Chapitre 7 : La pièce maléfique

60 12 15
                                    


J'attendais... J'attendais que les cris d'agonies dans ma tête s'éteignent. J'attendais que mon frère délirant se réveille. J'attendais que mes sombres pensées s'arrêtent de fuser. J'attendais que mon corps engourdi se libère de ses entraves. J'attendais que mes yeux vaporeux cessent de broyer du noir. Et par dessus tout, j'attendais le moment où je pourrais me venger de celui qui est mon père. J'attendais ...

Les minutes passèrent, puis les heures. Kaï dormait toujours, d'un sommeil agité, comblé de cris de douleur. De la sueur perlait sur son visage, le résultat de sa fièvre. Son front était brûlant. Il délirait. J'avais conscience qu'Erwan avait sa vie entre les mains. S'il avait voulu le tuer, il l'aurait fait. Il ne voulait donc pas qu'il meure. Peut être lui restait-il une minime part d'humanité ? Mais, ça signifiait aussi qu'il était conscient de ses gestes. Il était fou. Vraiment fou. Un mal de crâne insupportable mit fin à mes pensées. Entre mon père drogué, mon frère délirant et moi, c'était pas la joie. La douleur se fit plus intense encore, je peinais à tenir debout. Tandis que je m'affalais contre un mur, une voix criarde souffla à mon oreille :

" C'est moi. Tu ne pourras pas me fuir longtemps. Le temps finira par te rattraper. "

Puis plus rien. La douleur était partie, aussi vite qu'elle était apparue. Je délirai moi aussi ? Non ! Cette voix était bien réelle, et elle essayait de me prévenir de quelque chose. Peut être d'un danger qui me guette ? En tout cas, j'avais la certitude que ça avait un rapport avec cette pièce. Je voulais que mon frère se réveille, pour des raisons égoïstes je le sais. J'étais très impatiente, j'éprouvais le besoin qu'il me révèle l'étrangeté de cette pièce. De plus, l'ennui profond que je ressentais faisait surgir des idées noires dans ma tête. Je n'avais qu'une seule envie : faire subir à mon père ce qu'il avait fait subir à mon frère. Depuis quand avais-je soif de vengeance ? Si je pensais à le torturer, je ne valais guère mieux que lui. Ce ne serait pas cette pièce qui me rendait folle à près tout ? Il fallait absolument que je sorte, même quelques instants. J'essayais de me lever, mais cette pièce m'enserrait comme un étau. J'étais prisonnière. Autour de moi, l'air se fit plus lourd. Un poids compressait ma poitrine. Je ne pouvais plus respirer. Mes yeux se révulsèrent, puis plus rien... Le néant... Les ténèbres... L'apocalypse ...

Je fus réveillée par la lumière du jour à travers les rideaux. Où étais-je ? Quand j'eus fini d'émerger, je reconnu la chambre où j'avais revu Kaï pour la première fois. D'ailleurs, où était-il ? Si je m'étais réveillée là, quelqu'un m'y avait forcément déposé. Mais si c'était mon frère qui l'avait fait, comment ? Aux dernières nouvelles, il était souffrant, endormi depuis des heures. Combien de temps était-je restée inconsciente ? Quelques heures ? Je commençais vraiment à ressentir la faim. Prise par le cours des événements, je ne m'étais pas rendue compte que j'avais dû louper plusieurs repas. C'est alors que j'entendis des pas dans le couloir. C'était sûrement Kaï. Il ouvrit la porte. Même s' il avait l'air d'aller mieux, je pouvais voir qu'il était encore faible.

« Tu es enfin réveillée.
- Je suis restée inconsciente pendant combien de temps ? lui demandai-je
- Plus de 2 jours.
- Quoi ! Aussi longtemps que ça ?! m'exclamai-je
- Oui »

Sur ce, nous descendîmes manger. Mon frère avait préparé un bon poulet avec des pommes de terres rissolées. J'avais tellement faim que je mangeai comme quatre ; Kaï, quant à lui, se contenta de peu. Son estomac avait encore du mal à assimiler la nourriture. Une fois rassasiée, je lui demandai des explications sur la petite pièce aux murs roses :

« Cette pièce est maléfique ou bénéfique ; tout dépend du point de vue. Si quelqu'un de mauvais y entre, il devient bon et oublie sa personnalité pendant un court instant. Par contre, si une personne gentille y va, ses pensées s'assombrissent. Elle ne pense plus qu'à se venger. C'est pour cela qu'il vaut mieux ne pas y rester trop longtemps. »

Voilà pourquoi, notre père avait si brusquement changé de personnalité. Et voilà pourquoi, j'avais envie de vengeance tout à coup.

« Quelle est l'origine de cette malédiction ? le questionnai-je
- Ça je n'en sais rien, c'est un mystère qui attend d'être découvert ».

Mon sombre passé { En Pause et Réecriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant