un petit hoquet. Il se tourna alors dans ma direction et m'aperçut.

 Je m'attendais au pire ...

Mon sombre passé { En Pause et Réecriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant