Chapitre 9

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J'ai entendu sa voix à l'autre bout du couloir. Je me demande bien ce qu'il veut.

- Oui ?

- Viens dans ma salle cinq minutes, s'il te plaît.

Je le suis et entre dans sa classe. Je ne comprends rien.

- Voilà, hier matin, Axelle et moi étions convoqués dans le bureau du proviseur pour...discuter. Axelle a avoué pour la vidéo...

- Je sais, ou veux-tu en venir exactement ?

- Il m'a viré.

- Quoi ? Non, ce n'est pas possible. Alors comme ça tu m'abandonne ? Juste au moment où ma réputation de « fille facile » commence dégénérer. Tu le fais exprès c'est ça ? En fait, c'est toi qui as démissionné pour ne plus avoir à supporter les commérages autour de nous. Au moment même où cette photo a été mise sur internet tu t'es dit « Voilà le moment que j'attendais, une excuse supplémentaire pour quitter ce bahut et cette petite garce, c'est le moment propice ! » Pourquoi tu me laisse toute seule ? Hein ? Vas-y dis-moi la vérité.

Je pleure.

- Écoute, je t'assure que je n'ai rien fait pour que tout cela arrive mais c'est arrivé, comme la vidéo et cette photo. Je voulais te tenir informé en personne, je ne voulais pas que tu l'apprennes à travers quelques rumeurs. Mais crois-moi, je ne t'abandonne pas. Par ailleurs, je pense que la décision qu'a prise le proviseur est la plus raisonnable qui puisse être. Je ne veux pas que le reste de ton année on te montre du doigt dès que tu viens à un de mes cours ou simplement lorsque nous nous voyons dans les couloirs. Je pense que dans tous les cas, je l'aurai fait, pour toi.

- Comment ça pour moi ? Je n'ai aucun de compte à te rendre d'accord !

Une vague de colère émerge de moi en même temps qu'un sentiment de tristesse mêlé à de lac détresse. Pourquoi moi je ne peux pas partir ? C'est de ma faute tout ça. Je ne veux pas qu'il s'en aille. Non seulement c'est un excellent professeur mais en plus je me suis promis d'arrêter ce petit jeu avec lui. Finis de le regarder en cours, de penser à lui à chaque seconde, de chaque heure, de chaque jour.

- Je comprends mais je n'ai pas le choix, le proviseur a été clair, je risque très gros si quelqu'un divulgue la vidéo ou la photo et que je finisse par passer à la télévision. Pour l'instant, seul les personnes du lycée les ont vus mais dans pas longtemps ce sera la ville tout entière. Tu comprends ?

- O.K c'est bon, laisse tomber. Je dois y aller, j'ai cours.

Je m'en vais sans me retourner et ferme la porte derrière moi. Je n'ai pas envie d'assister au cours de madame Grimwilde. Je prends le premier bus qui peut me ramener chez moi. En chemin j'aperçois Axelle « Non pas elle », je pense. Je croise son regard et lance :

- Je sais que c'est toi pour la photo. Ne pense pas t'en tirer comme ça.

Puis je continue comme si de rien était. Toutefois, j'entends ses talons se retourner après que je sois passée.

- Lawrence, de quoi tu parles ?

- Tu sais très bien arrête de nier comme la dernière fois. On sait tous que c'est toi.

- Sincèrement, non, je ne vois pas. Quelqu'un à encore mis quelque chose sur internet ?

Dans sa façon de parler, elle a l'air sincère.

- Tatiana, quoi qu'il s'est passé sur les réseaux, je ne suis pas concernée, crois-moi. Je suis déjà virée trois jours à partir de demain à cause de la vidéo, le proviseur ne m'a finalement pas épargnée. Sincèrement, sur un dossier scolaire, un renvoie cela ne fait pas bonne impression, je ne souhaite donc pas m'attirer plus d'ennuis.

- Très bien. Ton argument tient la route. Mais alors qui d'autre aurait pu faire une chose pareil, à part toi ?

- Je te remercie... à vrai dire, je ne vois pas non plus. Personne n'aurait assez de courage pour faire une telle chose.

- Oui, pour une fois je suis d'accord avec toi. Il faut trouver qui a fait ça et le dénoncer le plus vite. Je ne veux pas que quoi que ce soit d'autre retombe sur M.Akermann, il a déjà bien assez de problème comme ça.

-  D'accord, je pense que tu as raison. Sache qu'un nouveau professeur vient le remplacer à partir de la semaine prochaine. Ne jette pas ton dévolu sur lui cette fois.

Je la regarde sourire méchamment.

- Pourquoi dois-tu me dire cela ? Je ne suis pas assez idiote pour recommencer. Et puis surtout, M.Akermann n'est pas un professeur comme les autres. Je le sais, je le sens. Il est différent, dans le bon sens du terme bien sûr.

- Oui, blablabla... n'empêche que si je te dis ça, c'est parce que mon père m'a annoncé qu'en ce moment il devenait difficile de trouver un professeur remplaçant. Donc si le prochain se fait renvoyer, il sera difficile d'en trouver un troisième.

Son père travail dans l'éducation. Axelle ne précise jamais exactement le métier que celui-ci exerce mais nous savons qu'il occupe un poste important.

- Oh, je vois, je réponds simplement.


L'Amour n'a pas d'âgeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant